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[10] ΚΡΟΝΟΣΟΛΩΝ.
Τάδε λέγει Κρονοσόλων ἱερεὺς καὶ προφήτης
τοῦ Κρόνου καὶ νομοθέτης τῶν ἀμφὶ τὴν ἑορτήν.
Ἃ μὲν τοὺς πένητας χρὴ ποιεῖν, αὐτοῖς ἐκείνοις
ἔπεμψα ἄλλο βιβλίον, ἐγγράψας, καὶ εὖ οἶδ´ ὅτι
ἐμμενοῦσι κἀκεῖνοι τοῖς νόμοις, ἢ αὐτίκα ἔνοχοι
ἔσονται τοῖς ἐπιτιμίοις, ἃ κατὰ τῶν ἀπειθούντων
μεγάλα ὥρισται.
Ὑμεῖς δέ, ὦ πλούσιοι, ὁρᾶτε πῶς μὴ παρανομήσητε
μηδὲ παρακούσητε τῶνδε τῶν προσταγμάτων.
ὡς ὅστις ἂν οὕτω μὴ ποιήσῃ, ἴστω οὗτος
οὐκ ἐμοῦ νομοθέτου ἀμελήσων ἀλλ´ εἰς τὸν
Κρόνον αὐτόν, ὅς με προείλετο νομοθετῆσαι ἐς
τὴν ἑορτὴν οὐκ ὄναρ ἐπιστάς, ἀλλὰ πρῴην ἐγρηγορότι
ἐναργὴς συγγενόμενος. ἦν δὲ οὐ πεδήτης
οὐδὲ αὐχμοῦ πλέως, οἷον αὐτὸν οἱ ζωγράφοι παρὰ
τῶν λήρων τῶν ποιητῶν παραδεξάμενοι ἐπιδείκνυνται,
ἀλλὰ τὴν μὲν ἅρπην εἶχεν πάνυ τεθηγμένην.
τὰ δ´ ἄλλα φαιδρός τε ἦν καὶ καρτερὸς καὶ
βασιλικῶς ἐνεσκεύαστο. μορφὴν μὲν τοιόσδε ὤφθη
μοι, ἃ δὲ εἶπε, πάνυ θεσπέσια καὶ ταῦτα, προειρῆσθαι
ὑμῖν ἄξια.
| [10] CRONOSOLON OU LE LÉGISLATEUR DES
SATURNALES.
Voici ce que dit Cronosolon, prêtre et prophète de
Saturne, et législateur de ses fêtes. Les prescriptions
relatives aux pauvres, je les leur ai envoyées dans un
autre livre, et je suis convaincu qu'ils s'y conformeront
ou qu'ils subiront les peines sévères édictées coutre les
délinquants. Quant à vous, riches, prenez garde
d'enfreindre ces lois, et écoutez attentivement les ordres
que nous vous donnons. Si quelqu'un refuse d'obéir,
qu'il sache que ce n'est pas moi, législateur, qu'il
méprise, mais Saturne lui-même, qui m'a choisi pour
dicter ses lois pendant sa fête, après m'être apparu non
pas en songe, mais en réalité, et lorsque j'avais les yeux
tout grands ouverts, Il n'avait pas les fers aux pieds, il
n'était pas laid et ridé, comme le représentent les
peintres, d'après les traditions extravagantes des poètes ;
mais il tenait en main une faux bien aiguisée ; son visage
était riant, son corps vigoureux, son extérieur digne d'un
roi. Tel il s'est offert à ma vue. Ce qu'il m'a dit est
vraiment divin et mérite de vous être répété.
