[35,2] Εἶεν· οὕτω σοι τὰ τοῦ Διὸς ἔχει. Τὰ δὲ τῶν
ὁμοίων τῷ Διὶ ἆρ´ ἡγεῖ ἄλλῃ πη ἔχει; ἢ οὐχ ὁρᾷς,
ὡς οὐδὲ τὸν Σαλμωνέα εἴκασαν οἱ ποιηταὶ αὐτῷ,
καίτοι κερανοὺς ἀφιέντα, ὡς ᾤετο, καὶ μιμούμενον
τὸν βροντῶν κτύπον καὶ τὸ ἀστραπῆς φῶς; ἀλλὰ ταῦτά
γε ὁ Σαλμωνεὺς δρῶν, ὅμοιος ἦν Θερσίτῃ μιμουμένῳ
τὸν Νέστορα. Πῶς οὖν γένοιντ´ ἂν ὅμοιοι ἄνθρωποι
Διί; Μιμούμενοι αὐτοῦ τὸ σωστικὸν καὶ φιλητικὸν καὶ
πατρικὸν δὴ τοῦτο. Αὕτη θνητὴ πρὸς θείαν ἀρετὴν
ὁμοιότης, ἣ παρὰ μὲν θεοῖς καλεῖται θέμις, καὶ δίκη,
καὶ ἄλλ´ ἄττα μυστικὰ καὶ θεοπρεπῆ ὀνόματα· παρὰ
δὲ ἀνθρώποις φιλία, καὶ χάρις, καὶ ἀλλ´ ἄττα προσηνῆ
καὶ ἀνθρωπικὰ ὀνόματα. Ἐνδεέστερον δὲ δὴ τὸ ἀνθρώπειον
τῆς θείας ἀρετῆς, τά τε ἄλλα, καὶ κατὰ
φιλίας ἔκτασιν· οὐ γὰρ ἐξικνεῖται ἡ θνητὴ φύσις ἐπὶ
τὸ ὅμοιον πᾶν, ἀλλ´ ὥσπερ αἱ τῶν βοσκημάτων ἀγέλαι,
οἰκειοῦται τῷ ξυννόμῳ μόνον· ἀγαπητὸν δὲ εἰ καὶ τούτῳ
παντί. Νῦν δὲ ἴδοις ἂν ἐν ἀγέλῃ μιᾷ, ὑπὸ ποιμένι
ἑνί, στάσεις πολλὰς καὶ διαφωνίας κυριττόντων ἀλλήλους
καὶ διαδακνόντων, μόγις ὄντά που ζώπυρα εἰς
βραχὺν ἀριθμὸν φιλίας σαφοῦς ξυνεληλαμένα. Σιτία
μὲν καὶ ποτὰ καὶ ἀμπεχόνας, καὶ ὅση ἄλλη χρεία σωμάτων,
πορίζονται οἱ ἄνθρωποι ἀμοιβῇ καὶ ἀντιδόσει
ἐκ χαλκοῦ καὶ σιδήρου, καὶ τὰ σεμνὰ δὴ ταῦτα, χρυσοῦ
καὶ ἀργύρου· ἐξὸν χαίρειν τῇ τῶν μετάλλων φράσαντας
τέχνῃ, λαμβάνειν παρ´ ἀλλήλων ταῦτα ἀπονητί,
μετρουμένους μέτρῳ τῷ πάντων ἰσαιτάτῳ, τὸν μὲν ἐνδεᾶ
τὴν χρείαν λαβόντα παρὰ τοῦ ἔχοντος, τὸν δὲ ἐν
περιουσίᾳ ἀφεῖναι, κτησάμενον παρὰ τοῦ λαβόντος, ὧν
ἡ ἀντίδοσις οὐχ ἕξει αἰτίαν.
| [35,2] II. A la bonne heure ; c'est bien cela, pour ce qui concerne Jupiter. Mais
pensez-vous qu'il en soit de même de ceux qu'on fait semblables à lui? Ne voyez-vous pas
que les poètes ne lui ont pas comparé Salmonée, quoiqu'il lançât la foudre, comme il
le croyait, et qu'il imitât le bruit du tonnerre et la lueur des éclairs ? En effet, en opérant
toutes ces merveilles, Salmonée ne ressemblait qu'à Thersite cherchant à imiter
Nestor. Sous quel rapport donc les hommes peuvent-ils devenir semblables à Jupiter ?
En imitant sa providence conservatrice, sa tendresse affectueuse, et spécialement sa
bienfaisance paternelle. Telle est la ressemblance de la vertu des hommes et de la
vertu des Dieux. Ceux-ci donnent à cette dernière le nom de justice, d'équité, ou toute
autre dénomination religieuse et mystique. Les hommes donnent à l'autre le nom
d'affection, de bienveillance, ou toute autre dénomination agréable, appropriée à leur
langage ordinaire. D'ailleurs, ce même sentiment de bienveillance chez l'homme est
inférieur à ce même sentiment chez les Dieux, entre autres rapports, sous celui de sa
latitude. Car la sensibilité des hommes ne s'étend point à tout ce qui leur ressemble.
Il en est d'eux comme des troupeaux de quadrupèdes. Il ne se forme d'affection
qu'entre ceux qui vivent dans le même pâturage, et même tous ne la partagent pas.
On voit quelquefois dans un même troupeau, sous un seul pasteur, des querelles, des
agressions, à coups de cornes, à coups de dents. A peine reste-t-il le moindre signe
de l'affection antérieurement contractée.
Le boire, le manger, les vêtements, et tout ce
qui est à l'usage du corps, les hommes l'achètent et le payent avec de l'airain, du fer ;
et les choses d'un plus haut prix, ils les payent avec de l'argent et de l'or. Tandis qu'ils
pouvaient, laissant de côté tous ces métaux, prendre gratuitement les uns chez les
autres ce qui leur était nécessaire, établir entre eux les conditions les plus équitables,
savoir, que celui qui aurait besoin de quelque chose le recevrait de celui qui serait en
mesure de le lui fournir, et que ce dernier fournirait ce qui lui serait demandé, à la
charge de recevoir à son tour, ce qui pourrait être honnêtement exigé.
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