HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Lucien, Zeuxis ou Antiochus

Chapitres 1-3

  Chapitres 1-3

[0] ΖΕΥΞΙΣ Η ΑΝΤΙΟΧΟΣ. [0] ZEUXIS OU ANTIOCHUS.
[1] Ἔναγχος ἐγὼ μὲν ὑμῖν δείξας τὸν λόγον ἀπῄειν οἴκαδε, προσιόντες δέ μοι τῶν ἀκηκοότων πολλοὶ (κωλύει γὰρ οὐδέν οἶμαι καὶ τὰ τοιαῦτα πρὸς φίλους ἤδη ὄντας ὑμᾶς λέγειν)—προσιόντες οὖν ἐδεξιοῦντο καὶ θαυμάζουσιν ἐῴκεσαν. ἐπὶ πολὺ γοῦν παρομαρτοῦντες ἄλλος ἄλλοθεν ἐβόων καὶ ἐπῄνουν ἄχρι τοῦ καὶ ἐρυθριᾶν με, μὴ ἄρα πάμπολυ τῆς ἀξίας τῶν ἐπαίνων ἀπολειποίμην. τὸ δ´ οὖν κεφάλαιον αὐτοῖς τοῦτο ἦν, καὶ πάντες ἓν καὶ τὸ αὐτὸ ἐπεσημαίνοντο, τὴν γνώμην τῶν συγγραμμάτων ξένην οὖσαν καὶ πολὺν ἐν αὐτῇ τὸν νεωτερισμόν. μᾶλλον δὲ αὐτὰ εἰπεῖν ἄμεινον ἅπερ ἐκεῖνοι ἐπεφθέγγοντο· " τῆς καινότητος. Ἡράκλεις, τῆς παραδοξολογίας. εὐμήχανος ἄνθρωπος. οὐδὲν ἄν τις εἴποι τῆς ἐπινοίας νεαρώτερον." οἱ μὲν τοιαῦτα πολλὰ ἔλεγον, ὡς ἐκεκίνηντο δηλαδὴ ὑπὸ τῆς ἀκροάσεως. τίνα γὰρ ἂν αἰτίαν εἶχον ψεύδεσθαι καὶ κολακεύειν τὰ τοιαῦτα ξένον ἄνθρωπον, οὐ πάνυ πολλῆς αὐτοῖς φροντίδος ἄξιον τὰ ἄλλα; [1] Dernièrement, après vous avoir récité un discours, je retournais à ma demeure, lorsque plusieurs de ceux qui m'avaient entendu, rien ne m'empêche de vous raconter ce fait, à vous qui êtes déjà mes amis, m'abordèrent avec politesse et d'un air qui témoignait de l'admiration. Ils m'accompagnèrent assez longtemps, poussant des cris, se répandant en éloges, au point de me faire rougir, dans la crainte que ces éloges ne fussent pas mérités. Mais ce qui surtout excitait leur enthousiasme c’était la singularité de mes compositions et la nouveauté de ma manière d'écrire. Rapportons quelques-unes de leurs exclamations : "Que cela est neuf ! disaient-ils. Par Hercule ! Quel tour original ! L'habile homme ! On n'a jamais fait entendre semblable langage." Voilà ce qu'ils disaient, et autres choses pareilles, encore fort émus de ma lecture. Et quel motif auraient-ils eu de déguiser leurs sentiments et de flatter un étranger qui, dans tout le reste, doit leur être complètement indifférent ?
[2] Πλὴν ἐμέ γε (εἰρήσεται γάρ) οὐ μετρίως ἠνία ἔπαινος αὐτῶν, καὶ ἐπειδή ποτε ἀπελθόντων κατ´ ἐμαυτὸν ἐγενόμην ἐκεῖνα ἐνενόουν· οὐκοῦν τοῦτο μόνον χάριεν τοῖς ἐμοῖς ἔνεστιν, ὅτι μὴ συνήθη μηδὲ κατὰ τὸ κοινὸν βαδίζει τοῖς ἄλλοις, ὀνομάτων δὲ ἄρα καλῶν ἐν αὐτοῖς καὶ πρὸς τὸν ἀρχαῖον κανόνα συγκειμένων νοῦ ὀξέος περινοίας τινὸς χάριτος Ἀττικῆς ἁρμονίας τέχνης τῆς ἐφ´ ἅπασι, τούτων δὲ πόρρω ἴσως τοὐμόν. οὐ γὰρ ἂν παρέντες αὐτὰ ἐκεῖνα ἐπῄνουν μόνον τὸ καινὸν τῆς προαιρέσεως καὶ ξενίζον. ἐγὼ δὲ μάταιος ᾤμην, ὁπότε ἀναπηδῶντες ἐπαινοῖεν, τάχα μέν τι καὶ αὐτὸ τοῦτο προσάγεσθαι αὐτούς· ἀληθὲς γὰρ εἶναι τὸ τοῦ Ὁμήρου, καὶ τὴν νέαν ᾠδὴν κεχαρισμένην ὑπάρχειν τοῖς ἀκούουσιν· οὐ μὴν τοσοῦτόν γε οὐδὲ ὅλον τῇ καινότητι νέμειν ἠξίουν, ἀλλὰ τὴν μὲν ὥσπερ ἐν προσθήκης μοίρᾳ συνεπικοσμεῖν τι καὶ πρὸς τὸν ἔπαινον συντελεῖν καὶ αὐτήν, τὰ δὲ τῷ ὄντι ἐπαινούμενα καὶ ὑπὸ τῶν ἀκουόντων εὐφημούμενα ἐκεῖνα εἶναι. ὥστε οὐ μετρίως ἐπήρμην καὶ ἐκινδύνευον πιστεύειν αὐτοῖς ἕνα καὶ μόνον ἐν τοῖς Ἕλλησιν εἶναι λέγουσι καὶ τὰ τοιαῦτα. τὸ δὲ κατὰ τὴν παροιμίαν ἄνθρακες ἡμῶν θησαυρὸς ἦσαν, καὶ ὀλίγου δέω θαυματοποιοῦ τινος ἔπαινον ἐπαινεῖσθαι πρὸς αὐτῶν. [2] Eh bien, je l'avouerai, ces louanges me firent beaucoup de peine. Aussi, lorsqu'ils se furent retirés et que je me trouvai seul, je me dis à moi-même : "Quoi donc ? Mes écrits n'ont d'autre agrément que leur singularité, d'autre mérite que de sortir de la route ordinaire ? Et cet heureux