HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Lysias, Discours XVIII : Sur la confiscation des biens de Nicias

Paragraphes 0-9

 Paragraphes 0-9

[18,0] XVIII. ΠΕΡΙ ΤΗΣ ΔΗΜΕΥΣΕΩΣ ΤΩΝ ΤΟΥ ΝΙΚΙΟΥ ΑΔΕΛΦΟΥ ΕΠΙΛΟΓΟΣ. (1) Ἐνθυμήθητε τοίνυν, ἄνδρες δικασταί, οἷοί τινες ὄντες πολῖται καὶ αὐτοὶ καὶ ὧν προσήκοντες ἀδικούμενοι ἀξιοῦμεν ἐλεεῖσθαι ὑφὑμῶν καὶ τῶν δικαίων τυγχάνειν· οὐ γὰρ μόνον περὶ τῆς οὐσίας ἀγωνιζόμεθα, ἀλλὰ καὶ περὶ τῆς πολιτείας, εἰ χρὴ δημοκρατουμένης τῆς πόλεως ἡμῖν μετεῖναι. Πρῶτον μὲν οὖν περὶ Νικίου τοῦ ἡμετέρου θείου ἀναμνήσθητε. (2) Ἐκεῖνος γὰρ ὅσα μὲν τῇ ἑαυτοῦ γνώμῃ χρώμενος ὑπὲρ τοῦ ὑμετέρου ἔπραξε, πανταχοῦ φανήσεται πολλῶν μὲν καὶ ἀγαθῶν αἴτιος τῇ πόλει γεγενημένος, πλεῖστα δὲ καὶ μέγιστα κακὰ τοὺς πολεμίους εἰργασμένος· ὅσα δὲ οὐ βουλόμενος ἀλλἄκων ἠναγκάσθη ποιῆσαι, τῶν μὲν κακῶν οὐκ ἐλάχιστον αὐτὸς μετέσχε μέρος, τὴν δαἰτίαν τῆς συμφορᾶς οἱ πείσαντες ὑμᾶς δικαίως ἂν ἔχοιεν, (3) ἐπεὶ τήν γε πρὸς ὑμᾶς εὔνοιαν καὶ τὴν ἀρετὴν <τὴν> αὑτοῦ ἐν ταῖς εὐτυχίαις ταῖς ὑμετέραις καὶ ταῖς δυστυχίαις ταῖς τῶν ἐχθρῶν ἐπεδείξατο· στρατηγῶν γὰρ πολλὰς μὲν πόλεις εἷλε, πολλὰ δὲ καὶ καλὰ κατὰ τῶν πολεμίων ἔστησε τρόπαια, ὧν καθἓν ἕκατον πολὺ ἂν ἔργον εἴη λέγειν. (4) Εὐκράτης τοίνυν, ἀδελφὸς μὲν ὢν ἐκεῖνον, πατὴρ δἐμός, ἤδη τῆς τελευταίας ναυμαχίας γεγενημένης φανερὰν ἐπεδείξατο τὴν εὔνοιαν ἣν εἶχε περὶ τὸ πλῆθος τὸ ὑμέτερον· ἡττημένων γὰρ ἐν <τῇ> ναυμαχίᾳ στρατηγὸς ὑφὑμῶν ᾑρημένος καὶ παρακαλούμενος μετέχειν τῆς ὀλιγαρχίας ὑπὸ τῶν ἐπιβουλευόντων τῷ πλήθει, (5) οὐκ ἠθέλησεν αὐτοῖς πείθεσθαι, ἐν τοιούτῳ καιρῷ ληφθεὶς ἐν οἱ πλεῖστοι τῶν ἀνθρώπων καὶ μεταβάλλονται πρὸς τὰ παρόντα καὶ ταῖς τύχαις ἐίκουσι, δυστυχοῦντος τοῦ δήμου, οὐκ ἀπελαυνόμενος τῆς πολιτείας οὐδἰδίας ἔχθρας ὑπαρχούσης πρὸς ἄρξειν μέλλοντας, ἀλλἐξὸν αὐτῷ καὶ τῶν τριάκοντα γενέσθαι καὶ μηδενὸς ἔλαττον δύνασθαι, μᾶλλον εἵλετο πράττων ὑπὲρ τῆς ὑμετέρας σωτηρίας ἀπολέσθαι ἐπιδεῖν <τὰ> τείχη καθαιρούμενα καὶ τὰς ναῦς τοῖς πολεμίοις παραδιδομένας καὶ τὸ ὑμέτερον πλῆθος καταδεδουλωμένον. (6) Καὶ οὐ πολλῷ χρόνῳ ὕστερον Νικήρατος, ἀνεψιὸς ὢν ἐμὸς καὶ ὑὸς Νικίου, εὔνους ὢν τῷ ὑμετέρῳ πλήθει, συλληφθεὶς ὑπὸ τῶν τριάκοντα ἀπέθανεν, οὔτε γένει οὔτε οὐσίᾳ οὔθἡλικίᾳ δοκῶν ἀνάξιος εἶναι τῆς πολιτείας μετασχεῖν· ἀλλὰ τοιαῦτα ἐνομίζετο τὰ ὑπάρχοντα αὐτῷ πρὸς τὸ ὑμέτερον πλῆθος εἶναι καὶ διὰ τοὺς προγόνους καὶ αὐτόν, ὥστε οὐκ ἄν ποθἑτέρας ἐπιθυμῆσαι πολιτείας. (7) Συνῄδεσαν γὰρ ἅπασιν αὐτοῖς ὑπὸ τῆς πόλεως τιμωμένοις, καὶ πολλαχοῦ μὲν ὑπὲρ ὑμῶν κεκινδυνευκόσι, μεγάλας δεἰσφορὰς εἰσενηνοχόσι καὶ λελῃτουργηκόσι κάλλιστα, καὶ τῶν ἄλλων οὐδενὸς πώποτἀποστᾶσιν ὧν πόλις αὐτοῖς προσέταξεν, ἀλλὰ προθύμως λῃτουργοῦσι. (8) Καίτοι τίνες ἂν ἡμῶν εἴησαν δυστυχέστεροι, εἰ ἐν μὲν τῇ ὀλιγαρχίᾳ ἀποθνῄσκοιμεν εὖνοι ὄντες τῷ πλήθει, ἐν δὲ τῇ δημοκρατίᾳ ὡς κακόνοι ὄντες τῷ πλήθει ἀποστεροίμεθα τῶν ὄντων; (9) Kαὶ μὲν δή, ἄνδρες δικασταί, καὶ Διόγνητος διαβληθεὶς μὲν ὑπὸ τῶν συκοφαντῶν φεύγων ὤχετο, μετὀλίγων δὲ τῶν ἐκπεπτωκότων οὔτἐπὶ τὴν πόλιν ἐστρατεύσατο οὔτεἰς Δεκέλειαν ἀφίκετο· οὐδἔστιν ὅτου κακοῦ αἴτιος οὔτε φεύγων οὔτε κατελθὼν τῷ ὑμετέρῳ πλήθει γεγένηται, ἀλλεἰς τοῦτἀρετῆς ἦλθεν ὥστε μᾶλλον ὠργίζετο τοῖς εἰς ὑμᾶς ἡμαρτηκόσιν τοῖς αὐτῷ τῆς καθόδου αἰτίοις γεγενημένοις <χάριν ᾔδει>.
