[35,8] Ποῖ τὶς τράπηται; τίνα εὕρῃ ἐκεχειρίαν; ποίαν
Ὀλυμπίαν; τίνα Νεμέαν; Καλὰ μὲν τὰ Ἀθήνησιν Διονύσια
καὶ Παναθήναια, ἀλλὰ ἑορτάζουσιν μισοῦντες
καὶ μισούμενοι· πόλεμόν μοι λέγεις, οὐχ ἑορτήν. Καλαὶ
καὶ ἐν Λακεδαίμονι αἱ Γυμνοπαιδίαι, καὶ τὰ Ὑακίνθια,
καὶ οἱ χοροί· ἀλλὰ Ἀγησίλαος Λυσάνδρῳ φθονεῖ, καὶ
Ἀγησίπολις Ἄγιν μισεῖ, καὶ Κινάδων τοῖς βασιλεῦσιν
ἐπιβουλεύει, καὶ Φάλανθος τοῖς ἐφόροις, καὶ Παρθενίαι
Σπαρτιάταις· οὐ πιστεύω τῇ ἑορτῇ, πρὶν τοὺς
ἑορταστὰς ἴδω φίλους. Οὗτος ἀληθινῆς ἐκεχειρίας νόμος
καὶ τρόπος, ὑπὸ νομοθέτῃ τῷ θεῷ τεταγμένος, ὃν
οὐκ ἔστιν μὴ κτησάμενον φιλίαν ἰδεῖν, οὐδ´ ἂν πολλάκις
τὶς σπείσηται, οὐδ´ ἂν πολλάκις ἀναγράψηται τὰ
Ὀλυμπιάσιν, καὶ Ἰσθμοῖ, καὶ Νέμεα. Εἴσω δεῖ ἐπὶ
τὴν ψυχὴν τὸ κήρυγμα ἐλθεῖν, εἴσω τὴν ἐκεχειρίαν·
ἕως δὲ ἄσπονδος καὶ ἀκήρυκτος ὁ ἐν ψυχῇ πόλεμος,
ἄφιλος ἡ ψυχὴ μένει, ἐχθρά, σκυθρωπή. Ταῦτα αἱ
Ποιναί, ταῦτα αἱ Ἐρινύες, τὰ δράματα, αἱ τραγῳδίαι.
Διώκωμεν τὴν ἐκεχειρίαν, παρακαλῶμεν φιλοσοφίαν·
ἡκέτω, σπενδέσθω, κηρυττέτω.
| [35,8] VIII. De quel côté donc se tourner ? Où trouver au moins quelque trêve ? Où
seront nos Jeux Olympiques ? Où aurons-nous des Jeux Néméens ? Sans
doute, on célèbre à Athènes avec un grand éclat les fêtes de Bacchus et les
Panathénées. Mais au milieu de ces fêtes, les Athéniens se haïssent les uns les
autres. C'est une guerre, ce ne sont point des fêtes. C'est aussi un beau coup d'œil à
Lacédémone de voir les jeunes gens dans leur nudité, au milieu de leurs jeux, de leurs
danses, de leurs exercices. Mais Agésilas y est jaloux de Lysandre, Agésipolis y est
l'ennemi d'Agis, Kinadon y tend des embûches aux Rois Phalante aux Éphores, les
Parthéniens aux Spartiates. Je n'ai nulle foi aux fêtes, jusqu'à ce que je voie les sentiments
affectueux régner entre ceux qui les célèbrent. Voilà la véritable loi, la véritable
stipulation de la trêve, dont les Dieux eux-mêmes ont été les régulateurs, à laquelle
resteront constamment étrangers ceux qui ne possèdent pas les sentiments qui en
sont la hase, quand même ils multiplieraient les libations, quand même ils se feraient
inscrire plusieurs fois aux Jeux Olympiques, Isthmiques, ou Néméens. Il faut que la
voix des hérauts proclamateurs de la trêve pénètre jusque dans l'intérieur de l'âme.
Tant que la guerre qui y a son siège n'éprouve point les effets de cette proclamation,
l'âme se maintient dans le même état d'aliénation, d'animosité, de haine. De là, les
Déesses chargées du châtiment des forfaits, de là les Furies, de là les sujets des
représentations théâtrales, de là les tragédies. Attachons-nous donc à mettre un terme
aux hostilités. Appelons la philanthropie à notre secours : qu'elle vienne, qu'elle règle
les conditions du traité, qu'elle en proclame le résultat.
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