[17,2] Εἰ δὲ δεῖ καὶ ἄλλας παρακαλέσαι εἰκόνας τῷ παρόντι
λόγῳ σεμνοτέρας τῆς Μιθαίκου τέχνης· Θηβαῖοι
αὐλητικὴν ἐπιτηδεύουσιν, καὶ ἐστὶν ἡ δι´ αὐλῶν μοῦσα
ἐπιχώριος τοῖς Βοιωτοῖς· Ἀθηναῖοι λέγειν, καὶ ἐστὶν
ἡ περὶ λόγους σπουδὴ τέχνη Ἀττική· παιδεύματα Κρητικὰ
θῆραι, ὀρειβασίαι, τοξεῖαι, δρόμοι· τὰ Θετταλικὰ
ἱππική, τὰ Κυρηναϊκὰ διφρεῖαι, τὰ Αἰτωλικὰ λῃστεῖαι·
ἀκοντίζουσιν Ἀκαρνᾶνες, πελτάζουσιν Θρᾷκες, νησιῶται
πλέουσιν. Ἐὰν δὲ μεταθῇς τὰ ἐπιτηδεύματα πολλῶν
πρὸς ἄλλους, νοθεύσεις τὰς τέχνας. Τί γὰρ δεῖ ἠπειρώταις
νεῶν; ἢ ἀμούσοις αὐλῶν; ἢ ὀρείοις ἵππων; ἢ
πεδιάδα οἰκοῦσιν δρόμων; ἢ ὁπλίταις τόξων; ἢ τοξόταις
ἀσπίδων; Ὥσπερ οὖν ἐνταῦθα διεκληρώσαντο τὰς
τέχνας οἱ τόποι, ἢ αἱ φύσεις τῶν χρωμένων, ἢ αἱ
φιλίαι τῶν ἀπ´ ἀρχῆς ἐπιτηδευθέντων, καὶ οὐ ταὐτὰ
ἕκαστον οὔτε πᾶσιν τίμιον διότι ἐνίοις, οὔτε ἄτιμον
τισὶν ὅτι μὴ πᾶσιν, ἀλλὰ εὐδοκιμεῖ ἕκαστον κατὰ τὴν
χρείαν τῶν λαβόντων· τί κωλύει τοὺς τῆς καλῆς ταύτης
πόλεως πολίτας, οὓς Πλάτων θρεψάμενος τῷ λόγῳ
ὑπὸ νόμοις ξένοις καὶ οὐ καθωμιλημένοις τῷ τῶν πολλῶν
ἔθει κατῴκισεν, αὖθις αὖ λόγῳ ἔχειν καὶ τούτους ἐπιχώρια
ἄττα αὐτῶν νόμιμά τε καὶ ἐπιτηδεύματα, ξυμπεφυκότα
τῇ ἐκ παίδων τροφῇ, τιμώμενα μὲν αὐτοῖς
κατὰ τὴν χρείαν αὐτῶν ἐκείνων, οὐκ ἀτιμαζόμενα δὲ
παρὰ τοῖς ἄλλοις, ἐπεὶ μὴ κἀκείνοις ἥρμοσεν; Εἰ μὲν
γὰρ πόλιν πόλει παραβάλλομεν, καὶ πολιτείαν πολιτείᾳ,
καὶ νόμους νόμοις, καὶ νομοθέτην νομοθέτῃ, καὶ
τροφὴν τροφῇ, ἔχοι ἄν τινα ἡμῖν λόγον ἡ ἐξέτασις
τοιάδε, διερευνωμένοις τὸ παρ´ ἑκάστοις ἐνδέον· εἰ
δέ τις μέρος τοῦ ὅλου ἀποτεμόμενος καθ´ αὑτό, σκοπεῖ
διὰ μαρτύρων τῶν χρωμένων τούτῳ ἢ μή (οὕτω
γὰρ ἂν καὶ τὰ ἄλλα πάντα ὅσα ἄνθρωποι χρῶνται),
κατ´ ἴσον ἂν τύχοι τιμῆς καὶ ἀτιμίας, καὶ διατελοῖ ἐν
ἀμφισβητησίμῳ κρίσει πλανώμενα· καὶ γὰρ αἱ τροφαί,
καὶ τὰ φάρμακα, καὶ τὰ διαιτήματα, καὶ τἄλλα ὅσα
τῇ τῶν ἀνθρώπων χρείᾳ ἀνακέκραται, οὐ πᾶσιν ἑξῆς
ὅμοια πάντα, ἀλλὰ τὸ αὐτὸ ἤδη τὸν μὲν ἔβλαψεν, τὸν
δὲ ὤνησεν· καὶ τὸν μὲν εὔφρανεν, τὸν δὲ ἠνίασεν·
ἕκαστον γὰρ τούτων ἡ χρεία καὶ ὁ καιρὸς καὶ ἡ ὑπόθεσις
τοῦ βίου ἕτερα ἑτέρῳ φαίνεσθαι ποιεῖ.
