HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Lucien, Ménippe ou le Voyage aux Enfers

Paragraphes 20-22

  Paragraphes 20-22

[20] ΨΗΦΙΣΜΑ "Ἐπειδὴ πολλὰ καὶ παράνομα οἱ πλούσιοι δρῶσι παρὰ τὸν βίον ἁρπάζοντες καὶ βιαζόμενοι καὶ πάντα τρόπον τῶν πενήτων καταφρονοῦντες, "Δεδόχθω τῇ βουλῇ καὶ τῷ δήμῳ, ἐπειδὰν ἀποθάνωσι, τὰ μὲν σώματα αὐτῶν κολάζεσθαι καθάπερ καὶ τὰ τῶν ἄλλων πονηρῶν, τὰς δὲ ψυχὰς ἀναπεμφθείσας ἄνω εἰς τὸν βίον καταδύεσθαι εἰς τοὺς ὄνους, ἄχρις ἂν ἐν τῷ τοιούτῳ διαγάγωσι μυριάδας ἐτῶν πέντε καὶ εἴκοσιν, ὄνοι ἐξ ὄνων γιγνόμενοι καὶ ἀχθοφοροῦντες καὶ ὑπὸ τῶν πενήτων ἐλαυνόμενοι, τοὐντεῦθεν δὲ λοιπὸν ἐξεῖναι αὐτοῖς ἀποθανεῖν. "Εἶπε τὴν γνώμην Κρανίων Σκελετίωνος Νεκυσιεὺς φυλῆς Ἀλιβαντίδος." Τούτου ἀναγνωσθέντος τοῦ ψηφίσματος ἐπεψήφισαν μὲν αἱ ἀρχαί, ἐπεχειροτόνησε δὲ τὸ πλῆθος καὶ ἐβριμήσατο Βριμὼ καὶ ὑλάκτησεν Κέρβερος· οὕτω γὰρ ἐντελῆ γίγνεται καὶ κύρια τὰ ἐγνωσμένα. [20] DÉCRET « Attendu que tout au long de leur vie, ces riches ne cessent de se débattre dans des actions honteuses, tels que vols, violences, injures et humiliations envers les pauvres gens, il a été décrété par le sénat et par le peuple que, leur mort consommée, leurs corps subiraient les mêmes affres que le dernier des bandits, mais que leurs âmes retourneraient sur terre et seraient enfermées dans des ânes pour la durée de vingt–cinq myriades d'années, ces âmes devant être transférées successivement d'un âne à un autre et subir la lourdeur des fardeaux et les coups de bâtons perpétrés par leurs maîtres. Ce n'est qu'après cette période qu'ils pourront mourir, pas avant ! C'est l'avis de Cranios, fils de Squélétion, du bourg de Nécysion et de la tribu Alibantide. » Le décret lu, les magistrats passèrent au vote. Le peuple se rallia à ce décret, Brima palpita et Cerbère jappa : c'est ainsi qu'une loi est adoptée chez les morts.
[21] Ταῦτα μὲν δή σοι τὰ ἐν τῇ ἐκκλησίᾳ. ἐγὼ δέ, οὗπερ ἀφίγμην ἕνεκα, τῷ Τειρεσίᾳ προσελθὼν ἱκέτευον αὐτὸν τὰ πάντα διηγησάμενος εἰπεῖν πρός με ποῖόν τινα ἡγεῖται τὸν ἄριστον βίον. δὲ γελάσαςἔστι δὲ τυφλόν τι γερόντιον καὶ ὠχρὸν καὶ λεπτόφωνον—" τέκνον," φησί, "τὴν μὲν αἰτίαν οἶδά σοι τῆς ἀπορίας ὅτι παρὰ τῶν σοφῶν ἐγένετο οὐ ταὐτὰ γιγνωσκόντων ἑαυτοῖς· ἀτὰρ οὐ θέμις λέγειν πρὸς σέ· ἀπείρηται γὰρ ὑπὸ τοῦ Ῥαδαμάνθυος." "Μηδαμῶς," ἔφην, " πατέριον, ἀλλ´ εἰπὲ καὶ μὴ περιίδῃς με σοῦ τυφλότερον περιιόντα ἐν τῷ βίῳ." δὲ δή με ἀπαγαγὼν καὶ πολὺ τῶν ἄλλων ἀποσπάσας ἤρεμα προσκύψας πρὸς τὸ οὖς φησίν, " τῶν ἰδιωτῶν ἄριστος βίος, καὶ σωφρονέστερος παυσάμενος τοῦ μετεωρολογεῖν καὶ τέλη καὶ ἀρχὰς ἐπισκοπεῖν καὶ καταπτύσας τῶν σοφῶν τούτων συλλογισμῶν καὶ τὰ τοιαῦτα λῆρον ἡγησάμενος