[32,10] ταῦτ' ἀκούσαντες ἐκπεπληγμένοι καὶ δακρύοντες ᾤχοντο πρὸς τὴν μητέρα, καὶ
παραλα῎βόντες ἐκείνην ἧκον πρὸς ἐμέ, οἰκτρῶς ὑπὸ τοῦ πάθους διακείμενοι καὶ
ἀθλίως ἐκπεπτωκότες, κλάοντες καὶ παρακαλοῦντές με μὴ περιιδεῖν αὐτοὺς
ἀποστερηθέντας τῶν πατρῴων μηδ' εἰς πτωχείαν καταστάντας, ὑβρισμένους ὑφ' ὧν
ἥκιστα ἐχρῆν, ἀλλὰ βοηθῆσαι καὶ τῆς ἀδελφῆς ἕνεκα καὶ σφῶν αὐτῶν. πολλὰ ἂν εἴη
λέγειν, ὅσον πένθος ἐν τῇ ἐμῇ οἰκίᾳ ἦν ἐν ἐκείνῳ τῷ χρόνῳ. τελευτῶσα δὲ ἡ μήτηρ
αὐτῶν ἠντεβόλει με καὶ ἱκέτευε συναγαγεῖν αὐτῆς τὸν πατέρα καὶ τοὺς φίλους,
εἰποῦσα ὅτι, εἰ καὶ μὴ πρότερον εἴθισται λέγειν ἐν ἀνδράσι, τὸ μέγεθος αὐτὴν
ἀναγκάσει τῶν συμφορῶν περὶ τῶν σφετέρων κακῶν δηλῶσαι πάντα πρὸς ἡμᾶς.
ἐλθὼν δ' ἐγὼ ἠγανάκτουν μὲν πρὸς Ἡγήμονα τὸν ἔχοντα τὴν τούτου θυγατέρα,
λόγους δ' ἐποιούμην πρὸς τοὺς ἄλλους ἐπιτηδείους, ἠξίουν δὲ τοῦτον εἰς ἔλεγχον ἰέναι
περὶ τῶν χρημάτων. Διογείτων δὲ τὸ μὲν πρῶτον οὐκ ἤθελε, τελευτῶν δὲ ὑπὸ τῶν
φίλων ἠναγκάσθη. ἐπειδὴ δὲ συνήλθομεν, ἤρετο αὐτὸν ἡ γυνή, τίνα ποτὲ ψυχὴν ἔχων
ἀξιοῖ περὶ τῶν παίδων τοιαύτῃ γνώμῃ χρῆσθαι, "ἀδελφὸς μὲν ὢν τοῦ πατρὸς αὐτῶν,
πατὴρ δ' ἐμός, θεῖος δὲ αὐτοῖς καὶ πάππος. καὶ εἰ μηδένα ἀνθρώπων ᾐσχύνου, τοὺς
θεοὺς ἐχρῆν σε" φησί "δεδιέναι: ὃς ἔλαβες μέν, ὅτ' ἐκεῖνος ἐξέπλει, πέντε τάλαντα
παρ' αὐτοῦ παρακαταθήκην. καὶ περὶ τούτων ἐγὼ ἐθέλω τοὺς παῖδας παραστησαμένη
καὶ τούτους καὶ τοὺς ὕστερον ἐμαυτῇ γενομένους ὀμόσαι ὅπου ἂν αὐτὸς λέγῃς. καίτοι
οὐχ οὕτως ἐγώ εἰμι ἀθλία, οὐδ' οὕτω περὶ πολλοῦ ποιοῦμαι χρήματα, ὥστ'
ἐπιορκήσασα κατὰ τῶν παίδων τῶν ἐμαυτῆς τὸν βίον καταλύειν, ἀδίκως δὲ
ἀφελέσθαι τὴν τοῦ πατρὸς οὐσίαν". ἔτι τοίνυν ἐξήλεγχεν αὐτὸν ἑπτὰ τάλαντα
κεκομισμένον ναυτικὰ καὶ τετρακισχιλίας δραχμάς, καὶ τούτων τὰ γράμματα
ἀπέδειξεν: ἐν γὰρ τῇ διοικίσει, ὅτ' ἐκ Κολλυτοῦ διῳκίζετο εἰς τὴν Φαίδρου οἰκίαν, τοὺς
παῖδας ἐπιτυχόντας ἐκβεβλημένῳ τῷ βιβλίῳ ἐνεγκεῖν πρὸς αὐτήν.
| [32,10] Atterrés et en larmes après ce qu'ils avaient entendu, ils se
rendent près de leur mère, puis, en sa compagnie, viennent
me trouver. Le coup était affreux pour eux et, se voyant
chassés comme des misérables, ils me demandaient en pleurant
de ne pas les laisser spolier du bien paternel et réduire
à la mendicité par celui qui aurait dû être le dernier à les
traiter aussi indignement; ils m'appelaient à leur secours,
pour leur soeur comme pour eux-mêmes. 11 Quel deuil
c'était alors dans ma maison, il serait trop long de vous le dire.
Enfin, leur mère me pria, me supplia de convoquer son père
et les amis de la maison : « si peu habituée qu'elle fût,
disait-elle, à parler devant des hommes, elle saurait bien,
sous le coup d'une aussi grande infortune, nous exposer toute
leur misère ». 12 J'allai donc trouver Hégémon, mari de
la fille de Diogiton, à qui j'exprimai mon indignation; je
parlai de la chose aux autres parents et amis, et je priai
Diogiton de venir se justifier au sujet de la succession. Il
refusa d'abord; mais, finalement, ses amis l'y obligèrent, et
la réunion eut lieu : « Quel coeur as-tu, lui demanda sa fille,
pour te comporter ainsi à l'égard des enfants, toi, le frère de
leur père, mon père à moi, leur oncle et leur grand-père?
13 Même si tu ne rougissais devant aucun homme, tu aurais
dû craindre les Dieux. Oui, tu as reçu de ton frère, quand
il s'embarqua, cinq talents en dépôt : cela, je suis prête à
le jurer sur la tête de mes enfants de ceux-ci et de ceux
que j'ai eus depuis, à l'endroit que tu indiqueras toi-même.
Et pourtant, je ne suis pas assez misérable, assez attachée à
l'argent pour vouloir quitter la vie après m'être parjurée sur
la tête de mes enfants et pour soustraire injustement le bien
de mon père ». 14 Elle le convainquit encore d'avoir
recouvré sept talents et quatre mille drachmes de prêts maritimes,
dont elle produisit les relevés : elle expliqua qu'au
moment où il déménageait du dème de Collytos pour aller
dans la maison de Phèdre, les enfants avaient trouvé par
hasard le registre égaré dans le transport et le lui avaient
apporté.
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