| [22,2] Δεινός τις εἶ, ὦ σοφώτατε Ὀδυσσεῦ, ἐπαινέτης 
εὐφροσύνης δημωδέστατος, οἵαν καὶ βάρβαρος ἀνὴρ
ἐπαινέσαι, καὶ ἄρτι ἐκ Βαβυλῶνος ἥκων, συνήθης πολυτελεῖ 
τραπέζῃ καὶ οἴνῳ χεομένῳ πολλῷ καὶ ᾠδῇ
αὐτοσχεδίῳ· καὶ ταῦτα, ὡς φῆς, ὑπεριδὼν παρ´ ἄλλοις
τοῦ μελιηδέος λωτοῦ καὶ τῆς Σειρήνων ᾠδῆς.‘ Μήποτε 
οὖν ἔοικέν τι Ὅμηρος αἰνίττεσθαι ἄλλο κρεῖττον,
ἢ ὁποῖον τὰ ἔπη λέγοι οὑτωσὶ ἀκούσαντι εὐθύς. Τὸ
γάρ τοι κειμένων σιτίων ἀμφιλαφῶν καὶ οἴνου πολλοῦ,
ταῦτα μὲν ἐπιθεῖναι ταῖς τραπέζαις, καὶ τὸν οἶνον τῷ
κρατῆρι ἐγχέαι, ἔπαινος δ´ ἐς τοὺς δαιτυμόνας ἐν τοσαύταις 
ἡδοναῖς ἀκροωμένους τοῦ ἀοιδοῦ σπουδῇ, εὐσχήμονά 
τινα ἔοικεν εὐωχίαν διηγεῖσθαι ἡμῖν, οἵαν
μιμήσεται ἄν τις νοῦν ἔχων, μεταθεὶς τὰς ἡδονὰς ἀπὸ
τῶν αἰσχίστων ἐπὶ τὰ κοσμιώτατα, ἀπὸ τῆς γαστρὸς
ἐπὶ τὰς ἀκοάς· ἢ οὐδὲ τοῦτο ἀπόχρη, εὐωχεῖν τὰς
ἀκοὰς εἰκῇ καὶ ἀναίδην,
αὐλῶν συρίγγων τ´ ἐνοπῇ, 
καὶ ἀνθρώπων ὀμάδῳ, ἀλλὰ κἀνταῦθα τέχνης δεῖ κατακοσμούσης 
τὴν ἀκοῆς εὐωχίαν ἁρμονίᾳ δεξιᾷ.
 | [22,2] II. A merveille, sage Ulysse! c'est ainsi que vous faites l'éloge de cette 
volupté populaire, que louerait, comme vous, un Barbare récemment 
arrivé de Babylone, accoutumé à tout le luxe de la table, à toutes les 
profusions de vin, et à toute la mollesse des chants improvisés ; vous, 
qui, comme vous le dites, vous êtes défié ailleurs de la suavité du Loto, 
et du chant des Sirènes. Homère aurait-il voulu nous donner à 
entendre quelque chose de mieux, que ce que ces paroles semblent 
présenter, au premier coup d'œil. En effet, par cette profusion de mets et 
de vin, par ces tables splendidement servies, et ces coupes qu'on ne cesse 
de remplir, par les éloges donnés aux convives qui, au milieu de ces 
plaisirs, prêtent une oreille attentive à ces chanteurs ; Homère me paraît 
nous avoir présenté l'emblème d'une fête honnête et décente, digne de 
l'émulation du sage, et qui consiste à transférer la volupté, des choses 
honteuses aux choses les plus recommandâmes, et des plaisirs de la table 
aux plaisirs de la musique. Peut-être même ne suffit-il pas que les 
oreilles jouissent ainsi sans règle et sans mesure des sons mélodieux des 
flûtes et des hautbois, qui se réduisent à un vain bruit ; et faut-il 
encore y ajouter un art qui orne et qui rehausse les jouissances de 
l'oreille par son heureuse harmonie. 
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