[2,2]
Ὅ τί ποτε τοῦτό εἰμι, σαρκία ἐστὶ καὶ πνευμάτιον καὶ τὸ ἡγεμονικόν.
Τῶν μὲν σαρκίων καταφρόνησον· λύθρος καὶ ὀστάρια καὶ κροκύφαντος, ἐκ
νεύρων, φλεβίων, ἀρτηριῶν πλεγμάτιον. Θέασαι δὲ καὶ τὸ πνεῦμα ὁποῖόν
τί ἐστιν· ἄνεμος, οὐδὲ ἀεὶ τὸ αὐτό, ἀλλὰ πάσης ὥρας ἐξεμούμενον καὶ
πάλιν ῥοφούμενον. Τρίτον οὖν ἐστι τὸ ἡγεμονικόν. Ἄφες τὰ βιβλία· μηκέτι
σπῶ· οὐ δέδοται. Ἀλλ ὡς ἤδη ἀποθνῄσκων ὧδε ἐπινοήθητι· γέρων εἶ·
μηκέτι τοῦτο ἐάσῃς δουλεῦσαι, μηκέτι καθ ὁρμὴν ἀκοινώνητον
νευροσπαστηθῆναι, μηκέτι τὸ εἱμαρμένον ἢ παρὸν δυσχερᾶναι ἢ μέλλον
ὑπιδέσθαι.
| [2,2]
Ce que je suis, après tout, c’est une misérable chair, un faible souffle ;
mais il y a de plus en moi le principe directeur de tout le reste. Laisse
donc là les livres ; ne tarde plus un instant ; car ce délai ne t’est plus
permis. Comme si déjà tu en étais à la mort, dédaigne ce triste amas de
chairs, de liquides et d’os, ce frêle tissu, ce réseau entrelacé de nerfs, de
veines et d’artères. Bien plus, ce souffle même qui t’anime, vois ce qu’il
est : du vent, qui ne peut même pas être toujours égal et uniforme, rejeté à
tout moment et à tout moment aspiré de nouveau. Quant au troisième
élément de notre être, le principe chef et maître, voici ce que tu dois en
penser : « Tu es vieux ; ne souffre plus que ce principe soit jamais
esclave, qu’il soit jamais lacéré par un instinct désordonné ; ne permets
plus qu’il se révolte contre la destinée, ni contre un présent qu’il maudit,
ou contre un avenir qu’il redoute. »
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