[18,10] Καὶ ἀρχὴν μὲν οὐδεμίαν ἦρξεν ἐν τῇ ὀλιγαρχίᾳ· ἐπειδὴ δὲ τάχιστα ἦλθον εἰς τὴν Ἀκαδήμειαν Λακεδαιμόνιοι καὶ Παυσανίας, λαβὼν τὸν Νικηράτου καὶ ἡμᾶς παῖδας ὄντας, ἐκεῖνον μὲν κατέθηκεν ἐπὶ τοῖς γόνασι τοῖς Παυσανίου, ἡμᾶς δὲ παραστησάμενος ἔλεγε πρὸς ἐκεῖνον καὶ τοὺς ἄλλους τοὺς παρόντας ὅσα εἴημεν πεπονθότες καὶ οἵαις τύχαις κεχρημένοι, καὶ ἠξίου Παυσανίαν βοηθῆσαι καὶ διὰ τὴν φιλίαν καὶ διὰ τὴν ξενίαν τὴν ὑπάρχουσαν, καὶ τιμωρὸν γενέσθαι τῶν εἰς ἡμᾶς ἡμαρτηκότων. (11) Ὅθεν Παυσανίας ἤρξατο εὔνους εἶναι τῷ δήμῳ, παράδειγμα ποιούμενος πρὸς τοὺς ἄλλους Λακεδαιμονίους τὰς ἡμετέρας συμφορὰς τῆς τῶν τριάκοντα πονηρίας· δῆλον γὰρ ἅπασι τοῖς ἐλθοῦσι Πελοποννησίων ἐγεγένητο, ὅτι οὐ τοὺς πονηροτάτους τῶν πολιτῶν ἀπέκτεινον, ἀλλ᾽ οἷς μάλιστα προσῆκον καὶ διὰ γένος καὶ διὰ πλοῦτον καὶ διὰ τὴν ἄλλην ἀρετὴν τιμᾶσθαι. (12) Οὕτω δ᾽ ἠλεούμεθα καὶ πᾶσι δεινὰ ἐδοκοῦμεν πεπονθέναι, ὥστε Παυσανίας τὰ μὲν παρὰ τῶν τριάκοντα ξένια οὐκ ἠθέλησε λαβεῖν, τὰ δὲ παρ᾽ ἡμῶν ἐδέξατο. Καίτοι δεινόν, ὦ ἄνδρες δικασταί, ὑπὸ μὲν τῶν πολεμίων παῖδας ἡμᾶς ὄντας ἐλεεῖσθαι, οἳ τῇ ὀλιγαρχία βοηθήσοντες ἦλθον, ὑπὸ δ᾽ ὑμῶν, ὦ ἄνδρες δικασταί, τοιούτους γεγενημένους τῶν ὄντων ἀποστερεῖσθαι, ὧν οἱ πατέρες ὑπὲρ τῆς δημοκρατίας ἀπέθανον.
(13) Eὖ δ᾽ οἶδ᾽, ὦ ἄνδρες δικασταί, ὅτι περὶ πλείστου ἂν ποιήσαιτο Πολίοχος τοῦτον τὸν ἀγῶνα κατορθῶσαι, ἡγούμενος αὑτῷ καλὴν εἶναι τὴν ἐπίδειξιν καὶ πρὸς τοὺς πολίτας καὶ τοὺς ξένους, ὅτι Ἀθήνῃσι τοσοῦτον δύναται, ὥσθ᾽ ὑμᾶς τοὺς αὐτούς, περὶ ὧν ὅρκους ὀμωμόκατε, ὑμῖν αὐτοῖς τὰ ἐναντία ποιεῖν ψηφίζεσθαι. (14) Πάντες γὰρ εἴσονται ὅτι τότε μὲν χιλίαις δραχμαῖς ἐζημιώσατε τὸν βουλόμενον τὴν ἡμετέραν γῆν δημοσίαν ποιῆσαι, νυνὶ δὲ κελεύων δημεῦσαι νενίκηκε, καὶ περὶ τούτων δὴ ἀμφοτέρων Ἀθηναῖοι, παρὰ νόμον