[3,7]
Μὴ τιμήσῃς ποτὲ ὡς συμφέρον σεαυτοῦ, ὃ ἀναγκάσει σέ ποτε τὴν πίστιν παραβῆναι, τὴν αἰδῶ ἐγκαταλιπεῖν, μισῆσαί τινα, ὑποπτεῦσαι, καταράσασθαι, ὑποκρίνασθαι, ἐπιθυμῆσαί τινος τοίχων καὶ παραπετασμάτων δεομένου. Ὁ γὰρ τὸν ἑαυτοῦ νοῦν καὶ δαίμονα καὶ τὰ ὄργια τῆς τούτου ἀρετῆς προελόμενος τραγῳ δίαν οὐ ποιεῖ, οὐ στενάζει, οὐκ ἐρημίας, οὐ πολυπληθείας δεήσεται· τὸ μέγιστον, ζήσει μήτε διώκων μήτε φεύγων, πότερον δὲ ἐπὶ πλέον διάστημα χρόνου τῷ σώματι περιεχομένῃ τῇ ψυχῇ ἢ ἐπ ἔλασσον χρήσεται, οὐδ ὁτιοῦν αὐτῷ μέλει· κἂν γὰρ ἤδη ἀπαλλάσσεσθαι δέῃ, οὕτως εὔλυτος ἄπεισιν, ὡς ‹ἂν› ἄλλο τι τῶν αἰδημόνως καὶ κοσμίως ἐνεργεῖσθαι δυναμένων ἐνεργήσειεν, τοῦτο μόνον παῤ ὅλον τὸν βίον εὐλαβούμενος, τὸ τὴν διάνοιαν ἔν τινι ἀνοικείῳ νοεροῦ πολιτικοῦ ζῴου τροπῇ γενέσθαι.
| [3,7]
Ne regarde pas comme pouvant jamais t’être utile rien de ce qui un
jour te forcerait peut-être à te parjurer, à perdre ton honneur, à haïr un de
tes semblables, à le soupçonner, à le maudire, ou à user de dissimulation, à
désirer quelque chose qu’il faille cacher entre des murailles ou sous des
voiles. Celui, en effet, qui préfère au monde entier la raison et le génie
qu’il porte en lui et les solennels mystères de cette puissance
intime, n’a que faire de jouer la tragédie et de pousser des
gémissements. Il n’aura besoin ni de la solitude, ni de la foule ; il vivra
sans rechercher, ni fuir, la part qui lui est faite. Il ne se préoccupe
absolument en rien de savoir s’il jouira pendant plus ou moins de temps de
cette existence, où son âme est enveloppée dans son corps. Mais dût-il à
l’instant même partir de la vie, il en sort comme s’il s’agissait d’un de
ces actes qu’on peut toujours accomplir avec honneur et en pleine sécurité,
n’ayant qu’un seul souci durant le cours de sa vie entière, celui
d’empêcher que jamais sa pensée ne soit dans une disposition indigne d’un
être intelligent et fait pour vivre en société.
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