[6,10] <10> Καίτοι Περικλέα ποτέ φασι παραινέσαι ὑμῖν περὶ τῶν ἀσεβούντων, μὴ μόνον χρῆσθαι τοῖς γεγραμμένοις νόμοις περὶ αὐτῶν, ἀλλὰ καὶ τοῖς ἀγράφοις, καθ´ οὓς Εὐμολπίδαι ἐξηγοῦνται, οὓς οὐδείς πω κύριος ἐγένετο καθελεῖν οὐδὲ ἐτόλμησεν ἀντειπεῖν, οὐδὲ αὐτὸν τὸν θέντα ἴσασιν· ἡγεῖσθαι γὰρ ἂν αὐτοὺς οὕτως οὐ μόνον τοῖς ἀνθρώποις ἀλλὰ καὶ τοῖς θεοῖς διδόναι δίκην. <11> Ἀνδοκίδης δὲ τοσοῦτον καταπεφρόνηκε τῶν θεῶν καὶ ὧν ἐκείνοις δεῖ τιμωρεῖν, ὥστε πρὶν <μᾶλλον ἢ ἧττον> ἢ ἐπιδεδημηκέναι δέκα ἡμέρας ἐν τῇ πόλει προσεκαλέσατο δίκην ἀσεβείας πρὸς τὸν βασιλέα, καὶ ἔλαχεν Ἀνδοκίδης 〈ὢν〉 καὶ πεποιηκὼς ἃ οὗτος πεποίηκε περὶ τοὺς θεοὺς καὶ (ἵνα μᾶλλον πρόσσχητε τὸν νοῦν) φάσκων τὸν Ἄρχιππον ἀσεβεῖν περὶ τὸν Ἑρμῆν τὸν αὑτοῦ πατρῷον. <12> Ὁ δὲ Ἄρχιππος ἠντιδίκει ἦ μὴν τὸν Ἑρμῆν ὑγιᾶ τε καὶ ὅλον εἶναι, καὶ μηδὲν παθεῖν ὧνπερ οἱ ἄλλοι Ἑρμαῖ· ὅμως μέντοι ἵνα μὴ ὑπὸ τούτου τοιούτου ὄντος πράγματ´ ἔχοι, δοὺς ἀργύριον ἀπηλλάγη. καίτοι ὁπότε οὗτος παρ´ ἑτέρου ἠξίωσε δίκην ἀσεβείας λαβεῖν, ἦ που ἑτέρους γε παρὰ τούτου λαβεῖν δίκαιον καὶ εὐσεβές ἐστιν.
<13> Ἀλλὰ λέξει δεινὸν εἶναι, εἰ ὁ μὲν μηνυτὴς τὰ ἔσχατα πείσεται, οἱ δὲ μηνυθέντες τῶν αὐτῶν ὑμῖν ἐπίτιμοι ὄντες μεθέξουσι. Καίτοι οὐχ ὑπὲρ αὑτοῦ ἀπολογήσεται, ἀλλὰ καὶ τῶν ἄλλων κατηγορήσει.
Τοὺς μὲν οὖν ἄλλους οἱ ἐπιτάξαντες καταδέξασθαι ἀδικοῦσι καὶ τοῦ αὐτοῦ ἀσεβήματος αἴτιοί εἰσιν· εἰ δ´ ὑμεῖς αὐτοκράτορες ἤδη ἔσεσθε οἱ ἀφελόντες τὰς τιμωρίας τῶν θεῶν, ἀλλ´ 〈οὐχ〉 οὗτοι αἴτιοι ἔσονται. Ὑμεῖς οὖν μὴ βούλεσθε εἰς ὑμᾶς τὴν αἰτίαν ταύτην περιτρέψαι, ἐξὸν τὸν ἀδικοῦντα κολάσασιν ἀπηλλάχθαι. <14> Ἔπειτα δ´ ἐκεῖνοι μὲν ἀρνοῦνται τὰ μεμηνυμένα, οὗτος δὲ ὁμολογεῖ ποιῆσαι. Καίτοι καὶ ἐν Ἀρείῳ πάγῳ, ἐν τῷ σεμνοτάτῳ καὶ δικαιοτάτῳ δικαστηρίῳ, ὁμολογῶν μὲν ἀδικεῖν ἀποθνῄσκει, ἐὰν δὲ ἀμφισβητῇ, ἐλέγχεται, καὶ πολλοὶ οὐδὲν ἔδοξαν ἀδικεῖν. Οὔκουν ὁμοίαν χρὴ γνώμην ἔχειν περί τε τῶν ἀρνουμένων καὶ περὶ τῶν ὁμολογούντων.
