[6,1] Τί ποτ´ ἐστὶν τοῦτο, ᾧ διαφέρει ἄνθρωπος θηρίου;
καὶ τί ποτέ ἐστιν, ᾧ διαφέρει ἀνθρώπου θεός· Ἐγὼ
μὲν οἶμαι θηρίων μὲν ἀνθρώπους ἐπιστήμῃ κρατεῖν,
θεῶν δὲ ἐλαττοῦσθαι μοχθηρίᾳ· θεὸς μὲν γὰρ ἀνθρώπου
σοφώτερον, ἄνθρωπος δὲ θηρίου ἐπιστημονέστερον.
Ἄλλό τι οὖν ἐπιστήμην σοφίας ἡγεῖ; Οὐ μὰ τὸν Δία,
οὐ μᾶλλον ἢ ζωὴν ζωῆς· ἀλλὰ κοινὸν ὑπάρχον τὸ τῆς
ζωῆς θνητῇ φύσει πρὸς τὸ ἀθάνατον, κατὰ μὲν τὴν
ποιότητα ἰσομοιρεῖ· κατὰ δὲ τὴν βραχύτητα τοῦ βίου
σχίζεται· θεοῦ μὲν γὰρ ζωὴ αἰώνιος, ἀνθρώπου δὲ
ἐφήμερος. Ὥσπερ οὖν εἴ τις ἦν δύναμις ὀφθαλμοῖς
ὁρᾶν ἀεὶ, καὶ ἀποτείνειν διηνεκῶς τὴν ὄψιν καὶ δέχεσθαι
τὴν προσβολὴν τοῦ φωτός, καὶ μηδὲν αὐτῇ
δεῖν καλυπτόντων βλεφάρων, μηδὲ ὕπνου πρὸς ἀνάπαυλαν,
μηδὲ νυκτὸς πρὸς ἠρεμίαν· κοινὸν μὲν ἦν τὸ
ὁρᾶν ἐκείνοις τοῖς ὀφθαλμοῖς πρὸς ταυτηνὶ τὴν τῶν
πολλῶν ὄψιν, διέφερεν δὲ τῷ διηνεκεῖ· οὕτως ἀμέλει
καὶ ἡ ἐπιστήμη, κοινόν τι οὖσα, διαφορὰν ὅμως
ἔχει ἡ θεία πρὸς τὴν ἀνθρωπίνην. Καὶ τὴν μὲν θείαν
τάχα καὶ αὖθις εἰσόμεθα· νῦν δὲ δὴ ἐπὶ τὰ γνωριμώτατα
ἴωμεν· τί ποτ´ ἐστὶν τῷ ἀνθρώπῳ τὸ ἐπίστασθαι,
καὶ εἰδέναι, καὶ μανθάνειν, καὶ ὅσα τοιαυτὶ λέγοντες
ἕξιν τινὰ θεωρίας τῇ ψυχῇ προστίθεμεν.
| [6,1] EN quoi consiste ce qui constitue la différence entre l'homme et la brute? En quoi
consiste, d'un autre côté, ce qui constitue la différence entre les Dieux et l'homme ?
Quant à moi, je pense que c'est par la science que l'homme est au-dessus de la brute,
et que c'est par les vices qu'il est au-dessous des Dieux. Car, sous le rapport de la
vertu, les Dieux valent mieux que les hommes; sous le rapport de la science,
l'homme vaut mieux que la brute. Est-ce une raison de penser que la science soit
autre chose que la sagesse ? Non, par Jupiter, pas plus que de penser que la vie soit
autre chose que la vie. Elle est quelque chose de commun à tous les êtres, soit
mortels, soit immortels ; mais si, envisagée sous ce point de vue de qualité, elle est
une seule et même chose; envisagée sous le rapport de son plus ou moins de durée,
elle se divise en deux espèces. Car les Dieux ne meurent jamais, et l'homme n'a
qu'une existence éphémère. De même que s'il était possible à certains yeux de
demeurer toujours ouverts, d'avoir la vue dans une activité continuelle, et de recevoir
perpétuellement l'impression de la lumière, sans avoir besoin que des paupières
vinssent les envelopper, que le sommeil vînt leur donner du repos, et que la nuit leur
apportât du relâche, l'action de la vue serait commune sous ce rapport, et à ces yeux,
et aux yeux ordinaires, en différant sous le rapport de la durée : de même, sans doute,
la science, qui est quelque chose de commun aux Dieux et aux hommes, a néanmoins
quelque rapport de différence eu égard aux uns et aux autres. Peut-être ailleurs
traiterons-nous de la science en ce qui concerne les Dieux. Quant à présent, occupons-nous
d'une question plus ordinaire et plus connue; et recherchons ce que c'est, pour
l'homme, que savoir, que connaître, qu'apprendre; et toutes autres expressions de ce
genre, par lesquelles on place l'âme dans un état de contemplation.
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