Texte grec :
[26] Εἶτ᾽ ἐπειδὴ Θουκυδίδης ἐπιτάφιόν τινα εἶπε τοῖς πρώτοις τοῦ πολέμου ἐκείνου νεκροῖς, καὶ
αὐτὸς ἡγήσατο χρῆναι ἐπειπεῖν τῷ Σευηριανῷ• ἅπασι γὰρ αὐτοῖς πρὸς τὸν οὐδὲν αἴτιον τῶν
ἐν Ἀρμενίᾳ κακῶν, τὸν Θουκυδίδην, ἡ ἅμιλλα. Θάψας οὖν τὸν Σευηριανὸν
μεγαλοπρεπῶς ἀναβιβάζεται ἐπὶ τὸν τάφον Ἀφράνιόν τινα Σίλωνα ἑκατόνταρχον,
ἀνταγωνιστὴν Περικλέους, ὃς τοιαῦτα καὶ τοσαῦτα ἐπερρητόρευσεν αὐτῷ, ὥστε με νὴ
τὰς Χάριτας πολλὰ πάνυ δακρῦσαι ὑπὸ τοῦ γέλωτος, καὶ μάλιστα ὁπότε ὁ ῥήτωρ ὁ
Ἀφράνιος ἐπὶ τέλει τοῦ λόγου δακρύων ἅμα σὺν οἰμωγῇ περιπαθεῖ ἐμέμνητο τῶν
πολυτελῶν ἐκείνων δείπνων καὶ προπόσεων, εἶτα ἐπέθηκεν Αἰάντειόν τινα τὴν
κορωνίδα σπασάμενος γὰρ τὸ ξίφος, (35) εὐγενῶς πάνυ καὶ ὡς Ἀφράνιον εἰκὸς ἦν,
πάντων ὁρώντων ἀπέσφαξεν ἑαυτὸν ἐν τῷ τάφῳ, οὐκ ἀνάξιος ὢν μὰ τὸν Ἐνυάλιον
πρὸ πολλοῦ ἀποθανεῖν ἢ τοιαῦτα ἐρρητόρευε. Καὶ τοῦτο ἔφη ἰδόντας τοὺς παρόντος
ἅπαντας θαυμάσαι καὶ ὑπερεπαινέσαι τὸν Ἀφράνιον. Ἐγὼ δὲ καὶ τὰ ἄλλα μὲν αὐτοῦ
κατεγίγνωσκον, μονονουχὶ ζωμῶν καὶ λοπάδων μεμνημένου καὶ ἐπιδακρύοντος τῇ
τῶν πλακούντων μνήμῃ, τοῦτο δὲ μάλιστα ᾐτιασάμην, ὅτι μὴ τὸν συγγραφέα καὶ
διδάσκαλον τοῦ δράματος προαποσφάξας ἀπέθανε.
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Traduction française :
[26] Ensuite, comme Thucydide a prononcé une sorte d'oraison
funèbre pour ceux qui étaient morts la première année de la
guerre du Péloponnèse, notre auteur s'est imaginé qu'il
fallait aussi faire celle de Sévérianus. Tous ces historiens, en
effet, entrent en lice avec Thucydide, qui ne peut mais des
événements arrivés en Arménie. Le voilà donc faisant à
Sévérianus de belles funérailles, puis un centurion, nommé
Aphranius Silo, monte sur la tombe, et ce rival de Périclès
déclame tant et de si belles choses, que je ne puis m'empêcher,
au nom des Grâces, de fondre en larmes à force de rire,
surtout lorsque l'orateur Aphranius, joignant, vers la fin de
son discours, les pleurs aux sanglots, rappelle d'un ton
pathétique et les fameux soupers, et les réunions où l'on
buvait si bien. Il couronne ensuite sa harangue par un trépas
digne d'Ajax. Il tire bravement son épée, comme on
devait l'attendre d'un Aphranius, et se tue sur le tombeau à la
vue de tout le monde. Il méritait bien, j'en jure par le dieu
Mars, de mourir plus tôt, pour avoir fait un si beau discours !
"Alors, dit l'historien, tous les assistants furent saisis
d'admiration et exaltèrent la conduite d'Aphranius." Pour
moi, je ne pus lui pardonner d'avoir parlé presque tout le
temps de plats et de ragoûts, et de s'être lamenté au souvenir
des gâteaux. Mais je lui reprochai surtout de n'avoir pas
étranglé, avant de mourir, l'historien, auteur de cette farce.
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