HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Lucien, Tu es un Prométhée dans tes discours

Chapitres 4-7

  Chapitres 4-7

[4] Πτολεμαῖος γοῦν Λάγου δύο καινὰ ἐς Αἴγυπτον ἄγων, κάμηλόν τε Βακτριανὴν παμμέλαιναν καὶ δίχρωμον ἄνθρωπον, ὡς τὸ μὲν ἡμίτομον αὐτοῦ ἀκριβῶς μέλαν εἶναι, τὸ δὲ ἕτερον ἐς ὑπερβολὴν λευκόν, ἐπ´ ἴσης δὲ μεμερισμένον, ἐς τὸ θέατρον συναγαγὼν τοὺς Αἰγυπτίους ἐπεδείκνυτο αὐτοῖς ἄλλα τε πολλὰ θεάματα καὶ τὸ τελευταῖον καὶ ταῦτα, τὴν κάμηλον καὶ τὸν ἡμίλευκον ἄνθρωπον, καὶ ᾤετο ἐκπλήξειν τῷ θεάματι. οἱ δὲ πρὸς μὲν τὴν κάμηλον ἐφοβήθησαν καὶ ὀλίγου δεῖν ἔφυγον ἀναθορόντες, καίτοι χρυσῷ πᾶσα ἐκεκόσμητο καὶ ἁλουργίδι ἐπέστρωτο καὶ χαλινὸς ἦν λιθοκόλλητος, Δαρείου τινὸς Καμβύσου Κύρου αὐτοῦ κειμήλιον. πρὸς δὲ τὸν ἄνθρωπον οἱ μὲν πολλοὶ ἐγέλων, οἱ δέ τινες ὡς ἐπὶ τέρατι ἐμυσάττοντο. ὥστε Πτολεμαῖος συνεὶς ὅτι οὐκ εὐδοκιμεῖ ἐπ´ αὐτοῖς οὐδὲ θαυμάζεται ὑπὸ τῶν Αἰγυπτίων καινότης, ἀλλὰ πρὸ αὐτῆς τὸ εὔρυθμον καὶ τὸ εὔμορφον κρίνουσι, μετέστησεν αὐτὰ καὶ οὐκέτι διὰ τιμῆς ἦγεν ὡς πρὸ τοῦ. ἀλλ´ μὲν κάμηλος ἀπέθανεν ἀμελουμένη, τὸν ἄνθρωπον δὲ τὸν διττὸν Θέσπιδι τῷ αὐλητῇ ἐδωρήσατο καλῶς αὐλήσαντι παρὰ τὸν πότον. [4] Ptolémée, fils de Lagus, fit venir deux curiosités en Égypte, un chameau de Bactriane entièrement noir, et un homme de deux couleurs parfaitement tranchées, tout noir d'un côté, et tout blanc de l'autre : il assembla les Égyptiens au théâtre, leur donna plusieurs spectacles, et finit par leur faire voir le chameau noir, et l'homme noir et blanc : il espérait que cette vue exciterait la surprise ; mais, en voyant le chameau, les spectateurs eurent une si grande peur, qu'ils furent sur le point de se lever et de s'enfuir. Cependant l'animal était tout couvert d'or, il avait une housse de pourpre, et un frein orné de diamants, tiré des trésors de Darius, de Cambyse, peut-être même de Cyrus. Quand on vit l'homme, la plupart se mirent à rire ; d'autres le regardèrent avec horreur comme un monstre. Aussi Ptolémée, comprenant qu'il n'augmentait point par là sa considération, et que la nouveauté n'excitait point l'admiration des Égyptiens, qui lui préféraient la régularité et la proportion des formes, ne continua plus ses exhibitions, et n'en fut pas plus honoré qu'auparavant : le chameau mourut faute de soins, et l’homme de deux couleurs fut donné en présent à un joueur de flûte nommé Thespis, qui avait bien joué dans un festin.
