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[0] (ΖΕΥΣ) ΕΛΕΓΧΟΜΕΝΟΣ.
(ΚΥΝΙΣΚΟΣ)
| [0] Jupiter confondu.
| [1] Ἐγὼ δέ, ὦ Ζεῦ, τὰ μὲν τοιαῦτα οὐκ ἐνοχλήσω
σε πλοῦτον ἢ χρυσὸν ἢ βασιλείαν αἰτῶν, ἅπερ
εὐκταιότατα τοῖς πολλοῖς, σοὶ δ´ οὐ πάνυ ῥᾴδια
παρασχεῖν· ὁρῶ γοῦν σε τὰ πολλὰ παρακούοντα
εὐχομένων αὐτῶν. ἓν δέ, καὶ τοῦτο ῥᾷστον,
ἐβουλόμην παρὰ σοῦ μοι γενέσθαι.
(ΖΕΥΣ)
Τί τοῦτό ἐστιν, ὦ Κυνίσκε; οὐ γὰρ ἀτυχήσεις,
καὶ μάλιστα μετρίων, ὡς φής, δεόμενος.
(ΚΥΝΙΣΚΟΣ)
Ἀπόκριναί μοι πρός τινα οὐ χαλεπὴν ἐρώτησιν.
(ΖΕΥΣ)
Μικρά γε ὡς ἀληθῶς ἡ εὐχὴ καὶ πρόχειρος·
ὥστε ἐρώτα ὁπόσα ἂν ἐθέλῃς.
(ΚΥΝΙΣΚΟΣ)
Ἰδοὺ ταῦτα, ὦ Ζεῦ· ἀνέγνως γὰρ δῆλον ὅτι καὶ
σὺ τὰ Ὁμήρου καὶ Ἡσιόδου ποιήματα· εἰπὲ οὖν
μοι εἰ ἀληθῆ ἐστιν ἃ περὶ τῆς Εἱμαρμένης καὶ
τῶν Μοιρῶν ἐκεῖνοι ἐρραψῳδήκασιν, ἄφυκτα
εἶναι ὁπόσα ἂν αὗται ἐπινήσωσιν γεινομένῳ ἑκάστῳ;
(ΖΕΥΣ)
Καὶ πάνυ ἀληθῆ ταῦτα· οὐδὲν γάρ ἐστιν ὅ τι
μὴ αἱ Μοῖραι διατάττουσιν, ἀλλὰ πάντα ὁπόσα
γίνεται, ὑπὸ τῷ τούτων ἀτράκτῳ στρεφόμενα
εὐθὺς ἐξ ἀρχῆς ἕκαστον ἐπικεκλωσμένην ἔχει τὴν
ἀπόβασιν, καὶ οὐ θέμις ἄλλως γενέσθαι.
| [1] CYNlSCUS. Moi, je ne viens pas ici, Jupiter, t'importuner de mes vœux,
te demander richesses, trésors, puissance, tout ce que souhaite le
commun des hommes, et qu'il n'est pas très facile de leur accorder ; car
je te vois souvent faire semblant de ne pas les entendre ; mais je ne
désire de toi qu'une seule chose, et on ne peut plus aisée.
JUPITER. Qu'est-ce donc, Cyniscus ? Tu seras exaucé, surtout si ta
demandé est aussi modeste que tu le dis.
CYNlSCUS. Réponds-moi donc, je te prie, à une question tout à fait simple.
JUPITER. Vraiment, tes vœux sont modérés et faciles à satisfaire. Fais-moi
toutes les questions qu'il te plaira.
CYNlSCUS. Voici ce dont il s'agit, Jupiter. Tu as lu probablement les
Poèmes d'Homère et ceux d'Hésiode ; dis-moi si l'on doit regarder
comme vrai ce qu'ils chantent dans leurs rhapsodies au sujet de la
Destinée et des Parques, qu'il est impassible d'éviter le sort, qu'elles ont
filé à chacun au moment de si naissance.
