[9,1] Φέρε, ἐρώμεθα τὸ δαιμόνιον· φιλάνθρωπον γὰρ
καὶ εἰωθὸς ἀποκρίνεσθαι διὰ σωμάτων ἀνθρωπίνων,
ὡς ἡ Ἰσμενίου τέχνη διὰ τῶν αὐλῶν· ἐρώμεθα δὲ ὧδέ
πως κατὰ τὸν Ὁμήρου Ὀδυσσέα·
θεὸς νύ τις, ἢ βροτός ἐσσι;
εἰ μέν τις θεός ἐσσι, τοὶ οὐρανὸν εὐρὺν ἔχουσιν,
οὐδὲν δεῖ λόγων, ἴσμεν γὰρ τὰ σά·
εἰ δέ τις ἐσσὶ βροτῶν, τοὶ ἐπὶ χθονὶ ναιετάουσιν,
ἆρα τοιοῦτον χρῆμα, οἷον ὁμοπαθές τε εἶναι ἡμῖν καὶ
ὁμόφωνον, καὶ ὁμογενές, καὶ σύγχρονον· ἢ κατὰ μὲν
τὴν δίαιταν ἐφέστιον τῇ γῇ, κατὰ δὲ τὴν οὐσίαν κρεῖττον
αὐτῆς; Οὐ γὰρ σάρκες αἱ δαιμόνων φύσεις (ἀποκριτέον
γάρ τοι ὑπὲρ αὐτῶν, κελεύουσι γάρ), οὐδὲ
ὀστᾶ, οὐδὲ αἷμα, οὐδὲ ἄλλό τι σκεδαστέον, ἢ λυόμενον,
ἢ τηκόμενον, ἢ διαρρέον· ἀλλὰ τίς μήν; Οὑτωσὶ
πρῶτον θεασώμεθα τὸ ἀναγκαῖον τῆς δαιμόνων οὐσίας.
Τὸ ἀπαθὲς τῷ ἐμπαθεῖ ἐναντίον, καὶ τὸ θνητὸν τῷ
ἀθανάτῳ, καὶ τὸ ἄλογον τῷ λογικῷ, καὶ τὸ ἀναίσθητον
τῷ αἰσθητικῷ, καὶ τὸ ἔμψυχον τῷ ἀψύχῳ. Πᾶν
τοίνυν τὴν ψυχὴν ἔχον ἑκατέροιν συγκεκρατημένην· ἢ
γὰρ ἀπαθὲς τὸ ἀθάνατον, ἢ ἀθάνατον ἐμπαθές, ἢ
ἐμπαθὲς θνητόν, ἢ ἄλογον αἰσθητικόν, ἢ ἔμψυχον
ἀπαθές· καὶ διὰ τούτων ὁδεύει ἡ φύσις κατὰ βραχὺ
ἀπὸ τῶν τιμιωτάτων ἐπὶ τὰ ἀτιμότατα καταβαίνουσα
ἑξῆς· ἐὰν δέ τι τούτων ἐξέλῃς, διέκοψας τὴν φύσιν·
ὥσπερ ἐν ἁρμονίᾳ φθόγγων τὴν πρὸς τὰ ἄκρα ὁμολογίαν
ἡ μέση ποιεῖ· ἀπὸ γὰρ τοῦ ὀξυτάτου φθόγγου
ἐπὶ τὸ βαρύτατον ταῖς διὰ μέσου φωναῖς ἐπερειδομένην
τὴν μεταβολὴν ἐμμελῆ ποιεῖ καὶ τῇ ἀκοῇ καὶ τῇ χειρουργίᾳ.
| [9,1] I. VOYONS; demandons à cet Esprit familier, (car il a de la philanthropie, et il est
accoutumé à répondre par l'intermédiaire du corps humain, comme le fait Isménias
par l'intermédiaire des flûtes) demandons-lui, ainsi qu'Ulysse chez Homère,
« Êtes-vous un Dieu ou un homme ? Si vous êtes quelqu'un des Dieux qui habitent
l'immense Olympe, nous n'avons pas besoin de vous en demander davantage. Nous
savons à quoi nous en tenir. Mais, si vous êtes quelqu'un des mortels qui habitent sur
la terre, êtes-vous un être susceptible d'éprouver les mêmes impressions que
nous, de parler la même langue que nous, de naître comme nous, et de ne vivre
qu'autant que nous; ou bien, attaché à la terre pour y faire uniquement votre séjour,
êtes-vous d'ailleurs, sous le rapport de l'essence, supérieur aux êtres qui la peuplent?
Car la substance des Dieux subalternes n'est point composée de chair, (il faut
répondre pour eux, ils l'ordonnent ainsi) ni d'os, ni de sang, ni d'aucun autre
de ces éléments capables d'être séparés, dissous, fondus, et par cela même de
s'évanouir. En quoi consiste-t-elle donc? Commençons par considérer la nécessité de
l'existence de ces Dieux du second ordre. Ce qui est passible est contraire à ce qui est
impassible : ce qui est mortel est contraire à ce qui est immortel : ce qui est dénué de
raison est contraire à ce qui est raisonnable : ce qui est insensible est contraire à ce
qui a du sentiment : ce qui est sans âme est contraire à ce qui en a une. Tout ce qui a
une âme réunit donc deux de ces qualités; ou ce qui est immortel est impassible; ou ce
qui est passible est immortel; ou ce qui est mortel est passible; ou ce qui est sensible
est dénué de raison ; ou ce qui a une âme est impassible : telle est la marche de la
nature. Elle descend insensiblement, et par gradation, de ce qui est supérieur et plus
recommandable à ce qui l'est moins. Retrancher quelqu'un de ces intermédiaires, ce
serait saper la nature dans ses fondements. De même, dans la série harmonique des
sons, c'est des consonances intermédiaires que dépend celle des deux extrémités du
diapason ; en descendant des sons les plus aigus aux sons les plus graves; c'est
en appuyant ce passage sur les sons intermédiaires, qu'on le rend mélodieux pour
l'oreille et les instruments.
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