choix d'expressions, dont les écrivains anciens nous ont laissé le modèle, cette vivacité de pensées, cette finesse d'imagination, cette grâce attique, cette harmonie, l'art enfin qui résulte de toutes ces qualités, manque-t-il donc à mes oeuvres ? Si cela n'était, on ne se serait pas contenté de louer la nouveauté et l'étrangeté de ma composition. Insensé, qui m'étais imaginé que, quand les auditeurs se lèveraient pour applaudir, ce ne serait pas la nouveauté seule qui les enchanterait, suivant cette parole d'Homère : "Toujours un nouveau chant fait plaisir aux oreilles" ; mais que, quel que fût ce mérite, je pouvais me flatter de ne le voir considérer que comme un accessoire, un simple ornement, qui contribuait à la perfection du reste, tandis qu'on louerait, avant tout, et qu'on estimerait dans l'auditoire les autres qualités dont j'ai fait mention !" Aussi, grande était déjà ma fierté : j'étais sur le point de croire à ce que j'entendais répéter, à savoir que j'étais unique dans mon genre parmi les Grecs, et autres compliments semblables. Mais, comme on dit, mon trésor s'en est allé en charbons, et peu s'en faut que je ne sois loué tout simplement comme une espèce de charlatan.
[3] Ἐθέλω γοῦν ὑμῖν καὶ τὸ τοῦ γραφέως διηγήσασθαι. Ζεῦξις ἐκεῖνος ἄριστος γραφέων γενόμενος τὰ δημώδη καὶ τὰ κοινὰ ταῦτα οὐκ ἔγραφεν, ὅσα πάνυ ὀλίγα, ἥρωας θεοὺς πολέμους, ἀεὶ δὲ καινοποιεῖν ἐπειρᾶτο καί τι ἀλλόκοτον ἂν καὶ ξένον ἐπινοήσας ἐπ´ ἐκείνῳ τὴν ἀκρίβειαν τῆς τέχνης ἐπεδείκνυτο. ἐν δὲ τοῖς ἄλλοις τολμήμασι καὶ θήλειαν Ἱπποκένταυρον Ζεῦξις οὗτος ἐποίησεν, ἀνατρέφουσάν γε προσέτι παιδίω Ἱπποκενταύρω διδύμω κομιδῇ νηπίω. τῆς εἰκόνος ταύτης ἀντίγραφός ἐστι νῦν Ἀθήνησι πρὸς αὐτὴν ἐκείνην ἀκριβεῖ τῇ στάθμῃ μετενηνεγμένη. τὸ ἀρχέτυπον δὲ αὐτὸ Σύλλας Ῥωμαίων στρατηγὸς ἐλέγετο μετὰ τῶν ἄλλων εἰς Ἰταλίαν πεπομφέναι, εἶτα περὶ Μαλέαν οἶμαι καταδύσης τῆς ὁλκάδος ἀπολέσθαι ἅπαντα καὶ τὴν γραφήν. πλὴν ἀλλὰ τήν γε εἰκόνα τῆς εἰκόνος εἶδον, καὶ αὐτὸς ὑμῖν ὡς ἂν οἷός τε δείξω τῷ λόγῳ, οὐ μὰ τὸν Δία γραφικός τις ὤν, ἀλλὰ πάνυ μέμνημαι οὐ πρὸ πολλοῦ ἰδὼν ἔν τινος τῶν γραφέων Ἀθήνησι. καὶ τὸ ὑπερθαυμάσαι τότε τὴν τέχνην τάχ´ ἄν μοι καὶ νῦν πρὸς τὸ σαφέστερον δηλῶσαι συναγωνίσαιτο. [3] Je veux donc, à ce propos, vous raconter ce que fit un peintre en pareille circonstance. Le fameux Zeuxis, cet admirable artiste, n'exerçait jamais son talent sur des sujets communs ou vulgaires. Il était rare, du moins, qu'il peignît des héros, des dieux, des batailles. Il cherchait toujours quelque chose de nouveau, une conception extraordinaire et étrange, et c'était là qu'il déployait toute la puissance de son talent. Parmi les oeuvres les plus hardies de Zeuxis, on peut citer le tableau qui représente une hippocentaure femelle, allaitant deux petits qui viennent de naître. Athènes en possède aujourd'hui une copie fort exacte. L'original fut, dit-on, envoyé à Rome par Sylla, général des Romains, mais on raconte que le vaisseau qui transportait ce tableau périt, ainsi que le tableau même, à la hauteur du cap Malée. Je vais cependant essayer de vous donner une idée de la copie, que j'ai eue dernièrement sous les yeux, non que je sois, ma foi, bon connaisseur en peinture, mais parce que j'en ai le souvenir bien présent, pour l'avoir vue à Athènes chez un peintre. La vive admiration dont m'a frappé alors ce chef-d’œuvre m'en facilitera beaucoup maintenant la description.


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Dernière mise à jour : 28/05/2009