<15> Δεινὸν δέ μοι δοκεῖ εἶναι· ἐὰν μέν τις ἀνδρὸς σῶμα τρώσῃ, κεφαλὴν ἢ πρόσωπον ἢ χεῖρας ἢ πόδας, οὗτος μὲν κατὰ τοὺς νόμους τοὺς ἐξ Ἀρείου 〈πάγου〉 φεύξεται τὴν τοῦ ἀδικηθέντος πόλιν, καὶ ἐὰν κατίῃ, ἐνδειχθεὶς θανάτῳ ζημιωθήσεται· ἐὰν δέ τις τὰ αὐτὰ ταῦτα ἀδικήσῃ τὰ ἀγάλματα τῶν θεῶν, οὐδ´ αὐτῶν κωλύσετε τῶν ἱερῶν ἐπιβαίνειν ἢ εἰσιόντα 〈οὐ〉 τιμωρήσεσθε; καὶ μὲν δὴ τούτων καὶ δίκαιον καὶ ἀγαθόν ἐστιν ἐπιμελεῖσθαι, ὑφ´ ὧν καὶ εὖ καὶ κακῶς δυνήσεσθε πάσχειν. <16> Φασὶ δὲ καὶ τῶν Ἑλλήνων πολλοὺς διὰ τὰ ἐνθάδε ἀσεβήματα ἐκ τῶν παρ´ αὐτοῖς ἱερῶν ἐξείργειν. ὑμεῖς δὲ αὐτοὶ οἱ ἀδικηθέντες περὶ ἐλάττονος ποιεῖσθε τὰ παρ´ ὑμῖν νόμιμα ἢ ἕτεροι τὰ ὑμέτερα.
<17> Τοσοῦτο δ´ οὗτος Διαγόρου τοῦ Μηλίου ἀσεβέστερος γεγένηται· ἐκεῖνος μὲν γὰρ λόγῳ περὶ τὰ ἀλλότρια ἱερὰ καὶ ἑορτὰς ἠσέβει, οὗτος δὲ ἔργῳ περὶ τὰ ἐν τῇ αὑτοῦ πόλει. Ὀργίζεσθαι οὖν χρή, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, τοῖς ἀστοῖς ἀδικοῦσι μᾶλλον ἢ τοῖς ξένοις περὶ ταῦτα <τὰ ἱερά>· τὸ μὲν γὰρ ὥσπερ ἀλλότριόν ἐστιν ἁμάρτημα, τὸ δ´ οἰκεῖον. <18> Καὶ μὴ οὓς μὲν ἔχετε ἀδικοῦντας ἀφίετε, τοὺς δὲ φεύγοντας ζητεῖτε συλλαμβάνειν, ἐπικηρύττοντες τάλαντον ἀργυρίου δώσειν τῷ ἀπάγοντι ἢ ἀποκτείναντι. Εἰ δὲ μή, δόξετε τοῖς Ἕλλησι κομπάζειν μᾶλλον ἢ τιμωρεῖσθαι βούλεσθαι. <19> Ἐπεδείξατο δὲ καὶ τοῖς Ἕλλησιν ὅτι θεοὺς οὐ νομίζει. Οὐ γὰρ ὡς δεδιὼς τὰ πεποιημένα, ἀλλ´ ὡς θαρρῶν, ναυκληρίᾳ ἐπιθέμενος τὴν θάλατταν ἔπλει. Ὁ δὲ θεὸς ὑπῆγεν αὐτόν, ἵνα ἀφικόμενος εἰς τὰ ἁμαρτήματα ἐπὶ τῇ ἐμῇ προφάσει δοίη δίκην.
