[22,7] Ἐπιθυμεῖ ἡ ἀνθρώπου ψυχή, καὶ δέδιεν, καὶ λυπεῖται,
καὶ φθονεῖ, καὶ ἄλλοις συνέχεται παντοδαποῖς
καὶ ἀλλοκότοις παθήμασιν· στάσιν ὁρᾷς πικρὰν καὶ
ἀκήρυκτον· τοιοῦτόν μοι διηγοῦ τὸν πόλεμον, τὸν δὲ
Μηδικὸν ἔα· ταύτην μοι διηγοῦ τὴν νόσον, τὸν δὲ
λοιμὸν ἔα. Εἰπέ, τίνι ἐπιτρέψω τὴν στρατηγίαν καὶ
τὴν ἴασιν; Ἱπποκράτην δὲ ἔα τοῖς σώμασιν καὶ Θεμιστοκλέα
τῇ θαλάττῃ· λέγε τὸν ψυχῆς ἰατρόν, λέγε
τὸν στρατηγόν. Κἂν ἀπορῇς ἀνδρῶν, ἐπὶ τοὺς θεοὺς
ἴθι. Ἔρου μὴ περὶ γῆς δῃουμένης, μήτε περὶ θαλάττης
λῃστευομένης, μηδὲ περὶ τειχῶν πολιορκουμένων,
μηδὲ περὶ σωμάτων φθειρομένων· σμικρὰ ταῦτα, ἐφήμερα
ταῦτα. Τμηθήσεται λήϊον, κἂν Πελοποννήσιοι
ἀπόσχωνται· λῃστευθήσεται θάλαττα, κἂν Ἀθηναῖοι
μὴ ναυμαχῶσιν· καταβαλεῖ τὰ τείχη, καὶ εἰ μὴ
Φίλιππος, ἀλλ´ ὁ χρόνος· φθαρήσεται τὰ σώματα, κἂν
ἀπέλθῃ ὁ λοιμός·
ἀνδρὸς δὲ ἀρετή, πάλιν ἐλθεῖν οὔτε λεϊστή,
- - - οὐθ´ ἑλετή.
Περὶ ταύτης ἔρου δή, ὅτε ψυχὴ τέμνεται, λῃστεύεται,
πολιορκεῖται, νοσεῖ· χρησμοῦ σοι δεῖ, μαντείας σοι
δεῖ, εὖξαι τῷ θεῷ·
κλῦθί μευ, ἀργυρότοξε, ὃς Χρύσην ἀμφιβέβηκας,
κλῦθι, ὦ Ἄπολλον, καὶ Ζεῦ, καὶ εἴ τις ἄλλος θεὸς ἰατικὸς
ψυχῆς νοσούσης,
εἴ ποτέ τοι χαρίεντ´ ἐπὶ νηὸν ἔρεψα,
εἰ δήποτέ τοι κατὰ πίονα μηρί´ ἔκηα.
Ἀκούσεται ὁ Ἀπόλλων τοιαῦτα εὐχομένου θᾶττον, ἢ
τοῦ Χρύσου. Οὐ γὰρ ἐπὶ λοιμὸν παρακαλεῖς τὸν θεόν,
οὐδὲ ἐπὶ τοξείαν ὀϊστῶν θανατηφόρων, οὐδὲ ἐπὶ φθορὰν
κυνῶν καὶ ἀνδρῶν καὶ ὀρέων· οὐ γὰρ ταῦτα ἔργα
μουσικοῦ θεοῦ, καὶ σοφοῦ καὶ μαντικοῦ. Ὅμηρος δὲ
αὐτῷ προσέθηκεν τὴν φήμην, αἰνιττόμενος τὴν ἡλίου
ἀκτῖνα δι´ ἀέρος χωροῦσαν ὀϊστοῦ θᾶττον, ἀκρατοτέραν
τῆς τῶν σωμάτων συμμετρίας. Ἐμοὶ δὲ ᾀδέτω εἴτε
καὶ Ὅμηρος, εἴτε Ἡσίοδος, εἴτε τις ἄλλος ποιητὴς δαιμόνιος,
θεὸν Παιᾶνα ψυχῆς παθημάτων· ἄξια ταῦτα
τοῦ Ἀπόλλωνος, ἄξια τοῦ Διός.
| [22,7] VII. L'âme de l'homme éprouve les impressions du désir, de la crainte, de
la tristesse, de l'envie, et de toutes les autres passions. Etes-vous
témoin d'un de ces soulèvements, d'une de ces agressions que les Hérauts
d'armes ne proclament pas. Parlez-moi de cette guerre, et laissez-là la
guerre des Mèdes. Entretenez-moi de cette maladie, et ne me parlez
point de la peste. Dites-moi qui je dois choisir pour Général et pour
Médecin. Laissons Hippocrate soigner les corps, et Thémistocle s'occuper
de marine. Indiquez-moi un Médecin pour l'âme, un Général pour l'âme; et,
si vous n'en trouvez point parmi les hommes, adressez-vous aux immortels.
N'entrez point avec eux dans les détails des dévastations rurales, des
brigandages, maritimes, des sièges des villes, des maladies épidémiques.
Ce n'est pas la peine. Ce sont des choses qui n'ont qu'une existence
éphémère. Les campagnes seront ravagées, quand même les troupes du
Péloponnèse les respecteraient. La mer n'en sera pas moins infestée par
des pirates, quoique les Athéniens ne naviguent pas. Si ce n'est point
Philippe, ce sera le temps qui détruira vos murailles. Au défaut de la
peste, d'autres causes produiront la mort. Mais la vertu est inaccessible
à toute agression, à toute atteinte, dans le cœur de l'homme. Consultez
les Dieux sur son compte, lorsque l'âme est attaquée, assaillie, assiégée,
rendue malade par les passions. Te faut-il un oracle? As-tu besoin d'une
réponse des Dieux? Invoque le Dieu lui-même; « O toi, dont le bras est
armé d'un arc d'argent, protecteur de Chrysès, exauce-moi.
Exauce-moi, ou toi, Apollon, ou toi, Jupiter, ou toi, tout autre Dieu,
s'il en est, qui guérisse les maladies de l'âme. Exauce-moi, si dans ton
temple je t'ai quelquefois présenté d'agréables offrandes, ou si j'ai
brûlé de grasses victimes sur tes autels ». Apollon exaucera ce vœu,
plutôt que celui de Chrysès. Car tu n'invoques pas ce Dieu pour qu'il
envoie la peste, pour qu'il lance ses flèches meurtrières, pour qu'il
répande la mort sur les chiens, sur les hommes, sur les mulets. Ce ne
sont point les prouesses du Dieu qui préside à la musique, à la sagesse, à
la divination. En les lui attribuant, Homère a enveloppé sous cette
allégorie l'action des rayons du soleil qui traversent les airs, avec plus
de rapidité que la flèche, et qui opèrent la dissolution des corps avec
une force à laquelle rien ne peut résister. Qu'Homère donc,
qu'Hésiode, ou tout autre divin poète, m'indique, dans ses chants, un Dieu
qui guérisse les maladies de l'âme. Voilà l'œuvre digne d'Apollon : voilà
l'œuvre digne de Jupiter.
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