HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Lucien, Sur une faute commise en saluant

Chapitres 1-3

  Chapitres 1-3

[0] ΥΠΕΡ ΤΟΥ ΕΝ ΤΗ ΠΡΟΣΑΓΟΡΕΥΣΕΙ ΠΤΑΙΣΜΑΤΟΣ. [0] SUR UNE FAUTE COMMISE EN SALUANT.
[1] Χαλεπὸν μὲν ἄνθρωπον ὄντα δαίμονός τινος ἐπήρειαν διαφυγεῖν, πολὺ δὲ χαλεπώτερον ἀπολογίαν εὑρεῖν παραλόγου καὶ δαιμονίου πταίσματος, ἅπερ ἀμφότερα νῦν ἐμοὶ συμβέβηκεν, ὃς ἀφικόμενος παρὰ σέ, ὡς προσείποιμι τὸ ἑωθινόν, δέον τὴν συνήθη ταύτην φωνὴν ἀφεῖναι καὶ χαίρειν κελεύειν, ἐγὼ δὲ χρυσοῦς ἐπιλαθόμενος ὑγιαίνειν σε ἠξίουν, εὔφημον μὲν καὶ τοῦτο, οὐκ ἐν καιρῷ δὲ ὡς οὐ κατὰ τὴν ἕω. ἐγὼ μὲν οὖν ἐπὶ τούτῳ εὐθὺς ἴδιόν τε καὶ ἠρυθρίων καὶ παντοῖος ἦν ὑπὸ ἀπορίας, οἱ παρόντες δὲ οἱ μὲν παραπαίειν, ὡς τὸ εἰκός, οἱ δὲ ληρεῖν ὑφ´ ἡλικίας, οἱ δὲ χθεσινῆς κραιπάλης ἀνάμεστον ἔτι ᾤοντό με εἶναι, εἰ καὶ ὅτι μάλιστα σὺ ἐπιεικῶς ἤνεγκας τὸ γεγονὸς οὐδ´ ὅσον ἄκρῳ τῷ μειδιάματι ἐπισημηνάμενος τῆς γλώττης τὴν διαμαρτίαν. ἔδοξεν οὖν μοι καλῶς ἔχειν παραμυθίαν τινὰ ἐμαυτῷ συγγράψαι, ὡς μὴ πάνυ ἀνιῴμην ἐπὶ τῷ πταίσματι μηδ´ ἀφόρητον ἡγοίμην, εἰ πρεσβύτης ἀνὴρ τοσοῦτον ἀπεσφάλην τοῦ καλῶς ἔχοντος ἐπὶ τοσούτων μαρτύρων. ἀπολογίας μὲν γὰρ οὐδὲν ἔδει οἶμαι ὑπὲρ γλώττης εἰς οὕτως εὔφημον εὐχὴν ὀλισθούσης. [1] Il est difficile, quand on est homme, d'échapper à l'influence de quelque divinité; mais il est plus difficile encore de se justifier d'une faute commise par inadvertance et sous l'inspiration d'un dieu. J'ai éprouvé l'un et l'autre, lorsque, venant te saluer le matin et devant employer la formule accoutumée, g-chaire (réjouis-toi), je me suis oublié, moi un homme d'or pourtant; et je t'ai dit : g-hygiaine (sois en bonne santé). Ce dernier souhait n'est pas d'un mauvais augure, mais il était hors de propos, et ne convenait pas au matin. Aussi, à peine fut-il lâché, que le rouge me monta au visage et que je me sentis dans la plus grande confusion. Les assistants s'imaginèrent tout naturellement, les uns, que j'étais fou, les autres, que l'âge me faisait radoter; quelques-uns crurent que j'avais encore le cerveau troublé par le vin de la veille. Pour toi, tu donnas la preuve de la plus grande indulgence, et c'est à peine par un léger sourire que tu me fis sentir l'erreur de ma langue. J'ai pensé que je ferais bien, pour me consoler, d'écrire quelques lignes sur ce sujet, afin de diminuer le chagrin que me cause ma faute, et d'adoucir celui que je ressens d'avoir manqué aux bienséances, à mon âge et devant un si grand nombre de témoins : je ne crois pas, d'ailleurs, avoir à justifier ma langue, qui ne s'est trompée que pour faire un souhait favorable.
[2] Ἀρχόμενος μὲν οὖν τῆς γραφῆς πάνυ ἀπόρῳ ἐντεύξεσθαι ᾤμην τῷ προβλήματι, προϊόντι δὲ πολλὰ προὐφάνη τὰ λεκτέα. οὐ μὴν πρότερον ἐρῶ αὐτά, ἢν μὴ περὶ τοῦ χαίρειν αὐτοῦ καὶ τοῦ εὖ πράττειν καὶ τοῦ ὑγιαίνειν προείπω τὰ εἰκότα. Τὸ μὲν δὴ χαίρειν ἀρχαία μὲν προσαγόρευσις, οὐ μὴν ἑωθινὴ μόνον οὐδὲ ὑπὸ τὴν πρώτην ἔντευξιν, ἀλλὰ καὶ πρῶτον μὲν ἰδόντες ἀλλήλους ἔλεγον αὐτό, ὡς τό χαῖρ´, δυνάστα τῆσδε γῆς Τιρυνθίας. καὶ μετὰ τὸ δεῖπνον ἐς λόγους ἤδη παροινίους τρεπόμενοι, ὡς τό χαῖρ´, Ἀχιλεῦ, δαιτὸς μὲν ἐΐσης οὐκ ἐπιδευεῖς, Ὀδυσσεὺς ὁπότε τὴν ἐπεσταλμένην πρεσβείαν αὐτῷ ἐρρητόρευεν. καὶ ἤδη ἀπιόντες παρ´ ἀλλήλων, ὡς τό χαίρετ´, ἐγὼ δ´ ὔμμιν θεὸς ἄμβροτος, οὐκέτι θνητός. ἴδιος δὲ καιρὸς οὐδεὶς ἀπενενέμητο τῇ προσρήσει, οὐδὲ ὡς νῦν μόνος ἑωθινός, ὅπου γε καὶ ἐπὶ τῶν ἀπαισίων καὶ ἀπευκτοτάτων ὅμως ἐχρῶντο αὐτῇ, ὡς τοῦ Εὐριπίδου Πολυνείκης ἤδη τελευτῶν τὸν βίον, καὶ χαίρετ´, ἤδη γάρ με περιβάλλει σκότος. καὶ οὐ μόνον φιλοφροσύνης αὐτοῖς ἦν τοῦτο σύμβολον, ἀλλὰ καὶ ἀπεχθείας καὶ τοῦ μηκέτι χρήσεσθαι ἀλλήλοις. τὸ γοῦν μακρὰ χαίρειν φράσαι τὸ μηκέτι φροντιεῖν δηλοῖ. [2] En commençant ce traité, je m'attendais à y trouver un problème insoluble ; mais, à mesure que je suis allé en avant, les mots sont arrivés d’eux-mêmes sous ma plume. Toutefois, je n'entrerai pas en matière sans dire quelque chose de ces trois formules : g-chairein (se réjouir, être joyeux), g-euprattein (bien faire, avoir bonne chance), g-hygiainein (dire en bonne santé). g-Chairein était le salut ordinaire des anciens. Ils s'en servaient non seulement le matin et à la première rencontre, mais ceux mêmes qui ne s'étaient jamais vus l'employaient, comme dans ce vers : "Sois joyeux, souverain du pays de Tirynthe" ! On s'en servait après le repas, quand la conversation était animée par le vin. Exemple : "Sois joyeux, ton repas est fort brillant, Achille" ! dit Ulysse, quand il s'acquitte de l'ambassade qui lui a été confiée. En se quittant, on se saluait de la même manière : "Soyez joyeux, la mort va me rendre immortel". On n'avait point encore assigné un temps particulier pour cette salutation, et elle n'était pas, comme à présent, réservée au matin. Elle était même usitée dans les circonstances les plus funestes et les plus maudites ; ainsi Euripide fait dire à Polynice, qui va mourir : "Soyez joyeux, déjà la nuit sombre m'entoure". Et ce n'était pas seulement un témoignage d'amitié, c'était aussi une expression de haine, un adieu fait à la société. Dire à quelqu'un : g-makra g-chairein (bien de la joie), cela signifie qu'on ne se soucie pas d'être avec lui.
[3] Πρῶτος δ´ αὐτὸ Φιλιππίδης ἡμεροδρομήσας λέγεται ἀπὸ Μαραθῶνος ἀγγέλλων τὴν νίκην εἰπεῖν πρὸς τοὺς ἄρχοντας καθημένους καὶ πεφροντικότας ὑπὲρ τοῦ τέλους τῆς μάχης, Χαίρετε, νικῶμεν, καὶ τοῦτο εἰπὼν συναποθανεῖν τῇ ἀγγελίᾳ καὶ τῷ χαίρειν συνεκπνεῦσαι. ἐν ἐπιστολῆς δὲ ἀρχῇ Κλέων Ἀθηναῖος δημαγωγὸς ἀπὸ Σφακτηρίας πρῶτον χαίρειν προὔθηκεν εὐαγγελιζόμενος τὴν νίκην τὴν ἐκεῖθεν καὶ τὴν τῶν Σπαρτιατῶν ἅλωσιν. καὶ ὅμως γε μετ´ ἐκεῖνον Νικίας ἀπὸ Σικελίας ἐπιστέλλων ἐν τῷ ἀρχαίῳ τῶν ἐπιστολῶν διέμεινεν ἀπ´ αὐτῶν ἀρξάμενος τῶν πραγμάτων. [3] Le premier, dit-on, qui employa cette formule, fut le coureur Philippide, qui, venant annoncer la victoire de Marathon, cria aux archontes assis sur leurs sièges et inquiets de l'issue du combat : "Réjouissez-.vous, nous sommes vainqueurs !" et, en disant le mot g-chairete, il expira. Cléon, démagogue des Athéniens, écrivit le premier g-chairein au commencement de la lettre qu'il adressa de Sphactérie, et dans laquelle il annonçait l'heureuse nouvelle de la victoire et de la prise des Spartiates. Après lui Nicias, envoyant des lettres de Sicile, se conforma à cet ancien usage pour annoncer ses succès.


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Dernière mise à jour : 27/05/2009