HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Marc-Aurèle, Pensées, livre IV

Pensées 0-4

  Pensées 0-4

[4,0] LIVRE IV. [4,0] LIVRE IV.
[4,1] 1. Τὸ ἔνδον κυριεῦον, ὅταν κατὰ φύσιν ἔχῃ, οὕτως ἕστηκε πρὸς τὰ συμβαίνοντα, ὥστε ἀεὶ πρὸς τὸ δυνατὸν καὶ διδόμενον μετατίθεσθαι ῥᾳδίως. Ὕλην γὰρ ἀποτεταγμένην οὐδεμίαν φιλεῖ, ἀλλὰ ὁρμᾷ μὲν πρὸς τὰπροηγούμενα μεθ ὑπεξαιρέσεως, τὸ δὲ ἀντεισαγόμενον ὕλην ἑαυτῷ ποιεῖ, ὥσπερ τὸ πῦρ, ὅταν ἐπικρατῇ τῶν ἐπεμπιπτόντων, ὑφ ὧν ἂν μικρός τις λύχνος ἐσβέσθη· τὸ δὲ λαμπρὸν πῦρ τάχιστα ἐξῳκείωσεν ἑαυτῷ τὰ ἐπιφορούμενα καὶ κατηνάλωσε καὶ ἐξ αὐτῶν ἐκείνων ἐπὶ μεῖζον ἤρθη. [4,1] I. Le maître intérieur, quand il est tout ce que veut la nature, doit prendre les choses de la vie de telle sorte qu’il soit toujours prêt à se régler sans peine sur le possible et sur les circonstances données. Il se garde bien de s’attacher jamais à une matière, qui n’est qu’en sous ordre ; et il s’élance vers les choses supérieures, où même encore il a fait son choix. L’obstacle qu’il rencontre lui devient une matière à s’exercer. C’est comme le feu, quand il dévore les objets qu’on y jette, ces objets seraient assez volumineux pour éteindre le maigre foyer d’une lampe ; mais le feu toujours plus ardent s’assimile en un instant les matériaux qu’on y entasse ; il les absorbe ; et, nourri par ces mêmes aliments, il n’en est que plus fort et ne s’en élève que plus haut.
[4,2] 2. Μηδὲν ἐνέργημα εἰκῇ μηδὲ ἄλλως κατὰ θεώρημα συμπληρωτικὸν τῆς τέχνης ἐνεργείσθω. [4,2] II. Ne fais jamais quoi que ce soit à la légère ; et règle uniquement tous tes actes d’après la réflexion, complément nécessaire de la pratique.
[4,3] 3. Ἀναχωρήσεις αὑτοῖς ζητοῦσιν ἀγροικίας καὶ αἰγιαλοὺς καὶ ὄρη, εἴωθας δὲ καὶ σὺ τὰ τοιαῦτα μάλιστα ποθεῖν. Ὅλον δὲ τοῦτο ἰδιωτικώτατόν ἐστιν, ἐξόν, ἧς ἂν ὥρας ἐθελήσῃς, εἰς ἑαυτὸν ἀναχωρεῖν. Οὐδαμοῦ γὰρ οὔτε ἡσυχιώτερον οὔτε ἀπραγμονέστερον ἄνθρωπος ἀναχωρεῖ εἰς τὴν ἑαυτοῦ ψυχήν, μάλισθ ὅστις ἔχει ἔνδον τοιαῦτα, εἰς ἐγκύψας ἐν πάσῃ εὐμαρείᾳ εὐθὺς γίνεται· τὴν δὲ εὐμάρειαν οὐδὲν ἄλλο λέγω εὐκοσμίαν. Συνεχῶς οὖν δίδου σεαυτῷ ταύτην τὴν ἀναχώρησιν καὶ ἀνανέου σεαυτόν· βραχέα δὲ ἔστω καὶ στοιχειώδη εὐθὺς ἀπαντήσαντα ἀρκέσει εἰς τὸ πᾶσαν λύπην ἀποκλύσαι καὶ ἀποπέμψαι σε μὴ δυσχεραίνοντα ἐκείνοις ἐφ ἐπανέρχῃ. Τίνι γὰρ δυσχερανεῖς; Τῇ τῶν ἀνθρώπων κακίᾳ; Ἀναλογισάμενος τὸ κρῖμα, ὅτι τὰ λογικὰ ζῷα ἀλλήλων ἕνεκεν γέγονε καὶ ὅτι τὸ ἀνέχεσθαι μέρος τῆς δικαιοσύνης καὶ ὅτι ἄκοντες ἁμαρτάνουσι καὶ πόσοι ἤδη διεχθρεύσαντες, ὑποπτεύσαντες, μισήσαντες, διαδορατισθέντες ἐκτέτανται, τετέφρωνται, παύου ποτέ. Ἀλλὰ καὶ τοῖς ἐκ τῶν ὅλων ἀπονεμομένοις δυσχερανεῖς; ἀνανεωσάμενος τὸ διεζευγμένον τό· ἤτοι πρόνοια ἄτομοι, καὶ ἐξ ὅσων ἀπεδείχθη ὅτι κόσμος ὡσανεὶ πόλις. Ἀλλὰ τὰ σωματικά σου ἅψεται ἔτι; Ἐννοήσας ὅτι οὐκ ἐπιμίγνυται λείως τραχέως κινουμένῳ πνεύματι διάνοια, ἐπειδὰν ἅπαξ ἑαυτὴν ἀπολάβῃ καὶ γνωρίσῃ τὴν ἰδίαν ἐξουσίαν, καὶ λοιπὸν ὅσα περὶ πόνου καὶ ἡδονῆς ἀκήκοας καὶ συγκατέθου. Ἀλλὰ τὸ δοξάριόν σε περισπάσει; Ἀπιδὼν εἰς τὸ τάχος τῆς πάντων λήθης καὶ τὸ χάος τοῦ ἐφ ἑκάτερα ἀπείρου αἰῶνος καὶ τὸ κενὸν τῆς ἀπηχήσεως καὶ τὸ εὐμετάβολον καὶ ἄκριτον τῶν εὐφημεῖν δοκούντων καὶ τὸ στενὸν τοῦ τόπου, ἐν περιγράφεται· ὅλη τε γὰρ γῆ στιγμὴ καὶ ταύτης πόστον γωνίδιον κατοίκησις αὕτη; Καὶ ἐνταῦθα πόσοι καὶ οἷοί τινες οἱ ἐπαινεσόμενοι; Λοιπὸν οὖν μέμνησο τῆς ὑποχωρήσεως τῆς εἰς τοῦτο τὸ ἀγρίδιον ἑαυτοῦ καὶ πρὸ παντὸς μὴ σπῶ μηδὲ κατεντείνου, ἀλλὰ ἐλεύθερος ἔσο καὶ ὅρα τὰ πράγματα ὡς ἀνήρ, ὡς ἄνθρωπος, ὡς πολίτης, ὡς θνητὸν ζῷον. Ἐν δὲ τοῖς προχειροτάτοις, εἰς ἐγκύψεις, ταῦτα ἔστω τὰ δύο· ἕν μέν, ὅτι τὰ πράγματα οὐχ ἅπτεται τῆς ψυχῆς, ἀλλ ἔξω ἕστηκεν ἀτρεμοῦντα, αἱ δὲ ὀχλήσεις ἐκ μόνης τῆς ἔνδον ὑπολήψεως· ἕτερον δέ, ὅτι πάντα ταῦτα, ὅσα ὁρᾷς, ὅσον οὐδέπω μεταβαλεῖ καὶ οὐκ ἔτι ἔσται· καὶ ὅσων ἤδη μεταβολαῖς αὐτὸς παρατετύχηκας, συνεχῶς διανοοῦ. κόσμος ἀλλοίωσις, βίος ὑπόληψις. [4,3] III. On va se chercher de lointaines retraites dans les champs, sur le bord de la mer, dans les montagnes ; et toi-même aussi tu ne laisses pas que de satisfaire volontiers les mêmes désirs. Mais que tout ce soin est singulier, puisque tu peux toujours, quand tu le veux, à ton heure, trouver un asile en toi-même ! Nulle part, en effet, l’homme ne peut goûter une retraite plus sereine ni moins troublée que celle qu’il porte au dedans de son âme, surtout quand on rencontre en soi ces ressources sur lesquelles il suffit de s’appuyer un instant, pour qu’aussitôt on se sente dans la parfaite quiétude. Et par la « Quiétude », je n’entends pas autre chose qu’une entière soumission à la règle et à la loi. Tâche donc de t’assurer ce constant refuge, et viens t’y renouveler toi-même perpétuellement. Conserve en ton cœur de ces brèves et inébranlables maximes que tu n’auras qu’à méditer un moment, pour qu’à l’instant ton âme entière recouvre sa sérénité, et pour que tu en reviennes, exempt de toute amertume, reprendre le commerce de toutes ces choses où tu retournes. A qui, je te le demande, pourrais-tu en vouloir ? Est-ce à la perversité des humains ? Mais si tu rappelles à ta mémoire cet axiome que tous les êtres doués de raison sont faits les uns pour les autres, que se supporter réciproquement est une partie de la justice, et que tant de gens qui se sont détestés, soupçonnés, haïs, querellés, sont étendus dans la poussière et ne sont plus que cendres, tu t’apaiseras peut-être assez aisément. Ou bien, par hasard, est-ce que tu en veux au sort qui t’a été réparti dans l’ordre universel ? Alors considère de nouveau cette alternative : De deux choses l’une, ou il y a une Providence, ou il n’y a que des atomes. Pense aussi à cette vieille démonstration d’où il ressort que le monde n’est après tout qu’une vaste cité. Sont-ce les choses corporelles qui ont encore prise sur toi ? Dis-toi alors, à part toi, que la pensée, une fois qu’elle a pu se saisir elle-même et comprendre son essence propre, ne se confond plus avec les mouvements du souffle vital qui t’anime, que d’ailleurs ce mouvement soit puissant ou débile. Ou bien encore, rappelle-toi toutes ces maximes qu’on t’a apprises et que tu as acceptées sur la douleur et le plaisir. Serait-ce par hasard la vaine opinion des hommes qui t’agite et te déchire ? Alors regarde un peu l’oubli rapide de toutes choses, l’abîme du temps pris dans les deux sens, l’inanité de ce bruit et de cet écho, la mobilité et l’incompétence des juges, qui semblent