JUPITER. C'est très vrai. Il n'est rien qui ne soit ordonné par les Parques :
tout ce qui arrive est l'œuvre de leur fuseau, et l'événement est toujours
tel qu'elles l'ont filé dès l'origine : il n'est pas possible qu'il en soit
autrement.
| [2] (ΚΥΝΙΣΚΟΣ)
Οὐκοῦν ὁπόταν ὁ αὐτὸς Ὅμηρος ἐν ἑτέρῳ μέρει
τῆς ποιήσεως λέγῃ,
μὴ καὶ ὑπὲρ μοῖραν δόμον Ἄϊδος
καὶ τὰ τοιαῦτα, ληρεῖν δηλαδὴ φήσομεν τότε αὐτόν;
(ΖΕΥΣ)
Καὶ μάλα· οὐδὲν γὰρ οὕτω γένοιτ´ ἂν ἔξω τοῦ
νόμου τῶν Μοιρῶν, οὐδὲ ὑπὲρ τὸ λίνον. οἱ
ποιηταὶ δὲ ὁπόσα μὲν ἂν ἐκ τῶν Μουσῶν κατεχόμενοι
ᾄδωσιν, ἀληθῆ ταῦτά ἐστιν· ὁπόταν δὲ
ἀφῶσιν αὐτοὺς αἱ θεαὶ καὶ καθ´ αὑτοὺς ποιῶσι,
τότε δὴ καὶ σφάλλονται καὶ ὑπεναντία τοῖς πρότερον
διεξίασι· καὶ συγγνώμη, εἰ ἄνθρωποι ὄντες
ἀγνοοῦσι τἀληθές, ἀπελθόντος ἐκείνου ὃ τέως
παρὸν ἐρραψῴδει δι´ αὐτῶν.
(ΚΥΝΙΣΚΟΣ)
Ἀλλὰ τοῦτο μὲν οὕτω φήσομεν. ἔτι δὲ κἀκεῖνό
μοι ἀπόκριναι· οὐ τρεῖς αἱ Μοῖραί εἰσι, Κλωθὼ
καὶ Λάχεσις, οἶμαι, καὶ Ἄτροπος;
(ΖΕΥΣ)
Πάνυ μὲν οὖν.
| [2] CYNlSCUS. Ainsi, lorsque Homère dit dans une autre partie de son poème :
Afin que, résistant aux lois fixes du sort,
Tu ne descendes pas au séjour de la mort,
et le reste, nous pouvons affirmer que c'est un radotage tout pur.
JUPITER. Certainement. Rien de pareil ne peut arriver sans l'ordre des
Parques et contrairement à leur fil. Tout ce que les poètes chantent sous
l'inspiration des Muses est conforme à la vérité. Mais quand ces déesses
les abandonnent, et qu'ils n'écrivent que de leur propre fonds, alors ils se
trompent et débitent le contraire de ce qu'ils ont dit auparavant. Il faut
d'ailleurs les excuser : ils sont hommes, et la vérité leur échappe, dès
qu'ils n'ont plus ce souffle divin, qui inspirait leurs rhapsodies.
CYNlSCUS. Eh bien, supposons qu'il en soit ainsi. Réponds encore à cette
question. Les Parques ne sont-elles pas au nombre de trois, Clotho,
Lachésis, je crois, et Atropos ?
JUPITER. Sans doute.
| [3] (ΚΥΝΙΣΚΟΣ)
Ἡ Εἱμαρμένη τοίνυν καὶ ἡ Τύχη—πολυθρύλητοι
γὰρ πάνυ καὶ αὗται—τίνες πότ´ εἰσὶν
ἢ τί δύναται αὐτῶν ἑκατέρα; πότερον τὰ ἴσα
ταῖς Μοίραις ἤ τι καὶ ὑπὲρ ἐκείνας; ἀκούω γοῦν
ἁπάντων λεγόντων, μηδὲν εἶναι Τύχης καὶ Εἱμαρμένης
δυνατώτερον.
(ΖΕΥΣ)
Οὐ θέμις ἅπαντά σε εἰδέναι, ὦ Κυνίσκε· τίνος
δ´ οὖν ἕνεκα ἠρώτησας τὸ περὶ τῶν Μοιρῶν;
| [3] CYNlSCUS. Qu'est-ce donc que la Destinée et la Fortune, dont on parle
tant ? Quelle est la puissance de chacune d'elles ? Est-elle égale ou
supérieure à celle des Parques ? J'entends dire à tous les hommes que
rien n'est plus puissant que la Fortune et la Destinée.
