[34,9] Φέρε τοὺς ἀγωνιστὰς παρακαλῶμεν ἐπὶ τὸ στάδιον.
Ἔχε, τίνες μὲν Ἀθηνῶν; Σωκράτης ἀγωνιούμενος πρὸς
Μέλητον, καὶ πρὸς τὰ δεσμὰ καὶ τὸ φάρμακον. Ἐκ
δὲ Ἀκαδημίας Πλάτων ἀγωνιούμενος πρὸς τυράννου
ὀργήν, καὶ θάλατταν πολλήν, καὶ κινδύνους μεγάλους.
Ἡκέτω καὶ ἄλλος ἀγωνιστὴς Ἀττικός, ἀγωνιούμενος
πρὸς Τισσαφέρνην ἐπιορκοῦντα, καὶ Ἀριαῖον ἐπιβουλεύοντα,
καὶ Μένωνα προδιδόντα, καὶ βασιλέα ἐπιτιθέμενον.
Καὶ δεῖ μοι καὶ τὸν ἐκ τοῦ Πόντου ἀθλητὴν
ἀγωνίζεσθαι· καὶ οὗτος, ἀγῶνα ἰσχυρὸν, πρὸς ἀνταγωνιστὰς
πικρούς, πενίαν καὶ ἀδοξίαν καὶ λιμὸν καὶ
κρύος· ἐγὼ δὲ αὐτοῦ καὶ τὰ γυμνάσια ἐπαινῶ·
αὐτόν μιν πληγῇσιν ἀεικελίῃσι δαμάσσας,
σπεῖρα κακ´ ἀμφ´ ὤμοισι βαλών,
οὐ χαλεπῶς διὰ τοῦτο ἐκράτει. Τοιγαροῦν στεφανῶ
τοὺς ἄνδρας, καὶ ἀνακηρύττω νικηφόρους τῆς ἀρετῆς·
ἐὰν δὲ ἀφέλῃς αὐτῶν τὴν πρὸς τὰ καλὰ ἀγωνίαν,
ἀποστεφανοῖς τοὺς ἄνδρας καὶ ἀποκηρύττεις. Ἄφελε
Ἀθηναίων τὸν ἐπὶ Μαραθῶνα δρόμον, καὶ τὸν ἐκεῖ
θάνατον, καὶ τὴν Κυναιγείρου χεῖρα, καὶ τὴν Πολυζήλου
συμφοράν, καὶ τὰ Καλλιμάχου τραύματα, καὶ
οὐδὲν Ἀθηναίοις καταλείπεις σεμνόν, πλὴν τοῦ Ἐριχθονίου
καὶ τοῦ Κέκροπος, μύθων ἀπιστουμένων. Διὰ
τοῦτο ἡ Σπάρτη ἐπὶ πλεῖστον ἐλευθέρα, ὅτι ἐν οὐδὲ
εἰρήνῃ σχολὴν ἄγει· μάστιγες αὐταὶ καὶ πληγαὶ Λακωνικαί,
καὶ ἔθη κακῶν, ταῖς ἀρεταῖς ἀναμιγνύμενα.
| [34,9] IX. Voyons, appelons des Athlètes : faisons-les entrer dans l'arène. D'Athènes,
prenons Socrate pour combattre contre Mélitus, contre les fers, contre le poison. De
l'Académie, prenons Platon pour combattre contre la colère d'un tyran, contre une
mer orageuse, contre les plus grands dangers. Prenons un autre champion dans
l'Attique, pour combattre contre le parjure de Tissapherne, contre les embûches
d'Ariée, contre la trahison de Ménon, contre la perfidie du grand Roi. Il faut que le
Royaume de Pont nous fournisse encore un nouvel Athlète, qui soutienne de rudes
combats, contre de vigoureux antagonistes, la pauvreté, l'ignominie, la faim et le froid.
Quant à moi, je le loue de s'engager dans une pareille lutte. « Il s'endurcit aux
souffrances à force de se faire lui-même des blessures. Il ne se couvre que de haillons ;
aussi n'a-t-il pas grand-peine à triompher ». De là vient que je donne aux
hommes la couronne de la vertu, et que je les proclame comme ayant remporté la
palme de la victoire. Qu'on cesse de les mettre en butte avec les maux attachés à
l'humanité, on leur arrache la couronne, on les rend indignes d'être proclamés
vainqueurs. Ôtez aux Athéniens la campagne de Marathon, et la mort qu'ils y
trouvèrent ; ôtez à Cynégyre la gloire de s'être fait couper ses deux mains ; ôtez à
Polyzèle la vision qui le rendit aveugle ; ôtez à Callimaque ses blessures, vous ne
leur laissez rien de recommandable, que leur Érichthon et leur Cécrops,
vraies fables qui ne méritent aucune foi. Sparte ne conserva longtemps sa liberté, que
parce que ses citoyens ne menaient pas en temps de paix une vie oisive. Chez eux,
c'étaient toujours les mêmes exercices, les mêmes pratiques, pour se familiariser avec
la douleur. C'étaient les mêmes maux avec le mélange des mêmes vertus.
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