| [6,10] <10> Toutefois, on dit que Périclès vous conseillait un jour de faire usage contre les impies non seulement des lois écrites, mais des lois non écrites, d'après lesquelles les Eumolpides donnent leurs réponses : ces lois que personne ne put jamais abolir, qu'on n'osa jamais contredire, et dont on ne connaît pas même l'origine. Il pensait que les coupables satisferaient ainsi par leur punition non seulement aux hommes, mais encore aux dieux. <11> Andocide a tellement bravé les dieux, et les hommes chargés de poursuivre les sacrilèges, que, dix jours à peine après son retour dans la ville, il a intenté, devant le roi des sacrifices, un procès pour crime d'impiété. Oui, Andocide s'est fait donner action pour un délit de cette nature, après avoir offensé les dieux par des excès inouïs : et ce qui mérite encore plus d'être remarqué, il accusait Aristippe d'avoir mutilé l'Hermès de la famille d'Andocide. <12> Aristippe niait le fait, et protestait que l'Hermès était sain et entier, qu'il n'avait pas été mutilé comme le reste de ces statues. Cependant, pour n'être pas inquiété par un tel homme, il lui donna quelque argent, et se délivra de lui. Mais, puisqu'il s'est cru en droit de faire punir les autres pour crime d'impiété, les autres apparemment pourront le faire punir sans manquer à la religion ni à la justice.
<13> Il dira peut- être qu'il serait étrange que le dénonciateur subît les dernières punitions, tandis que les dénoncés jouissent de tous les privilèges de citoyen : non content de ne pas se justicier, il accusera.
Voici mon avis, Athéniens. Ceux qui vous ont forcés de recevoir les autres impies, sont coupables de la même impiété, et seuls en faute; mais si étant les maîtres, vous frustrez les déesses de la vengeance qui leur est due, ce sera vous seuls alors qui serez coupables. Evitez donc de vous charger des impiétés d'un sacrilège, lorsque vous pouvez, en le punissant, vous mettre à l'abri de tout reproche. <14> De plus, les autres dénoncés nient les faits, Andocide avoue. Or, dans l'Aréopage, ce tribunal respectable, si célèbre par son équité, un accusé qui avoue est condamné sur son aveu, tandis qu'on cherche à convaincre celui qui nie ; et l'on a vu plus d'une fois les accusés y être déclarés innocents. On doit donc agir différemment à l'égard de ceux qui nient et à l'égard de ceux qui avouent.
<15> Tout homme qui avec un mauvais dessein en a blessé un autre à la tète, au visage, aux pieds, aux mains, ou à quelque autre partie du corps», les lois de l'Aréopage veulent qu'il s'éloigne de la ville où réside l'homme blessé; et, supposé qu'il y revienne, il sera dénoncé et puni de mort. Et vous, vous n'empêcherez pas d'entrer dans les temples, ou vous ne punirez pas s'il y entre, un homme qui a mutilé les images des dieux ! Une telle inconséquence serait révoltante. Cependant, il est utile et juste de veiller à la conservation des choses saintes, qui peuvent faire votre bonheur ou votre malheur. <16> Nous apprenons que plusieurs peuples de la Grèce interdisent l'entrée de leurs temples à quelques citoyens d'Athènes pour les impiétés qu'ils ont commises dans cette ville : et vous, que le délit touche directement, vous vous montreriez moins fidèles que les autres au maintien de vos usages religieux !
<17> Andocide est bien plus criminel que Diagoras de Mélos. Diagoras n'a violé que par des discours les choses saintes et les fêtes d'un peuple étranger : au lieu qu'Andocide a profané par des actions celles de sa propre ville. Or, sans doute, vous devez sévir avec plus de rigueur contre les citoyens que contre les étrangers qui commettent chez vous des sacrilèges. La faute des uns est comme étrangère à celle des autres et est domestique. <18> Ne renvoyez pas absous les prévaricateurs que vous avez entre les mains, lorsque, cherchant à vous saisir de ceux qui ont pris la fuite, vous faites promettre un talent d'argent à quiconque leur ôtera la vie ou les arrêtera : sinon, vous paraîtrez aux Grecs ne vouloir que faire parade de sévérité, et non sincèrement punir. <19> Andocide s'est annoncé dans la Grèce comme ne croyant pas aux dieux, lui qui, sans être effrayé par ses crimes, plein d'une confiance coupable, s'est mis sur un vaisseau, et, faisant le commerce, a parcouru les mers. Les dieux l'ont ramené, afin que revenu dans le lieu même de son délit pour y trouver des honneurs, il y trouvât le supplice.
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