[32,5] Ἐπεὶ δὲ ἀρετῆς πρὸς ἡδονὴν ἡ ἐξέτασις γίγνεται,
οὐ λοιδορήσομαι μὲν τῇ ἀρετῇ (οὐ γὰρ πικρός, οὐδὲ
βλάσφημος ὁ καθ´ ἡδονὴν λόγος), τοσοῦτον δὲ λέγω,
ὡς εἰ τῆς ἀρετῆς ἀφαιρήσει τὶς τὸ ἡδύ, καὶ τὸ δυνατὸν
αὐτῆς προσαφῄρηκεν· οὐδὲν γὰρ τῶν καλῶν αἱρετόν,
ἀπογενομένης ἡδονῆς· καὶ γὰρ ὁ κατ´ ἀρετὴν
πονῶν ἑκὼν φιλίᾳ ἡδονῆς πονεῖ, παρούσης ἢ προσδοκωμένης.
Ὥσπερ γὰρ ἐν τοῖς χρηματισμοῖς οὐθεὶς
ἑκὼν ἀντικαταλλάττεται δραχμὴν ταλάντου, οὐδὲ χρυσοῦ χαλκόν,
ᾧ μὴ φρένας ἐξέλετο Ζεύς,
ἀλλὰ δεῖ τὰς ἀμοιβάς, κἂν ἰσοστάσιοι ὦσιν, λυσιτελεῖν
τῷ ἀλλαττομένῳ κατὰ τὴν χρείαν τοῦ λαβόντος, οὕτως
ἀμέλει κἂν ταῖς τῶν πόνων ὁμιλίαις οὐδεὶς πονεῖ πόνου
ἐρᾶν (ἦ γὰρ ἂν εἴη ὁ δυσερασίστερος), ἀλλάττεται
δὲ τοὺς παρόντας πόνους, ὡς μὲν εἴποι ἄν τις τῶν
ἀγροικοτέρων, τοῦ καλοῦ· ὡς δέ τις τῶν ἀληθεστέρων,
ἡδονῆς· κἂν γὰρ τὸ καλὸν εἴπῃς, ἡδονὴν λέγεις·
σχολῇ γὰρ ἂν εἴη τὸ κάλλος κάλλος, εἰ μὴ ἥδιστον εἴη.
| [32,5] V. Mais puisque la vertu est intéressée dans cette dissertation sur la volupté, à
Dieu ne plaise que nous nous permettions contre la vertu aucune agression. On peut
d'ailleurs discourir sur la volupté sans amertume et sans fiel. Nous dirons seulement,
que séparer la volupté de la vertu, c'est rendre cette dernière impossible. Ôtez la
volupté attachée aux belles actions, elles ne seront plus recherchées. Celui qui
travaille pour la vertu travaille spontanément. Il travaille par amour pour une volupté
présente ou attendue. De même que dans les comptoirs, nul « de ceux à qui les Dieux
n'ont point ôté le bon sens», n'échange sciemment un talent contre une drachme,
ni de l'or contre de l'airain, et qu'il faut, au contraire, quoique une sorte d'égalité doive
régner dans cet échange, que chacune des deux parties, entre lesquelles l'échange a
lieu, y trouvent respectivement leur avantage ; de même, sans doute, en ce qui
concerne les divers genres de travaux, nul ne s'y livre par affection intrinsèque pour le
travail. Car ce serait l'affection du monde la plus malentendue. Mais chacun a pour but
d'échanger le travail du moment contre du beau, pour parler le langage vulgaire ; et
contre de la volupté, pour parler le langage de la vérité. Or, dire du beau, c'est dire de
la volupté. Car le beau ne serait point beau, si la volupté n'était pas un des éléments
les plus intimement inhérents à son essence.
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