[35,7] Σπάνιον δὲ τὸ κτῆμα τοῦτο· τὸ δὲ εἴδωλον αὐτοῦ
πρόχειρον καὶ παντοδαπόν, κολάκων ἐσμοὶ καὶ θίασοι,
σεσηρότων καὶ σαινόντων, καὶ
ἐπ´ ἄκρᾳ τῇ γλώττῃ τὸ φιλεῖν ἔχουσιν·
οὐχ ὑπ´ εὐνοίας ἀγομένων, ἀλλ´ ὑπὸ τῆς χρείας ἠναγκασμένων·
καὶ μισθοφόρων, ἀλλὰ οὐ φίλων· καὶ οὐκ
ἔστιν ἀπαλλαγὴ τοῦ κακοῦ, μέχρις ἂν ὠ〈φελοῦν〉 τὸ
φιλεῖν νομίζωσιν· τὸ δὲ ἔστιν μέν, ἀλλ´ οὐχ ὁρῶσιν
οἱ πολλοὶ τὴν ἀντίδοσιν, οὔτε ἰδίᾳ, οὔτε κατὰ πόλιν·
ἦ γὰρ ἂν αὐτοὺς ἐξοπλίσαντες, καὶ χαίρειν φράσαντες
στρατηγῶν τέχναις, καὶ ὁπλοποιῶν δημιουργίαις, καὶ
μισθοφόρων ἀθροισμῷ, καὶ συνθημάτων παραδόσει,
καὶ φρουρίων ἐπιτειχίσει καὶ στρατοπέδων, πάλιν ἐδέξαντο
ἂν τὰς σπονδὰς ἑκόντες παρ´ αὐτοῦ τοῦ Διός,
οὐκ ἐν Ὀλυμπίᾳ, οὐδὲ ἀπὸ τοῦ Ἰσθμοῦ τὴν ἐκεχειρίαν
κηρύττοντος, ἀλλ´ ἐξ οὐρανοῦ μέγα βοῶντος·
σχέσθε, φίλοι, καὶ μ´ οἶον ἐάσατε, κηδόμενόν περ,
σώζειν ὑμᾶς, καὶ μὴ περιορᾶν ὑπ´ ἀλλήλων κακουμένους.
Νῦν δὲ ἐφημέρους σπονδὰς σπενδόμενοι, τριακοντούτιδας,
ἀνάπαυλαν κακῶν ἐπορίζοντο ἀμυδρὰν καὶ οὐ
πάντῃ ἀσφαλῆ, μέχρις ἂν ἄλλη πρόφασις ἐπιπεσοῦσα
πάντα ἄνω καὶ κάτω ἐπιταράξῃ αὖθις. Ἀλλὰ κἂν τὰ
ὅπλα ἀποδύσωνται, κἂν εἰρήνην ἄγωσιν, ἄλλος αὖ
πόλεμος ἐμπεσὼν τῇ ψυχῇ, οὐ δημόσιος, ἀλλ´ ἰδιωτικός,
οὐ σιδηροφόρων, οὐδὲ πυρφόρων, οὐδὲ νηΐτην ἄγων
στρατόν, οὐδὲ ἱππικόν, ἀλλὰ γυμνὸς ὅπλων, ἀσίδηρος,
ἄπυρος, λυμανεῖται τῇ ψυχῇ, καὶ πολιορκεῖ αὐτήν,
ἐμπιμπλὰς φθόνου καὶ ὀργῆς καὶ θυμοῦ καὶ προπηλακισμοῦ
καὶ ἄλλων μυρίων κακῶν.
| [35,7] VII. Il est rare sans doute ce bien-là, tandis qu'on voit de tous les côtés, et sous
mille diverses formes, ce qui n'en est que le simulacre, l'adulation avec le nombreux
essaim, le long cortège de ses ricaneries, de ses flagorneries, de ses bassesses,
ayant toujours sur le bout des lèvres le langage des plus affectueux sentiments, réglé,
non d'après les impulsions de la bienveillance, mais calculé sur l'impérieuse loi de
l'intérêt personnel ; non marqué du sceau des affections généreuses, mais empreint
du cachet des affections mercenaires. Il ne faut pas même espérer de remède à ce
mal tant que les hommes ne trouveront pas leur plus grand bien dans l'activité des
sentiments d'une affectueuse bienveillance. C'est bien là sans doute qu'il réside,
mais le plus grand nombre ne le voit, ni sous le rapport public, ni sous le rapport privé.
Car s'ils le voyaient, certes ils mettraient bas les armes, ils congédieraient leurs
Généraux, ils fermeraient leurs ateliers d'artillerie, ils licencieraient leurs soldats, ils
n'auraient plus besoin de drapeaux, ils ne construiraient plus de forteresses, ils ne
traceraient plus de lignes de circonvallation, ils stipuleraient d'eux-mêmes un nouveau
traité de paix, sous les auspices de Jupiter, qui ne proclamerait point la cessation des
hostilités dans les Jeux Olympiques, ni dans les Jeux Isthmiques, mais qui crierait du
haut de l'Olympe : « Laissez, mes amis, laissez-moi sortir seul, quoique je vous donne
beaucoup de sollicitude» ; que je coure vous sauver, et que je ne souffre pas plus
longtemps que vous vous exterminiez les uns les autres. Mais les hommes sont
en possession de ne faire que des trêves éphémères, des trêves de trente années. Ils
ne donnent à leurs calamités que des relâches courts et très peu solides, jusqu'à ce
qu'un nouveau prétexte se présente pour tout bouleverser de nouveau. Posent-ils les
armes, font-ils la paix, un nouveau genre de guerre s'empare de leur âme. Ce n'est
point une guerre publique, c'est une guerre privée. Il ne s'agit point d'une armée qui
porte le fer et la flamme, ni de forces navales, ni de cavalerie, c'est une guerre à
laquelle les armes, le fer et le feu restent étrangers, mais qui attaque l'âme, qui la
saccage, qui la remplit d'envie, d'animosité, de colère, d'acharnement, et de mille
autres maux.
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