[14,7] Ὅνπερ οὖν τρόπον ὁ μὲν θαρσῶν τῇ ἀρετῇ πρόσεισιν
τοῖς θεοῖς ἄνευ δέους, ὁ δὲ ταπεινὸς διὰ μοχθηρίαν
μετὰ πολλοῦ δέους, δύσελπις, καὶ δεδιὼς τοὺς
θεούς, ὥσπερ τοὺς τυράννους, τοῦτον, οἶμαι, τὸν τρόπον
καὶ πρὸς ἀνθρώπους εὔελπις μὲν καὶ θαρσαλέον
ἡ φιλία, δύσελπις δὲ καὶ ἐπτηχὸς ἡ κολακεία. Τυράννῳ
οὐδεὶς φίλος, βασιλεῖ δὲ οὐδεὶς κόλαξ· βασιλεία
δὲ τυραννίδος θειότερον. Εἰ δέ ἐστιν ἡ φιλία
ἰσότης τρόπου, τὸ δὲ μοχθηρὸν οὔτε αὐτὸ αὑτῷ οὔτε
τῷ χρηστῷ ἴσον, ὁ μὲν ἀγαθὸς τῷ ἀγαθῷ φίλος, ἴσος
γάρ· ὁ δὲ κόλαξ τοῦ μὲν ἀγαθοῦ πῶς ἂν εἴη κόλαξ;
οὐ γὰρ ἂν λάθοι· τοῦ δὲ μοχθηροῦ κόλαξ ὤν, εἰ μὲν
εἴη ἴσος ἐκείνῳ, οὐκ ἂν εἴη κόλαξ· οὐ γὰρ ἀνέχεται
κολακεία ἰσηγορίας· εἰ δὲ οὐκ εἴη ἴσος, οὐκ ἂν εἴη
φίλος. Ἀλλὰ καὶ τῶν πολιτειῶν ἡ μὲν ἀριστοκρατία
φιλίας μεστή, δημοκρατία δὲ κολακείας ἀνάπλεως·
κρείττων δὲ ἀριστοκρατία δημοκρατίας. Οὐδεὶς ἐν
Λακεδαίμονι Κλέων ἦν, οὐδὲ Ὑπέρβολος, κόλακες πονηροὶ
τρυφῶντος δήμου. Ἀλλὰ Καλλίαν μὲν ἐν Διονυσίοις
ἐκωμῴδει Εὔπολις, ἰδιώτην ἄνδρα ἐν συμποσίοις
κολακευόμενον, ὅπου τῆς κολακείας τὸ ἆθλον ἦν
κύλικες καὶ ἑταῖραι καὶ ἄλλαι ταπειναὶ καὶ ἀνδραποδώδεις
ἡδοναί· τὸν δὲ δῆμον αὐτόν, τὸν τῆς Εὐπόλιδος
στωμυλίας θεατήν, ποῦ τὶς ἐλθὼν κωμῳδήσει;
ἐν ποίῳ θεάτρῳ; ποίοις Διονυσίοις; καὶ τοὺς πολλοὺς
ἐκείνους κόλακας, οἷς τὰ ἆθλα ἦν οὐ ταπεινά, οὐδὲ
μέχρι γαστρὸς καὶ ἀφροδισίων ἥκοντα, ἀλλὰ αἱ τῆς
Ἑλλάδος συμφοραί; Εἰ δὲ ἤθελον Ἀθηναῖοι, παρωσάμενοι
τοὺς κόλακας, πείθεσθαι Περικλεῖ καὶ Νικίᾳ,
εἶχον ἂν δημαγωγοὺς ἀντὶ κολάκων φίλους.
| [14,7] VII. De même donc que l'ami des Dieux, fort de sa vertu, s'approche d'eux
avec confiance; et que celui qui n'a pour eux que des sentiments de
crainte, à cause de la conscience de sa méchanceté, ne va vers eux qu'en
tremblant, que dénué d'espérance, et les redoute comme s'ils étaient des
tyrans; de même en est-il de la flatterie et de l'amitié entre les hommes.
La première a de la hardiesse, de l'assurance ; l'autre est
continuellement en transes, en perplexité. Les tyrans n'ont point d'amis,
les Rois n'ont point de flatteurs. Car les Rois ont plus de ressemblance
avec les Dieux que les tyrans. L'amitié consiste dans une conformité de
moeurs, au lieu que la méchanceté ne ressemble ni à elle-même, ni à la
vertu. L'homme de bien est l'ami de l'homme de bien; car il lui ressemble.
Mais un flatteur, comment serait-il le flatteur de l'homme de bien ? Il ne
saurait lui en imposer. Serait-il donc le flatteur du méchant? Mais s'il
ressemblait au méchant, il ne serait point son flatteur. Car la flatterie
n'admet point de conformité, de ressemblance; et s'il ne lui ressemblait
pas, il n'en serait point l'ami. Dans l'ordre politique, la forme de
Gouvernement où le pouvoir est entre les mains des plus gens de bien,
comporte beaucoup d'amitié; et la démocratie regorge de flatterie. Or, la
première de ces deux formes de Gouvernement vaut mieux que l'autre. Il n'y
avait à Lacédémone ni des Cléons, ni des Hyperbolus, flatteurs perfides
d'un peuple corrompu. À la vérité, Eupolis, dans ses Comédies,
couvrit de ridicule, au milieu des fêtes de Bacchus, Callias, cet homme
privé, qui portait ses flagorneries, ses adulations, dans toutes les
tables, où ce genre de talent était récompensé, avec des vases, avec des
courtisanes, ou autres voluptés non moins serviles et non moins infâmes.
Mais qui aurait osé jouer dans une Comédie, ce même peuple qui venait rire
aux facéties et aux sarcasmes d'Eupolis? Quel théâtre, quelles fêtes
eût-on pu choisir? Comment se permettre une pareille liberté envers ces
foules de flatteurs, qui ne se contentaient pas d'un médiocre salaire en
festins, ou en débauches, mais qu'on payait aux dépens du bonheur de toute
la Grèce? Si les Athéniens eussent été assez sages pour dédaigner tous ces
flagorneurs, et s'abandonner aux conseils de Nicias ou de Périclès; au
lieu de perfides conducteurs, ils auraient eu de bons guides.
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