[38] AMI. Ὡς σεμνὰ καὶ θαυμάσια καὶ θεῖά γε, ὦ ἑταῖρε, διελήλυθας,
ἐλελήθεις δέ με πολλῆς ὡς ἀληθῶς τῆς ἀμβροσίας καὶ τοῦ λωτοῦ
κεκορεσμένος· ὥστε καὶ μεταξὺ σοῦ λέγοντος ἔπασχόν τι ἐν τῇ
ψυχῇ, καὶ παυσαμένου ἄχθομαι καὶ ἵνα δὴ καὶ κατὰ σὲ εἴπω,
τέτρωμαι· καὶ μὴ θαυμάσῃς· οἶσθα γὰρ ὅτι καὶ οἱ πρὸς τῶν κυνῶν
τῶν λυσσώντων δηχθέντες οὐκ αὐτοὶ μόνοι λυσσῶσιν, ἀλλὰ κἄν
τινας ἑτέρους {καὶ αὐτοὶ} ἐν τῇ μανίᾳ τὸ αὐτὸ τοῦτο διαθῶσιν, καὶ
οὗτοι ἔκφρονες γίγνονται· συμμεταβαίνει γάρ τι τοῦ πάθους ἅμα
τῷ δήγματι καὶ πολυγονεῖται ἡ νόσος καὶ πολλὴ γίγνεται τῆς
μανίας διαδοχή.
LUCIEN. Οὐκοῦν καὶ αὐτὸς ἡμῖν ἐρᾶν ὁμολογεῖς;
AMI. Πάνυ μὲν οὖν, καὶ προσέτι δέομαί γέ σου κοινήν τινα τὴν
θεραπείαν ἐπινοεῖν.
LUCIEN. Τὸ τοῦ ἄρα Τηλέφου ἀνάγκη ποιεῖν.
AMI. Ποῖον αὖ λέγεις;
LUCIEN. Ἐπὶ τὸν τρώσαντα ἐλθόντας ἰᾶσθαι παρακαλεῖν.
| [38] L'AMI. Comme tout ce que tu viens de dire est grand,
merveilleux, divin, mon cher ami ! Sans t'en apercevoir tu m'as
vraiment rassasié de lotos et d'ambroisie ; tandis que tu me parlais,
mon âme éprouvait une émotion singulière ; ton discours fini, je
ressens de la douleur, ou, pour parler comme toi, je suis blessé.
N'en sois pas étonné : tu sais bien que ceux qui sont mordus par les
chiens enragés ne sont pas seuls pris de la rage ; tous ceux qu'ils
mordent, quand ils sont dans cette fureur, perdent aussi la raison ;
la morsure porte avec elle le germe du mal, le mal se propage, et la
folie se transmet dans un cercle sans fin.
LUCIEN. Tu avoues donc que te voilà passionné comme moi ?
L'AMI. Oui, et je te prie de chercher un remède qui nous guérisse
tons les deux.
LUCIEN. Il faut employer celui dont se servit Télèphe.
L'AMI. Quel est-il ?
LUCIEN. Aller prier celui qui nous a blessés de guérir notre
blessure.
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