JUPITER. Il ne t'est pas permis de tout savoir, Cyniscus. Mais pourquoi
me fais-tu cette question à propos des Parques ?
| [4] (ΚΥΝΙΣΚΟΣ)
Ἢν πρότερόν μοι, ὦ Ζεῦ, κἀκεῖνο εἴπῃς, εἰ καὶ
ὑμῶν αὗται ἄρχουσι καὶ ἀνάγκη ὑμῖν ἠρτῆσθαι
ἀπὸ τοῦ λίνου αὐτῶν.
(ΖΕΥΣ)
Ἀνάγκη, ὦ Κυνίσκε. τί δ´ οὖν ἐμειδίασας;
(ΚΥΝΙΣΚΟΣ)
Ἀνεμνήσθην ἐκείνων τῶν Ὁμήρου ἐπῶν, ἐν οἷς
πεποίησαι αὐτῷ ἐν τῇ ἐκκλησίᾳ τῶν θεῶν δημηγορῶν,
ὁπότε ἠπείλεις αὐτοῖς ὡς ἀπὸ σειρᾶς
τινος χρυσῆς ἀναρτησόμενος τὰ πάντα· ἔφησθα
γὰρ αὐτὸς μὲν τὴν σειρὰν καθήσειν ἐξ οὐρανοῦ,
τοὺς θεοὺς δὲ ἅμα πάντας, εἰ βούλοιντο, ἐκκρεμαμένους
κατασπᾶν βιάσεσθαι, οὐ μὴν κατασπάσειν
γε, σὺ δέ, ὁπόταν ἐθελήσῃς, ῥᾳδίως ἅπαντας
αὐτῇ κεν γαίῃ ἐρύσαι αὐτῇ τε θαλάσσῃ.
τότε μὲν οὖν θαυμάσιος ἐδόκεις μοι τὴν βίαν καὶ
ὑπέφριττον μεταξὺ ἀκούων τῶν ἐπῶν· νῦν δὲ
αὐτόν σε ἤδη ὁρῶ μετὰ τῆς σειρᾶς καὶ τῶν
ἀπειλῶν ἀπὸ λεπτοῦ νήματος, ὡς φής, κρεμάμενον.
δοκεῖ γοῦν μοι δικαιότερον ἂν ἡ Κλωθὼ
μεγαλαυχήσασθαι, ὡς καὶ σὲ αὐτὸν ἀνάσπαστον
αἰωροῦσα ἐκ τοῦ ἀτράκτου καθάπερ οἱ ἁλιεῖς ἐκ
τοῦ καλάμου τὰ ἰχθύδια.
| [4] CYNlSCUS. Je te le dirai, quand tu auras répondu à ceci : ces trois
sœurs vous commandent-elles aussi, Jupiter, et êtes- vous contraints
d'être suspendus à leur fuseau ?
JUPITER. Nous y sommes contraints, Cyniscus. Qu'as-tu donc à rire ?
CYNlSCUS. C'est que je me rappelle certains vers d'Homère, où le poète
te représente haranguant dans l’assemblée des dieux, en les menaçant
de suspendre l'univers à une chaîne d'or. Tu dis que tu jetteras du ciel
une chaîne, à laquelle tous les dieux attachés s'efforceraient en vain, s'ils
le voulaient, de t'entraîner en bas, mais que toi, tu pourrais, à ton gré,
les enlever tous,
"Avec la terre entière et l'abîme des mers".
Tu me parus alors d'une force étonnante ; je frissonnais au seul récit de
ces vers : maintenant, au contraire, je te vois avec ta chaîne et tes
menaces suspendu, suivant ton aveu, à un léger fil. Il me semble que
Clotho a plus raison que toi d'être fière de son pouvoir, puisqu'elle
t'enlève et te suspend à son fuseau, comme les pécheurs enlèvent les
petits poissons avec leur ligne.
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