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[10] οὐ γὰρ πρότερον ἰδόντες
ἐλέφαντα οὔτε αὐτοὶ Γαλάται οὔτε οἱ ἵπποι αὐτῶν
οὕτω πρὸς τὸ παράδοξον τῆς ὄψεως ἐταράχθησαν,
ὥστε πόρρω ἔτι τῶν θηρίων ὄντων ἐπεὶ μόνον
τετριγότων ἤκουσαν καὶ τοὺς ὀδόντας εἶδον
ἀποστίλβοντας ἐπισημότερον ὡς ἂν ἐκ μέλανος
τοῦ παντὸς σώματος καὶ τὰς προνομαίας ὡς ἐς
ἁρπαγὴν ὑπεραιωρουμένας, πρὶν ἢ τὸ τόξευμα
ἐξικνεῖσθαι, ἐκκλίναντες σὺν οὐδενὶ κόσμῳ ἔφευγον,
οἱ μὲν πεζοὶ περιπειρόμενοι ὑπ´ ἀλλήλων τοῖς
δορατίοις καὶ συμπατούμενοι ὑπὸ τῶν ἱππέων ὡς
εἶχον ἐμπεσόντων ἐπ´ αὐτούς, τὰ ἅρματα δέ, ἀναστρέψαντα
καὶ ταῦτα ἔμπαλιν εἰς τοὺς οἰκείους,
οὐκ ἀναιμωτὶ διεφέρετο ἐν αὐτοῖς, ἀλλὰ τὸ τοῦ
Ὁμήρου, "δίφροι δ´ ἀνεκυμβαλίαζον." οἱ ἵπποι
δ´ ἐπείπερ ἅπαξ τῆς ἐς τὸ εὐθὺ ὁδοῦ ἀπετρέποντο
οὐκ ἀνασχόμενοι τῶν ἐλεφάντων, τοὺς ἐπιβάτας
ἀποβαλόντες "κείν´ ὄχεα κροτάλιζον" τέμνοντες
νὴ Δία καὶ διαιροῦντες τοῖς δρεπάνοις εἴ τινας τῶν
φίλων καταλάβοιεν. πολλοὶ δὲ ὡς ἐν ταράχῳ
τοσούτῳ κατελαμβάνοντο. εἵποντο δὲ καὶ οἱ ἐλέφαντες
συμπατοῦντες καὶ ἀναρριπτοῦντες ταῖς
προνομαίαις ἐς ὕψος καὶ συναρπάζοντες καὶ τοῖς
ὀδοῦσι περιπείροντες, καὶ τέλος οὗτοι κατὰ κράτος
παραδιδόασι τῷ Ἀντιόχῳ τὴν νίκην.
| [10] Les Galates et leurs chevaux, n'ayant jamais vu
d'éléphants, sont si épouvantés de ce spectacle inattendu,
que, loin même de ces animaux, au seul bruit de leurs cris,
à la vue de leurs défenses, dont la blancheur était relevée
par la couleur noire de leur corps, à l'aspect de leurs
trompes dressées et menaçant de saisir ce qu'ils pourraient
rencontrer, ils lâchent pied avant qu'on en vienne à une
portée de trait, et s'enfuient en désordre. Les fantassins
s'entrepercent de leurs lances, et sont foulés aux pieds des
cavaliers, qui se ruent sur eux de toute leur vitesse. Les
chars, retournés contre leur propre parti, ensanglantent
leur passage, et, comme dit Homère :
"ils tombent, et tombant roulent avec fracas".
Les chevaux, une fois lancés hors de leur route et ne
pouvant tenir contre les éléphants, jettent à bas leurs
conducteurs,
"Traînent par les sentiers le char vide et sonore",
coupent et déchirent avec les faux ceux mêmes de leurs
amis qui sont renversés. Or, combien n'y en avait-il pas de
gisants au milieu de cet affreux tumulte ! Cependant les
éléphants poursuivent leur course, écrasant sous leurs pas,
lançant en l'air avec leurs trompes, et perçant de leurs
défenses tout ce qu'ils rencontrent. En un mot, ils font
remporter à Antiochus une victoire complète.