[5] Δέδοικα δὲ μὴ καὶ τοὐμὸν κάμηλος ἐν Αἰγυπτίοις , οἱ δὲ ἄνθρωποι τὸν χαλινὸν ἔτι αὐτῆς θαυμάζωσι καὶ τὴν ἁλουργίδα, ἐπεὶ οὐδὲ τὸ ἐκ δυοῖν τοῖν καλλίστοιν συγκεῖσθαι, διαλόγου καὶ κωμῳδίας, οὐδὲ τοῦτο ἀπόχρη εἰς εὐμορφίαν, εἰ μὴ καὶ μῖξις ἐναρμόνιος καὶ κατὰ τὸ σύμμετρον γίγνοιτο. ἔστι γοῦν ἐκ δύο καλῶν ἀλλόκοτον τὴν ξυνθήκην εἶναι, οἷον ἐκεῖνο τὸ προχειρότατον, ἱπποκένταυρος· οὐ γὰρ ἂν φαίης ἐπέραστόν τι ζῷον τουτὶ γενέσθαι, ἀλλὰ καὶ ὑβριστότατον, εἰ χρὴ πιστεύειν τοῖς ζωγράφοις ἐπιδεικνυμένοις τὰς παροινίας καὶ σφαγὰς αὐτῶν. τί οὖν; οὐχὶ καὶ ἔμπαλιν γένοιτ´ ἂν εὔμορφόν τι ἐκ δυοῖν τοῖν ἀρίστοιν ξυντεθέν, ὥσπερ ἐξ οἴνου καὶ μέλιτος τὸ ξυναμφότερον ἥδιστον; φημὶ ἔγωγε. οὐ μὴν περί γε τῶν ἐμῶν ἔχω διατείνεσθαι ὡς τοιούτων ὄντων, ἀλλὰ δέδια μὴ τὸ ἑκατέρου κάλλος μῖξις συνέφθειρεν. [5] Je crains bien que mes écrits ne soient ce que fut le chameau pour les Égyptiens ; ils n'en admiraient que le frein et la pourpre : de même il ne suffit pas, pour faire un ouvrage agréable, d'unir deux genres excellents, le Dialogue et la Comédie, il faut que cette combinaison soit harmonieuse, et qu'elle ait de justes proportions. Deux choses belles peuvent, il est vrai, composer un tout monstrueux, et nous en avons une preuve dans l'Hippocentaure. On ne peut pas dire que ce soit un animal aimable ; c'est un être brutal, si nous devons en croire les peintres, qui le représentent au milieu des orgies et des combats. Mais quoi ! Est-il donc impossible que deux choses belles composent un tout qui ait de la beauté ? Ainsi le vin mêlé au miel ne produit-il pas un délicieux breuvage ? D'accord, mais je n'ose prétendre qu'il en soit ainsi de mes ouvrages : je crains, au contraire, que le mélange n'en ait altéré la beauté.
[6] Οὐ πάνυ γοῦν συνήθη καὶ φίλα ἐξ ἀρχῆς ἦν διάλογος καὶ κωμῳδία, εἴ γε μὲν οἴκοι καθ´ ἑαυτὸν καὶ νὴ Δία ἐν τοῖς περιπάτοις μετ´ ὀλίγων τὰς διατριβὰς ἐποιεῖτο, δὲ παραδοῦσα τῷ Διονύσῳ ἑαυτὴν θεάτρῳ ὡμίλει καὶ ξυνέπαιζε καὶ ἐγελωτοποίει καὶ ἐπέσκωπτε καὶ ἐν ῥυθμῷ ἔβαινε πρὸς αὐλὸν ἐνίοτε καὶ τὸ ὅλον ἀναπαίστοις μέτροις ἐποχουμένη τὰ πολλά. τοὺς δὲ τοῦ διαλόγου ἑταίρους ἐχλεύαζε φροντιστὰς καὶ μετεωρολέσχας καὶ τὰ τοιαῦτα προσαγορεύουσα. καὶ μίαν ταύτην προαίρεσιν ἐπεποίητο ἐκείνους ἐπισκώπτειν καὶ τὴν Διονυσιακὴν ἐλευθερίαν καταχεῖν αὐτῶν, ἄρτι μὲν ἀεροβατοῦντας δεικνύουσα καὶ νεφέλαις ξυνόντας, ἄρτι δὲ ψυλλῶν πηδήματα διαμετροῦντας, ὡς δῆθεν τὰ ἀέρια λεπτολογουμένους. διάλογος δὲ σεμνοτάτας ἐποιεῖτο τὰς συνουσίας φύσεώς τε πέρι καὶ ἀρετῆς φιλοσοφῶν. ὥστε, τὸ τῶν μουσικῶν τοῦτο, δὶς διὰ πασῶν εἶναι τὴν ἁρμονίαν, ἀπὸ τοῦ ὀξυτάτου ἐς τὸ βαρύτατον. καὶ ὅμως ἐτολμήσαμεν ἡμεῖς τὰ οὕτως ἔχοντα πρὸς ἄλληλα ξυναγαγεῖν καὶ ξυναρμόσαι οὐ πάνυ πειθόμενα οὐδὲ εὐμαρῶς ἀνεχόμενα