Texte grec :
[10] Ἔτι κἀκεῖνο εἰπεῖν ἄξιον, ὅτι οὐδὲ τερπνὸν ἐν αὐτῇ τὸ κομιδῇ μυθῶδες (14) καὶ τὸ τῶν
ἐπαίνων μάλιστα πρόσαντες παρ᾽ ἑκάτερον τοῖς ἀκούουσιν, ἢν μὴ τὸν συρφετὸν καὶ τὸν πολὺν
δῆμον ἐπινοῇς, ἀλλὰ τοὺς δικαστικῶς καὶ νὴ Δία συκοφαντικῶς προσέτι γε
ἀκροασομένους, οὓς οὐκ ἄν τι λάθοι παραδραμόν, ὀξύτερον μὲν τοῦ Ἄργου ὁρῶντας
καὶ πανταχόθεν τοῦ σώματος, ἀργυραμοιβικῶς δὲ τῶν λεγομένων ἕκαστα
ἐξετάζοντας, ὡς τὰ μὲν παρακεκομμένα εὐθὺς ἀπορρίπτειν, παραδέχεσθαι δὲ τὰ
δόκιμα καὶ ἔννομα καὶ ἀκριβῆ τὸν τύπον, πρὸς οὓς ἀποβλέποντα χρὴ συγγράφειν,
τῶν δὲ ἄλλων ὀλίγον φροντίζειν, κἂν διαρραγῶσιν ἐπαινοῦντες. Ἢν δὲ ἀμελήσας
ἐκείνων ἡδύνῃς πέρα τοῦ μετρίου τὴν ἱστορίαν μύθοις καὶ ἐπαίνοις καὶ τῇ ἄλλῃ
θωπεία, (15) τάχιστ᾽ ἂν ὁμοίαν αὐτὴν ἐξεργάσαιο τῷ ἐν Λυδίαι Ἡρακλεῖ• ἑωρακέναι
γὰρ σέ που εἰκὸς γεγραμμένον, τῇ Ὀμφάλῃ δουλεύοντα, πάνυ ἀλλόκοτον σκευὴν
ἐσκευασμένον, ἐκείνην μὲν τὸν λέοντα αὐτοῦ περιβεβλημένην καὶ τὸ ξύλον ἐν τῇ
χειρὶ ἔχουσαν, ὡς Ἡρακλέα δῆθεν οὖσαν, αὐτὸν δὲ ἐν κροκωτῷ καὶ πορφυρίδι ἔρια
ξαίνοντα καὶ παιόμενον ὑπὸ τῆς Ὀμφάλης τῷ σανδαλίῳ• καὶ τὸ θέαμα αἴσχιστον,
ἀφεστῶσα ἡ ἐσθὴς τοῦ σώματος καὶ μὴ προσιζάνουσα καὶ τοῦ θεοῦ τὸ ἀνδρῶδες
ἀσχημόνως καταθηλυνόμενον.
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Traduction française :
[10] Ajoutons que ce n'est point un agrément dans l'histoire,
que d'y rencontrer des récits fabuleux, des éloges outrés : les
uns et les autres répugnent aux auditeurs, si l'on n'entend pas
par ce mot le rebut et la lie du peuple, mais les hommes qui
écoutent comme des juges et même comme des accusateurs,
qui ne laissent rien échapper, dont les yeux sont plus perçants
que ceux d'Argus, et répandus aussi par tout le corps, qui
semblent examiner chaque parole avec une pierre de touche,
afin de rejeter aussitôt celles qui sont de mauvais aloi, et de
n'admettre que celles qui sont justes, légales, et marquées au
bon coin. Voilà les gens qu'il faut avoir en vue quand on écrit
l'histoire. Pour les autres, il ne faut point s'en soucier, quand
ils se tueraient à vous combler d'éloges. Si donc, sans respect
pour ces juges, tu assaisonnes l'histoire de fables, d'éloges, et
autres douceurs outrées, tu la feras bientôt ressembler à
Hercule en Lydie. Tu as vu sans doute dans quelque tableau
ce héros peint en esclave d'Omphale, chargé d'ornements qui
ne sont nullement faits pour lui, et cette princesse revêtue de
la peau de lion et tenant d'une main la massue, comme si elle
était Hercule, tandis que le héros, couvert d'une robe de
pourpre, file de la laine, et se laisse donner des coups de
pantoufle par Omphale. C'est le plus honteux des
spectacles de voir un vêtement si mal approprié au
personnage, qui lui sied si peu, et qui ravale indignement
jusqu'à la femme la virilité du demi-dieu.
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