φεύγοντος τοῦ αὐτοῦ ἀνδρός, (15) τἀναντία σφίσιν αὐτοῖς ἐψηφίσαντο. Οὐκ οὖν αἰσχρόν, εἰ ἃ μὲν Λακεδαιμονίοις συνέθεσθε βεβαιώσετε, ἃ δὲ αὑτοῖς ἐψηφίσασθε οὕτω ῥᾳδίως διαλύσετε, καὶ τὰς μὲν πρὸς ἐκείνους συνθήκας κυρίας ποιήσετε, τὰς δὲ πρὸς αὑτοὺς ἀκύρους; καὶ τοῖς μὲν ἄλλοις Ἕλλησιν ὀργίζεσθε, εἴ τις Λακεδαιμονίους ὑμῶν περὶ πλείονος ποιεῖται, ὑμεῖς δ᾽ αὐτοὶ φανήσεσθε πιστότερον πρὸς ἐκείνους ἢ πρὸς ὑμᾶς αὐτοὺς διακείμενοι; (
(16) Ἄξιον δὲ μάλιστ᾽ ἀγανακτῆσαι ὅτι οὕτως ἤδη οἱ τὰ τῆς πόλεως πράττοντες διάκεινται, ὥστ᾽ οὐχ ὅ τι ἂν τῇ πόλει βέλτιστον ᾖ, τοῦτο οἱ ῥήτορες λέγουσιν, ἀλλ᾽ ἀφ᾽ ὧν ἂν αὐτοὶ κερδαίνειν μέλλωσι, ταῦτα ὑμεῖς ψηφίζεσθε. (17) Καὶ εἰ μὲν τῷ ὑμετέρῳ πλήθει συνέφερε τοὺς μὲν ἔχειν τὰ αὑτῶν, τῶν δὲ ἀδίκως δεδημεῦσθαι τὴν οὐσίαν, εἰκότως ἂν ἠμελεῖτε τῶν ὑφ᾽ ἡμῶν λεγομένων· νυνὶ δὲ πάντες ἂν ὁμολογήσαιτε ὁμόνοιαν <μὲν> μέγιστον ἀγαθὸν εἶναι πόλει, στάσιν δὲ πάντῶν κακῶν αἰτίαν, διαφέρεσθαι δὲ πρὸς ἀλλήλους ἐκ τῶν τοιούτων μάλιστ᾽, ἐὰν οἱ μὲν τῶν ἀλλοτρίων ἐπιθυμῶσιν, οἱ δ᾽ ἐκ τῶν ὄντων ἐκπίπτωσι. (18) Καὶ ταῦθ᾽ ὑμεῖς ἔγνωτε νεωστὶ κατελθόντες, ὀρθῶς βουλευόμενοι· ἔτι γὰρ ἐμέμνησθε τῶν γεγενημένων συμφορῶν, καὶ τοῖς θεοῖς εἰς ὁμόνοιαν ηὔχεσθε καταστῆναι τὴν πόλιν μᾶλλον ἢ ἐπὶ τιμωρίαν τῶν παρεληλυθότων τραπομένων τὴν μὲν πόλιν στασιάσαι, τοὺς δὲ λέγοντας ταχέως πλουτῆσαι. (19) Καίτοι πλείων συγγνώμη μνησικακεῖν νεωστὶ κατεληλυθόσιν, ἔτι τῆς ὀργῆς οὔσης προσφάτου, ἢ τοσούτῳ χρόνῳ ὕστερον ἐπὶ τιμωρίαν τῶν παρεληλυθότων τραπέσθαι, ὑπὸ τοιούτων πεισθέντας οἳ ἐν ἄστει μείναντες ταύτην ὑμῖν οἴονται διδόναι πίστιν τῆς αὑτῶν εὐνοίας, ἑτέρους κακοὺς ποιοῦντες, ἀλλ᾽ οὐ σφᾶς αὐτοὺς χρηστοὺς παρέχοντες, καὶ νυνὶ τῶν τῆς πόλεως εὐτυχιῶν ἀπολαύοντες, ἀλλ᾽ οὐ πρότερον τῶν ὑμετέρων κινδύνων μετέχοντες.