τὴν κοινωνίαν. [6] Dans le principe, il n'y avait ni rapport ni amitié entre le Dialogue et la Comédie. L'un, relégué au logis ou borné à des promenades avec quelques intimes, n'étendait pas plus loin ses entretiens ; l'autre, tout entière à Bacchus, vivait en plein théâtre, s'ébattait, faisait rire, lançait des traits piquants, marchait au son de la flûte, et parfois, se donnant carrière dans des vers anapestiques, elle s'amusait aux dépens des amis du Dialogue, les appelant songeurs, pourchasseurs d'idées en l'air, et autres choses semblables, et paraissant n'avoir d'autre but que de les tourner en ridicule, et d'abuser contre eux de la liberté bachique. Ainsi, elle les représentait tantôt marchant dans les airs et habitant avec les Nuées, tantôt mesurant avec soin le saut d'une puce, pour dire qu'ils divaguaient dans la région des vapeurs. Mais le Dialogue ne tenait que de graves entretiens, des discours philosophiques sur la nature et sur la vertu ; si bien qu'il y avait entre la Comédie et lui la différence qui existe, en musique, entre le ton le plus grave de la première octave, et le plus aigu de la seconde. Nous, cependant, nous avons osé rapprocher deux genres tout à fait éloignés et accorder des choses tellement discordantes, qu'elles ne semblaient susceptibles d'aucun lien commun.
[7] Δέδια τοίνυν μὴ αὖθις ὅμοιόν τι τῷ Προμηθεῖ τῷ σῷ πεποιηκὼς φαίνωμαι τὸ θῆλυ τῷ ἄρρενι ἐγκαταμίξας καὶ δι´ αὐτὸ δίκην ὑπόσχω. μᾶλλον δὲ καὶ κατ´ ἄλλο τι τοιοῦτος ἂν φανείην, ἐξαπατῶν ἴσως τοὺς ἀκούοντας καὶ ὀστᾶ παραθεὶς αὐτοῖς κεκαλυμμένα τῇ πιμελῇ, γέλωτα κωμικὸν ὑπὸ σεμνότητι φιλοσόφῳ. τὸ γὰρ τῆς κλεπτικῆςκαὶ γὰρ κλεπτικῆς θεόςἄπαγε. τοῦτο μόνον οὐκ ἂν εἴποις ἐνεῖναι τοῖς ἡμετέροις. παρὰ τοῦ γὰρ ἂν ἐκλέπτομεν; εἰ μὴ ἄρα τις ἐμὲ διέλαθεν τοιούτους ἱπποκάμπους καὶ τραγελάφους καὶ αὐτὸς συντεθεικώς. πλὴν ἀλλὰ τί ἂν πάθοιμι; ἐμμενετέον γὰρ οἷς ἅπαξ προειλόμην· ἐπεὶ τό γε μεταβουλεύεσθαι Ἐπιμηθέως ἔργον, οὐ Προμηθέως ἐστίν. [7] Je crains donc de paraître avoir agi comme votre Prométhée, qui a confondu les deux sexes, et qu'on ne m'accuse d'un semblable méfaits ; ou bien d'avoir trompé mes auditeurs, en leur servant des os cachés dans de la graisse, c'est-à-dire des plaisanteries comiques dissimulées sons la gravité d'un philosophe. Quant au larcin, dont Prométhée est aussi le dieu, n'en parlons pas : il n'y en a point dans mes ouvrages. A qui aurais-je pu dérober ? A moins que quelqu'un, à mon insu, n'ait inventé avant moi les Hippocampes et les Hircocerfs. Alors que faire ? Persévérer dans la voie que j'ai choisie ; car changer d'avis, c'est agir en Épiméthée, et non pas en Prométhée.


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Dernière mise à jour : 26/05/2009