[18,0] XVIII. PÉRORAISON DU PLAIDOYER SUR LA CONFISCATION DES BIENS DU NEVEU DE NICIAS. (1) Considérez donc, Athéniens, ce que nous sommes par nous-mêmes, à qui nous appartenons par la naissance ; et jugez si, dans la persécution qu'on nous suscite aujourd'hui, nous n'avons pas droit à votre clémence et à votre justice. Il ne s'agit pas seulement pour nous de nos fortunes, mais de notre état civil; il est question de savoir si nous jouirons de notre patrie qui a recouvré sa liberté. Retracez-vous le souvenir de Nicias notre oncle. (2) Toutes les fois que pour servir le peuple il fut maître de suivre ses propres vues, il se rendit toujours aussi utile à la république que redoutable aux ennemis, sans avoir à partager ses succès avec personne ; mais, quand il se vit contraint d'agir d'après des idées étrangères, il eut la plus grande part à vos malheurs, et ce n'est qu'à ceux qui vous firent prendre des résolutions peu sages, qu'on doit imputer vos infortunes. (3) Dans vos prospérités et dans les mauvais succès de l'ennemi, il vous donna des preuves de son courage et de son dévouement. A la tête de vos troupes, il prit nombre de villes, remporta des victoires éclatantes, et se signala par des exploits dont le détail serait ici trop long. (4) Mon père Eucrate, son frère, prouva d'une manière non équivoque, après la dernière bataille navale, combien il était attaché au gouvernement démocratique. Elu par vous général lorsque vous veniez d'essuyer une entière défaite, sollicité par les ennemis du peuple pour partager l'oligarchie, (5) dans une circonstance où la plupart changent aisément de parti et cèdent à la fortune, parce qu'ils voient le peuple malheureux, il résista constamment; et, quoiqu'il ne fût pas exclus de l'administration, quoiqu'il ne fût animé d'aucune haine personnelle contre les citoyens qui voulaient envahir l'autorité, quoiqu'enfin il pût être un des Trente, et n'avoir pas moins de puissance qu'aucun d'entre eux, il aima mieux mourir victime de son zèle pour vos intérêts, que de voir nos murs renversés, nos vaisseaux livrés aux ennemis, et le peuple réduit en servitude. (6) Peu de temps après, Nicérate mon cousin, fils de Nicias, dévoué au peuple, fut pris par les Trente et mis à mort. Non que sa fortune, son âge, ou sa naissance, le rendirent indigne de partager l'administration ; mais il pensait que par lui-même et par ses ancêtres, il avait tant de motifs de s'attacher au gouvernement démocratique, qu'il ne devoir pas en désirer un autre. (7) Il savait que ses aïeux et lui-même avaient été honorés pendant le règne de la démocratie, qu'ils s'étaient souvent exposés pour vous, qu'ils avaient fourni de fortes contributions, rempli les charges avec honneur, et que, sans se refuser à rien de ce que la ville avait exigé d'eux, ils l'avaient servie en tout avec zèle. (8) Mais quelle infortune serait égale à la nôtre, si, après avoir succombé dans l'oligarchie, victimes de notre attachement au peuple, nous nous trouvions aujourd'hui privés de nos biens dans la démocratie, comme mal intentionnés pour le peuple ? (9) Vous le savez encore, Athéniens, Diognète persécuté par la calomnie, fut exilé ; on ne le vit pas toutefois à la tête d'un petit nombre de gens bannis comme lui, porter les armes contre Athènes, se réfugier dans le fort Décelée, ou causer au peuple quelque préjudice pendant son exil ou après son retour ; mais telle fut sa générosité qu'il était plus animé contre vos ennemis domestiques que contre les auteurs de son bannissement.


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Dernière mise à jour : 27/04/2010