| [18,10] Il ne posséda aucune charge durant l'oligarchie ; et lorsque Pausanias se rendit à Athènes accompagné d'une troupe de Lacédémoniens, prenant le fils de Nicérate qui était dans la première enfance, et moi encore fort jeune, il me présenta à ce prince, mit l'enfant sur ses genoux, et lui exposa, ainsi qu'à ceux de sa suite, tous les malheurs que nous avions éprouvés. (11) Il conjurait Pausanias par leur ancienne amitié, de prendre en main notre défense, et de venger les injures qui nous avaient été faites. De ce moment, le roi de Lacédémone se montra mieux intentionné pour le peuple ; il donnait aux autres Lacédémoniens, pour preuve de la perversité des Trente, les disgrâces de notre famille. Tous les habitants du Péloponnèse qui l'avaient suivi, voyaient clairement que ce n'était pas les plus mauvais citoyens que ces tyrans sacrifiaient, mais ceux qu'ils auraient dû considérer davantage pour leurs richesses, pour leur naissance, et à d'autres égards. (12) On était si touché de notre sort, nous excitions tellement la compassion, que Pausanias refusa les présents des Trente, et accepta les nôtres. Mais, après avoir obtenu dans notre enfance la compassion des ennemis mêmes qui venaient soutenir l'oligarchie, ne serait-ce pas une chose déplorable de nous voir dépouiller ici de notre fortune par nos compatriotes, nous qui nous sommes montrés zélés pour l'état, et dont les pères sont morts pour la démocratie.
(13) Je sais que Poliarque serait fort jaloux de l'emporter dans cette cause, parce que sans doute, rien ne lui serait plus avantageux que de montrer aux citoyens et aux étrangers, qu'il a assez de crédit dans Athènes pour vous faire rendre des sentences entièrement contradictoires, sur des objets pour lesquels vous avez prêté serment. (14) Car personne n'ignorera que vous avez condamné ci-devant à mille drachmes d'amende un particulier qui voulait faire confisquer nos terres, et que Poliarque a obtenu aujourd'hui qu'elles seraient confisquées ; on saura que, dans deux causes de même nature, au sujet du même homme accusé d'infraction de lois, (15) les Athéniens se sont contredits dans leurs sentences. Or il serait peu décent qu'après avoir confirmé les engagements pris avec Lacédémone, vous infirmassiez aussi légèrement les décisions faites entre vous-mêmes ; il serait peu décent que vous qui ne pouvez souffrir qu'on mette Sparte au-dessus d'Athènes, vous vous montrassiez plus fidèles à une ville étrangère que vous ne le seriez avec vos concitoyens.
(16) Ce qu'il y a de plus révoltant, c'est de voir aujourd'hui la république gouvernée de telle manière que les orateurs dans leurs discours négligent ce qu'il y a de plus utile pour elle, tandis que vous-mêmes dans vos décisions vous ne paraissez occupés que de ce qu'il y a pour eux de plus profitable. (17) S'il était de l'intérêt du peuple que les uns pussent s'enrichir aux dépens d'autrui, et que les biens des autres fussent confisqués injustement, vous auriez raison, sans doute, de ne tenir aucun compte de ce que je puis vous dire : mais il n'est personne qui ne convienne que la concorde est aussi avantageuse pour une ville que la discorde lui est funeste ; et que ce qui cause le plus de divisions parmi les citoyens, c'est de souffrir que les uns envient les possessions d'autrui, pendant que les autres sont dépouillés des leurs propres. (18) C'est ainsi que vous en avez jugé vous-mêmes avec tant de sagesse dans les premiers moments de votre retour. Encore tout pleins du souvenir des malheurs que vous veniez d'éprouver, loin de vous occuper à venger le passé, loin de songer à jeter la ville dans de nouveaux troubles, et de mettre les orateurs à portée de faire une fortune rapide, on vous vit demander aux dieux de ramener l'union parmi vous. (19) Cependant, lorsque nouvellement arrivés vous étiez encore dans la première vivacité du ressentiment, combien n'eussiez-vous pas été plus excusables de vous montrer sensibles aux injures de vos ennemis, que de songer si longtemps après à la vengeance ? vous pardonnerait-on de vous y laisser entraîner par des hommes qui, après avoir résidé ici avec les Trente, s'imaginent vous donner des preuves de leur attachement en nuisant aux autres sans vous procurer à vous-mêmes aucun bien, et en jouissant aujourd'hui de la prospérité publique sans avoir jamais partagé vos périls ?
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