[24,1] I. Ἐπαμύνωμεν τῷ δήμῳ τῶν γεωργῶν, ἐπείπερ λόγῳ
τὰ νῦν γίγνεται ἡ δίαιτα, καὶ οὐχ ὅπλοις· εἰ δὲ καὶ
ὅπλων δέοι, τάχα που φανεῖται καὶ ὁ γεωργὸς οὐδὲν
τοῦ ὁπλίτου ἀσθενέστερος. Ἀλλὰ τοῦτο μὲν καὶ αὖθις
σκεψόμεθα· λόγῳ δὲ δὴ τὰ νῦν, καὶ οὐχ ὅπλοις, κριτέον
τοὺς ἄνδρας· καὶ οὐκ εὐλαβητέον οὔτε Ὅμηρον
μαρτυροῦντα, οὔτε ὅστις Ὁμήρου εὐφωνότερος. Εἰ δέ
τοι καὶ τοῦτο δέοι, καὶ αὐτοὶ ἀναβιβασόμεθα ἐκ τοῦ
Ἑλικῶνος ποιητὴν ἄλλον οὐδὲν ἀδοξότερον τοῦ Ὁμήρου,
μεμφόμενον τῷ νῦν γένει,
οἳ πρῶτοι κακοεργὸν ἐτεκτήναντο μάχαιραν,
εἰνοδίην, πρῶτοι δέ, βοῶν ἐπάσαντο ἀροτήρων.
Τὸ γάρ τοι τὰ τοιαῦτα ἐπαινεῖν ἀνδρὸς ἂν εἴη δυσχερέστερον
τῷ βίῳ τῆς τοῦ πολεμεῖν χρείας· ἧς κἂν
ἀφέλῃς τὸ ἄδικον, ἐλεεινὸν αὐτῆς τὸ ἀναγκαῖον.
| [24,1] I. HATONS-NOUS d'aller au secours des agriculteurs, puisque, dans cette question, c'est à la raison, et non point aux armes, à décider. Dans le cas même où les armes seraient
nécessaires, peut-être trouverions-nous des agriculteurs qui les manieraient avec autant de
force et de courage que des guerriers de profession. Mais nous reviendrons là-dessus. Quant
à présent, mettons les armes de côté, et que la raison prononce. D'ailleurs, ne nous en
laissons point imposer par le témoignage d'Homère, ni de tout autre écrivain plus éloquent
que lui. S'il le fallait, nous irions nous-mêmes chercher sur l'Hélicon un autre poète, qui n'a
pas moins de réputation qu'Homère, et qui accuse ceux des hommes de l'antiquité. « Qui les
premiers fabriquèrent le funeste glaive pour brigander sur les chemins ; qui les premiers se
nourrirent du bœuf qui labourait leurs sillons». Car il n'y a qu'un homme plus ennemi
de la vie de ses semblables que la guerre même, qui puisse louer de telles actions. Lorsque,
d'ailleurs, la guerre n'est point injuste, on ne peut que gémir de ce qu'elle est nécessaire.
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