τοῦτο μόνον ἐξ ἅπαντος θηράσῃ, ὅπως τὸ παρὸν εὖ θέμενος παραδράμῃς γελῶν τὰ πολλὰ καὶ περὶ μηδὲν ἐσπουδακώς." ὣς εἰπὼν πάλιν ὦρτο κατ´ ἀσφοδελὸν λειμῶνα. [21] Voilà comment se déroula cette assemblée, mon ami. Ensuite, je vins auprès de Tirésias qui était le but de ma visite ; je lui racontai mes aventures, puis le suppliai de me dire quelle était, à son avis, la meilleure façon de vivre. À ma question, il éclata de rire. Ce Tirésias était un vieil aveugle très pâle avec une voix féminine. Voici sa réponse : « Jeune homme, tes doutes sont typiques du sage insatisfait de lui-même. Mais je ne peux t'en dire davantage, parce que c'est interdit : ordre de Rhadamanthe ! » – Par pitié, mon bon maître, m'écriais–je, parle, je n'ai pas envie de marcher dans la vie à tâtons et d'être plus aveugle que toi. Il me prit alors par la main et nous nous cachâmes dans un coin, loin de tout. Il me susurra à l'oreille les conseils suivants : « La vie la plus douce, celle du sage, consiste à tout ignorer. Refuse désormais de disserter sur les astres, sur l'origine et la finalité des choses et sur les syllogismes fumeux de vos philosophes : dis–toi que ce n'est que du vent. Ta quête spirituelle doit se résumer à goûter l'instant présent. Ris un bon coup devant tout le reste et ne t'attache à rien ! » Il dit et s'en alla vers les champs d'asphodèles.
[22] Ἐγὼ δὲκαὶ γὰρ ἤδη ὀψὲ ἦν—"Ἄγε δή, Μιθροβαρζάνη," φημί, "τί διαμέλλομεν καὶ οὐκ ἄπιμεν αὖθις εἰς τὸν βίον δὲ πρὸς ταῦτα, "Θάρρει," φησίν, " Μένιππε· ταχεῖαν γάρ σοι καὶ ἀπράγμονα ὑποδείξω ἀτραπόν." καὶ δὴ ἀγαγών με πρός τι χωρίον τοῦ ἄλλου ζοφερώτερον δείξας τῇ χειρὶ πόρρωθεν ἀμαυρὸν καὶ λεπτὸν ὥσπερ διὰ κλειθρίας φῶς εἰσρέον, "Ἐκεῖνο," ἔφη, "ἐστὶν τὸ ἱερὸν τὸ Τροφωνίου, κἀκεῖθεν κατίασιν οἱ ἀπὸ Βοιωτίας. ταύτην οὖν ἄνιθι καὶ εὐθὺς ἔσῃ ἐπὶ τῆς Ἑλλάδος." ἡσθεὶς δὲ τοῖς εἰρημένοις ἐγὼ καὶ τὸν μάγον ἀσπασάμενος χαλεπῶς μάλα διὰ τοῦ στομίου ἀνερπύσας οὐκ οἶδ´ ὅπως ἐν Λεβαδείᾳ γίγνομαι. [22] Il était déjà tard et je dis à Mithrobarzane : « Il est temps de remonter sur la terre ! » – N'aie pas peur, Ménippe, me répondit–il, je vais t'indiquer un raccourci qu'il te sera facile de suivre. » Il me mena vers une place très sombre, puis, au loin, me montra une lueur qui jaillissait d'une lucarne. « Là–bas, me dit–il, c'est le temple de Trophonios où passent les Béotiens. En allant de ce côté, tu rejoindras aussitôt la Grèce. » Soulagé, je saluai mon mage et partis. Après avoir péniblement déambulé dans ce couloir étroit, je me retrouvai par miracle échoué à Lébadia.


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Dernière mise à jour : 30/04/2009