| [17,2] II. S'il fallait passer en revue les autres exemples analogues à notre
sujet, mais d'un genre plus relevé que celui de Mithoecus, nous dirions que
les Thébains ont un goût particulier pour la flûte, et que la Muse qui
préside à cet instrument est originaire de Béotie. Les Athéniens ont de la
prédilection pour l'art oratoire. La culture de l'éloquence est un art
attique. En Crète, on chasse ; on gravit les montagnes; on s'exerce à
l'arc, à la course. Les Thessaliens s'adonnent à l'équitation ; les
Cyréniens se plaisent à conduire des chars; les Oetoliens, à vivre de
rapine ; les Acarnaniens, à lancer des flèches; les Thraces, à manier avec
adresse le petit bouclier ; les habitants des îles, à naviguer. Si
l'on transplantait ces différents arts, ces divers exercices, de chez une
nation chez une autre, on les abâtardirait tous. Quel besoin ont les
peuples qui habitent l'intérieur des terres, de vaisseaux ; ceux qui
n'aiment point la musique, de flûtes; les montagnards, de chevaux ; ceux
qui vivent dans les plaines, de chars ; les grosses troupes, d'arcs ; les
troupes légères, de cuirasse? Puis donc que les différents arts ont été
partagés entre les divers lieux, ou par le sort, ou par l'habitude de ceux
qui les cultivent, ou par l'affection naturelle aux objets de la première
éducation; et qu'aucun d'entre eux n'est, ni estimé de tout le monde,
parce qu'il est estimé de quelques personnes, ni universellement méprisé,
parce que quelques personnes le méprisent, mais que chacun l'apprécie, à
proportion de l'avantage qu'il en recueille ; qui empêche que les citoyens
de cette belle Cité, auxquels Platon, dans les spéculations de sa théorie,
a donné des lois qui leur sont appropriées, et qui n'ont rien de
commun avec les mœurs de la multitude, ne regardent, avec raison, comme
indigènes à leur égard, les lois et les coutumes dont ils ont acquis
l'habitude dès l'enfance, et qu'ils ont appris à estimer par l'usage
qu'ils en font, tandis que d'autres ne les estiment pas, parce qu'elles ne
sont point à leur convenance ? Car, si nous comparions une Cité à une
Cité, une Politie à une Politie, des lois à des lois, un Législateur à un
Législateur, un système d'éducation à un système d'éducation, ce parallèle
aurait pour nous quelque chose de raisonnable, dans le cas où nous aurions
pour objet de rechercher en quoi chacune de ces choses pèche. Mais, si,
séparant une partie de son tout, nous la considérons en elle-même, sur la
foi de ceux qui en font, ou qui n'en font pas usage, et, ainsi de toutes
les autres choses appropriées à l'espèce humaine; nous trouverons estime,
d'un côté, et mépris, de l'autre; et nous finirons par demeurer en suspens
entre ces opinions opposées. Car, ni les aliments, ni les remèdes, ni les
régimes dont les hommes usent, ne sont les mêmes pour tous : mais ce qui
fait du bien, et qui plaît à l'un, nuit et déplaît à l'autre. Selon
l'habitude, l'occasion et le genre de vie, chacune de ces choses est
diversement appréciée.
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