| [11] Οἱ Γαλάται δὲ οἱ μὲν ἐτεθνήκεσαν, πολλοῦ τοῦ
φόνου γενομένου, οἱ δὲ ζῶντες ἐλαμβάνοντο, πλὴν
πάνυ ὀλίγοι ὁπόσοι ἔφθασαν εἰς τὰ ὄρη ἀναφυγόντες,
οἱ Μακεδόνες δὲ ὅσοι σὺν Ἀντιόχῳ ἦσαν,
ἐπαιώνιζον καὶ προσιόντες ἄλλος ἀλλαχόθεν ἀνέδουν
τὸν βασιλέα καλλίνικον ἀναβοῶντες. ὁ δὲ
καὶ δακρύσας, ὥς φασιν, Αἰσχυνώμεθα, ἔφη, ὦ
στρατιῶται, οἷς γε ἡ σωτηρία ἐν ἑκκαίδεκα
τούτοις θηρίοις ἐγένετο· ὡς εἰ μὴ τὸ καινὸν τοῦ
θεάματος ἐξέπληξε τοὺς πολεμίους, τί ἂν ἡμεῖς
ἦμεν πρὸς αὐτούς; ἔπι τε τῷ τροπαίῳ κελεύει
ἄλλο μηδέν, ἐλέφαντα δὲ μόνον ἐγκολάψαι.
| [11] La plupart des Galates périssent dans un immense
carnage, quelques-uns sont faits prisonniers. Le reste, en
petit nombre, se sauve à travers les montagnes. Tous les
Macédoniens, qui servaient sous Antiochus, chantaient le
péan de triomphe. Ils entouraient le roi, en jetant de
grands cris et en lui présentant des couronnes, mais lui, les
larmes aux yeux, dit-on : "Rougissons, soldats, s'écria-t-il,
de devoir notre salut à seize éléphants. Si l'étrangeté de
cette vue n'avait frappé de terreur nos ennemis, que
serions-nous devenus contre eux ?" Il ordonna même que
sur le trophée l'on ne gravât que la figure d'un éléphant.
| [12] Ὥρα τοίνυν με σκοπεῖν μὴ καὶ τοὐμὸν ὅμοιον ᾖ
τῷ Ἀντιόχῳ τὰ μὲν ἄλλα οὐκ ἄξιον μάχης,
ἐλέφαντες δέ τινες καὶ ξένα μορμολύκεια πρὸς τοὺς
ὁρῶντας καὶ θαυματοποιία ἄλλως· ἐκεῖνα γοῦν
ἐπαινοῦσι πάντες. οἷς δὲ ἐγὼ ἐπεποίθειν, οὐ πάνυ
ταῦτα ἐν λόγῳ παρ´ αὐτοῖς ἐστιν, ἀλλ´ ὅτι μὲν
θήλεια Ἱπποκένταυρος γεγραμμένη, τοῦτο μόνον
ἐκπλήττονται καὶ ὥσπερ ἐστί, καινὸν καὶ τεράστιον
δοκεῖ αὐτοῖς. τὰ δὲ ἄλλα μάτην ἄρα τῷ Ζεύξιδι
πεποίηται; ἀλλ´ οὐ μάτην—γραφικοὶ γὰρ ὑμεῖς
καὶ μετὰ τέχνης ἕκαστα ὁρᾶτε. εἴη μόνον ἄξια
τοῦ θεάτρου δεικνύειν.
| [12] C'est à moi maintenant de prendre garde à ne point
avoir, comme Antiochus, un appareil insignifiant de bataille,
mais je ne sais quels éléphants, des épouvantails nouveaux
aux spectateurs, de véritables tours de force : c'est en effet
là ce qui ravit leurs suffrages, tandis qu'ils ne font aucun
cas des parties sur lesquelles j'avais compté. Un tableau
qui représente une centauresse les frappe d'admiration, et
leur paraît, comme il l'est d'ailleurs, une merveille
singulière et nouvelle. Mais quoi donc ! est-ce en pure perte
que Zeuxis aura travaillé le reste ! Non, sans doute, car
vous êtes de bons juges en fait de peinture, vous
connaissez les règles de l'art, pourvu que les oeuvres qui
vous sont offertes soient dignes du théâtre où elles se
produisent.
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