[1] ΙΕΡΕΥΣ.
Ὦ Κρόνε, σὺ γὰρ ἔοικας ἄρχειν τό γε νῦν εἶναι
καὶ σοὶ τέθυται καὶ κεκαλλιέρηται παρ´ ἡμῶν, τί
ἂν μάλιστα ἐπὶ τῶν ἱερῶν αἰτήσας λάβοιμι παρὰ
σοῦ;
ΚΡΟΝΟΣ.
Τοῦτο μὲν αὐτόν σε καλῶς ἔχει ἐσκέφθαι ὅ τι
σοι εὐκτέον, εἰ μὴ καὶ μάντιν ἅμα ἐθέλεις εἶναι
τὸν ἄρχοντα, εἰδέναι τί σοι ἥδιον αἰτεῖν. ἐγὼ δὲ
τά γε δυνατὰ οὐκ ἀνανεύσω πρὸς τὴν εὐχήν.
ΙΕΡΕΥΣ.
Ἀλλὰ πάλαι ἔσκεμμαι. ἐρῶ γὰρ τὰ κοινὰ ταυτὶ
καὶ πρόχειρα—πλοῦτον καὶ χρυσὸν πολὺν καὶ
ἀγρῶν δεσπότην εἶναι καὶ ἀνδράποδα πολλὰ
κεκτῆσθαι καὶ ἐσθῆτας εὐανθεῖς καὶ μαλακὰς καὶ
ἄργυρον καὶ ἐλέφαντα καὶ τὰ ἄλλα ὁπόσα τίμια.
τούτων οὖν, ὦ ἄριστε Κρόνε, δίδου μοι, ὥς τι καὶ
αὐτὸν ἀπολαῦσαι τῆς σῆς ἀρχῆς μηδὲ ἄμοιρον
εἶναι μόνον αὐτὸν διὰ παντὸς τοῦ βίου.
| [1] LE PRÊTRE ET SATURNE.
LE PRÊTRE. O Saturne, puisque tu parais tenir
aujourd'hui l'empire du monde, que nous t'offrons nos
sacrifices et notre encens, que pourrai-je obtenir plus
particulièrement de toi pendant cette cérémonie ?
SATURNE. Mais il est convenable que tu commences
par examiner toi-même ce que tu veux souhaiter, à
moins que tu ne t'imagines qu'avec l'empire je possède
aussi la divination et que je sais ce qui doit t'être le plus
agréable. Du reste, je ne te refuserai rien de ce qui m'est
possible.
LE PRÊTRE. C'est tout examiné depuis longtemps. Je te
demanderai ces biens que tous les hommes désirent et
que tu peux facilement m'accorder : richesses, monceaux
d'or, propriétés champêtres, nombreux esclaves,
vêtements brodés et moelleux, argent, ivoire, et tout ce
qu'il y a de précieux au monde. Accorde-les-moi, mon
bon Saturne, afin que je recueille aussi quelque fruit de
ta souveraineté et que je ne sois pas le seul privé de ces
biens durant toute ma vie.
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