| [11] Ἰδὼν γάρ με σκυθρωπόν, ἐπὶ συννοίας βαδίζοντα,
ὥσπερ εἰκὸς ἦν θεόν, ἔγνω αὐτίκα τὴν αἰτίαν
τῆς λύπης τίς ἐστί μοι, καὶ ὡς τὴν πενίαν
δυσχεραίνοιμι οὐ κατὰ τὴν ὥραν μονοχίτων·
καὶ γὰρ κρύος καὶ βορρᾶς πολὺς καὶ κρύσταλλοι
καὶ χιών· ἐγὼ δὲ ἥκιστα ἐπεφράγμην πρὸς αὐτά·
ἀλλ´ ὅτι καὶ τῆς ἑορτῆς πάνυ πλησιαζούσης
ἑώρων τοὺς μὲν ἄλλους παρασκευαζομένους ὅπως
θύσωσι καὶ εὐωχήσωνται, ἐμαυτῷ δὲ οὐ πάνυ
ἑορτάσιμα ὄντα. καὶ δὴ προσελθὼν ὄπισθε καὶ
τοῦ ὠτός μου λαβόμενος καὶ διασείσας, ὥσπερ
μοι προσπελάζειν εἴωθε, Τί ταῦτα, ἔφη, ὦ
Κρονοσόλων, ἀνιωμένῳ ἔοικας; Οὐ γὰρ ἄξιον,
ἔφην, ὦ δέσποτα, ὅταν καταράτους μὲν καὶ
μιαροὺς ἀνθρώπους ὑπερπλουτοῦντας καὶ μόνους
τρυφῶντας ὁρῶ, αὐτὸς δὲ καὶ ἄλλοι συχνοὶ τῶν
πεπαιδευμένων ἀπορίᾳ καὶ ἀμηχανίᾳ σύνεσμεν;
ἀλλ´ οὐδὲ σύ, ὦ δέσποτα, θέλεις παῦσαι ταῦτα καὶ
μετακοσμῆσαι πρὸς τὸ ἰσόμοιρον. Τὰ μὲν ἄλλα,
ἔφη, οὐ ῥᾴδιον ἀλλάττειν ὁπόσα ἐκ Κλωθοῦς καὶ
τῶν ἄλλων Μοιρῶν πάσχετε, ἃ δέ ἐστι τῆς ἑορτῆς,
ἐπανορθώσομαι ὑμῖν τὴν πενίαν. ἡ δὲ ἐπανόρθωσις
ἥδε ἔστω· ἴθι, ὦ Κρονοσόλων, καὶ γράψον μοι
νόμους τινάς, ἃ χρὴ πράττειν ἐν τῇ ἑορτῇ, ὡς μὴ
καθ´ αὑτοὺς οἱ πλούσιοι ἑορτάζοιεν, κοινωνοῖεν
δὲ ὑμῖν τῶν ἀγαθῶν.
| [11] Me voyant, en effet, me promener le visage sombre et
pensif, il devina tout de suite, en sa qualité de dieu, la
cause de ma tristesse et le chagrin que j'avais d'être
pauvre, moi qui, malgré la rigueur de la saison, ne
portais qu'une simple tunique, quand Borée soufflait
avec violence, accompagné de glace et de neige. J'étais
très mal garanti contre leurs attaques, et cela quand, à
rapproche imminente de la fête, je voyais tout le monde
faire ses préparatifs de sacrifices et de festins, tandis que
moi, je n'avais absolument rien pour la célébrer. Saturne
donc vint à, moi par derrière , et, me prenant l'oreille
pour me la secouer, comme il en a l'habitude quand il
m'apparaît : "Eh bien, Cronosolon, me dit-il, qu'est-ce
donc ? Tu as l'air tout triste ! - Hélas ! maître, lui
répondis-je, n'en ai-je pas sujet, quand je vois des
scélérats et des coquins posséder d'immenses richesses,
vivre seuls au sein des plaisirs, tandis que moi et une
foule de gens instruits, nous sommes réduits à la
pauvreté et aux expédients. Ne voulez-vous donc pas,
maître, faire cesser ce désordre et rétablir l'égalité ? - Il
n'est pas facile, reprit-il, de changer les destins filés par
Clotho et par les autres Parques. Cependant, durant la
fête, je remédierai à ta pauvreté. Voici comment. Allons,
Cronosolon, écris les lois que je veux qu'on suive
pendant mes fêtes, afin que les riches ne les célèbrent pas
tout seuls, mais qu'ils partagent leurs biens avec vous.
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