t’applaudir, et l’exiguïté du lieu où la renommée se renferme. La terre entière n’est qu’un point, et la partie que nous habitons n’en est que le coin le plus étroit. Là même, ceux qui entonneront tes louanges, combien sont-ils et quels sont-ils encore ? Il reste donc uniquement à te souvenir que tu peux toujours faire retraite dans cet humble domaine qui n’appartient qu’à toi. Avant tout, garde-toi de t’agiter, de te raidir ; conserve ta liberté, et envisage les choses comme doit le faire un cœur énergique, un homme, un citoyen, un être destiné à mourir. Puis, entre les maximes où la réflexion peut s’arrêter le plus habituellement, place ces deux-ci : la première, que les choses ne touchent pas directement notre âme, puisqu’elles sont en dehors d’elle, sans qu’elle puisse les modifier, et que nos troubles ne viennent que de l’idée tout intérieure que nous nous en faisons ; la seconde, que toutes ces choses que tu vois vont changer dans un instant, et que tout à l’heure elles ne seront plus. Enfin, rappelle-toi sans cesse tous les changements que tu as pu toi-même observer. Le monde n’est qu’une transformation perpétuelle ; la vie n’est qu’une idée et une opinion.
[4,4] 4. Εἰ τὸ νοερὸν ἡμῖν κοινόν, καὶ λόγος, καθ ὃν λογικοί ἐσμεν, κοινός· εἰ τοῦτο, καὶ προστακτικὸς τῶν ποιητέων μὴ λόγος κοινός· εἰ τοῦτο, καὶ νόμος κοινός· εἰ τοῦτο, πολῖταί ἐσμεν· εἰ τοῦτο, πολιτεύματός τινος μετέχομεν· εἰ τοῦτο, κόσμος ὡσανεὶ πόλις ἐστί· τίνος γὰρ ἄλλου φήσει τις τὸ τῶν ἀνθρώπων πᾶν γένος κοινοῦ πολιτεύματος μετέχειν; Ἐκεῖθεν δέ, ἐκ τῆς κοινῆς ταύτης πόλεως, καὶ αὐτὸ τὸ νοερὸν καὶ λογικὸν καὶ νομικὸν ἡμῖν πόθεν; Ὥσπερ γὰρ τὸ γεῶδές μοι ἀπό τινος γῆς ἀπομεμέρισται καὶ τὸ ὑγρὸν ἀφ ἑτέρου στοιχείου καὶ τὸ πνευματικὸν ἀπὸ πηγῆς τινος καὶ τὸ θερμὸν καὶ πυρῶδες ἔκ τινος ἰδίας πηγῆς (οὐδὲν γὰρ ἐκ τοῦ μηδενὸς ἔρχεται, ὥσπερ μηδ εἰς τὸ οὐκ ὂν ἀπέρχεται), οὕτω δὴ καὶ τὸ νοερὸν ἥκει ποθέν. [4,4] IV. Si l’intelligence est notre bien commun à tous ; la raison, qui fait de nous des êtres raisonnables, nous est commune aussi. Cela étant, cette raison pratique qui est notre guide pour ce qu’il nous faut faire ou ne pas faire, nous est commune également. Cela étant encore, la loi nous est commune. La loi nous étant commune, nous sommes concitoyens ; étant concitoyens, nous sommes membres d’un certain gouvernement. De tout cela, concluons que le monde n’est, à vrai dire, qu’une vaste cité ; car de quel autre gouvernement que celui-là serait-il possible d’affirmer que le genre humain tout entier en fait partie ? Oui, c’est de là, c’est bien de cette cité commune que nous viennent essentiellement, et l’intelligence, et la raison, et la loi. S’il n’en était pas ainsi, de quelle source nous viendraient-elles ? Car, de même que la partie terrestre de mon être est une partie détachée de quelque terre, de même que le liquide en moi vient de quelqu’autre élément liquide, et que la chaleur et le feu dont je suis animé viennent d’une source particulière, puisque rien ne vient de rien et que rien ne s’abîme dans le néant ; de même aussi, l’intelligence doit nous venir de quelque part.


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Dernière mise à jour : 26/08/2009