[1] Οὐ πρῶτος Ἀνάχαρσις ἀφίκετο ἐκ Σκυθίας
Ἀθήναζε παιδείας ἐπιθυμίᾳ τῆς Ἑλληνικῆς, ἀλλὰ
καὶ Τόξαρις πρὸ αὐτοῦ, σοφὸς μὲν καὶ φιλόκαλος
ἀνὴρ καὶ ἐπιτηδευμάτων φιλομαθὴς τῶν ἀρίστων,
οἴκοι δὲ οὐ τοῦ βασιλείου γένους ὢν οὐδὲ τῶν
πιλοφορικῶν, ἀλλὰ Σκυθῶν τῶν πολλῶν καὶ
δημοτικῶν, οἷοί εἰσι παρ´ αὐτοῖς οἱ ὀκτάποδες
καλούμενοι, τοῦτο δέ ἐστι, δύο βοῶν δεσπότην εἶναι
καὶ ἁμάξης μιᾶς. οὗτος ὁ Τόξαρις οὐδὲ
ἀπῆλθεν ἔτι ὀπίσω ἐς Σκύθας, ἀλλ´ Ἀθήνησιν
ἀπέθανεν, καὶ μετ´ οὐ πολὺ καὶ ἥρως ἔδοξεν καὶ
ἐντέμνουσιν αὐτῷ Ξένῳ Ἰατρῷ οἱ Ἀθηναῖοι·
τοῦτο γὰρ τοὔνομα ἥρως γενόμενος ἐπεκτήσατο.
τὴν δ´ αἰτίαν τῆς ἐπωνυμίας καὶ ἀνθ´ ὅτου ἐς τοὺς
ἥρωας κατελέγη καὶ τῶν Ἀσκληπιαδῶν εἷς
ἔδοξεν, οὐ χεῖρον ἴσως διηγήσασθαι, ὡς μάθητε
οὐ Σκύθαις μόνον ἐπιχώριον ὂν ἀπαθανατίζειν καὶ
πέμπειν παρὰ τὸν Ζάμολξιν, ἀλλὰ καὶ Ἀθηναίοις
ἐξεῖναι θεοποιεῖν τοὺς Σκύθας ἐπὶ τῆς Ἑλλάδος.
| [1] Ce n'est point Anacharsis qui, le premier,
vint de Scythie à Athènes pour connaître les
sciences de la Grèce ; Toxaris y vint ayant lui,
Toxaris homme sage, ami des lettres et des arts,
passionné pour tous les nobles travaux. Il n'était, il
est vrai, ni de race royale, ni pilophore : c'était
un simple Scythe, un homme du peuple, un de
ceux qui, chez eux, s'appellent octapodes, c'est-à-dire maîtres de deux boeufs et d'un char. Jamais il
ne retourna dans sa patrie ; il mourut à Athènes ;
et, peu de temps après sa mort, on le mit au
rang des héros : les Athéniens mêmes lui offrent
des sacrifices sous le nom du Médecin étranger : tel
est, en effet, le nom qu'on lui a donné depuis son
apothéose. La cause de ce surnom, du culte rendu
à Toxaris et de l'opinion qu'il était un descendant
d'Esculape, méritent, je crois, de vous être
racontée, afin que vous sachiez que ce n'est pas un
usage particulier à la nation des Scythes de donner
l'immortalité à des hommes et d'envoyer des
messagers à Zamolxis, mais que les Athéniens,
au sein même de la Grèce, ont aussi le droit de
faire un dieu d'un Scythe.
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