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[0] ΥΠΕΡ ΤΟΥ ΕΝ ΤΗ ΠΡΟΣΑΓΟΡΕΥΣΕΙ ΠΤΑΙΣΜΑΤΟΣ.
| [0] SUR UNE FAUTE COMMISE EN SALUANT.
| [1] Χαλεπὸν μὲν ἄνθρωπον ὄντα δαίμονός τινος ἐπήρειαν
διαφυγεῖν, πολὺ δὲ χαλεπώτερον ἀπολογίαν
εὑρεῖν παραλόγου καὶ δαιμονίου πταίσματος, ἅπερ
ἀμφότερα νῦν ἐμοὶ συμβέβηκεν, ὃς ἀφικόμενος
παρὰ σέ, ὡς προσείποιμι τὸ ἑωθινόν, δέον τὴν
συνήθη ταύτην φωνὴν ἀφεῖναι καὶ χαίρειν κελεύειν,
ἐγὼ δὲ ὁ χρυσοῦς ἐπιλαθόμενος ὑγιαίνειν σε
ἠξίουν, εὔφημον μὲν καὶ τοῦτο, οὐκ ἐν καιρῷ δὲ
ὡς οὐ κατὰ τὴν ἕω. ἐγὼ μὲν οὖν ἐπὶ τούτῳ
εὐθὺς ἴδιόν τε καὶ ἠρυθρίων καὶ παντοῖος ἦν ὑπὸ
ἀπορίας, οἱ παρόντες δὲ οἱ μὲν παραπαίειν, ὡς τὸ
εἰκός, οἱ δὲ ληρεῖν ὑφ´ ἡλικίας, οἱ δὲ χθεσινῆς
κραιπάλης ἀνάμεστον ἔτι ᾤοντό με εἶναι, εἰ καὶ
ὅτι μάλιστα σὺ ἐπιεικῶς ἤνεγκας τὸ γεγονὸς οὐδ´
ὅσον ἄκρῳ τῷ μειδιάματι ἐπισημηνάμενος τῆς
γλώττης τὴν διαμαρτίαν. ἔδοξεν οὖν μοι καλῶς
ἔχειν παραμυθίαν τινὰ ἐμαυτῷ συγγράψαι, ὡς μὴ
πάνυ ἀνιῴμην ἐπὶ τῷ πταίσματι μηδ´ ἀφόρητον
ἡγοίμην, εἰ πρεσβύτης ἀνὴρ τοσοῦτον ἀπεσφάλην
τοῦ καλῶς ἔχοντος ἐπὶ τοσούτων μαρτύρων.
ἀπολογίας μὲν γὰρ οὐδὲν ἔδει οἶμαι ὑπὲρ γλώττης
εἰς οὕτως εὔφημον εὐχὴν ὀλισθούσης.
| [1] Il est difficile, quand on est homme, d'échapper à
l'influence de quelque divinité; mais il est plus difficile
encore de se justifier d'une faute commise par
inadvertance et sous l'inspiration d'un dieu. J'ai éprouvé
l'un et l'autre, lorsque, venant te saluer le matin et
devant employer la formule accoutumée, g-chaire (réjouis-toi),
je me suis oublié, moi un homme d'or pourtant; et je
t'ai dit : g-hygiaine (sois en bonne santé). Ce dernier souhait
n'est pas d'un mauvais augure, mais il était hors de
propos, et ne convenait pas au matin. Aussi, à peine fut-il
lâché, que le rouge me monta au visage et que je me
sentis dans la plus grande confusion. Les assistants
s'imaginèrent tout naturellement, les uns, que j'étais fou,
les autres, que l'âge me faisait radoter; quelques-uns
crurent que j'avais encore le cerveau troublé par le vin de
la veille. Pour toi, tu donnas la preuve de la plus grande
indulgence, et c'est à peine par un léger sourire que tu
me fis sentir l'erreur de ma langue. J'ai pensé que je
ferais bien, pour me consoler, d'écrire quelques lignes
sur ce sujet, afin de diminuer le chagrin que me cause ma
faute, et d'adoucir celui que je ressens d'avoir manqué
aux bienséances, à mon âge et devant un si grand
nombre de témoins : je ne crois pas, d'ailleurs, avoir à
justifier ma langue, qui ne s'est trompée que pour faire
un souhait favorable.
| [2] Ἀρχόμενος μὲν οὖν τῆς γραφῆς πάνυ ἀπόρῳ
ἐντεύξεσθαι ᾤμην τῷ προβλήματι, προϊόντι δὲ
πολλὰ προὐφάνη τὰ λεκτέα. οὐ μὴν πρότερον ἐρῶ
αὐτά, ἢν μὴ περὶ τοῦ χαίρειν αὐτοῦ καὶ τοῦ εὖ
πράττειν καὶ τοῦ ὑγιαίνειν προείπω τὰ εἰκότα.
Τὸ μὲν δὴ χαίρειν ἀρχαία μὲν ἡ προσαγόρευσις,
οὐ μὴν ἑωθινὴ μόνον οὐδὲ ὑπὸ τὴν πρώτην
ἔντευξιν, ἀλλὰ καὶ πρῶτον μὲν ἰδόντες ἀλλήλους
ἔλεγον αὐτό, ὡς τό
χαῖρ´, ὦ δυνάστα τῆσδε γῆς Τιρυνθίας.
καὶ μετὰ τὸ δεῖπνον ἐς λόγους ἤδη παροινίους
τρεπόμενοι, ὡς τό
χαῖρ´, Ἀχιλεῦ, δαιτὸς μὲν ἐΐσης οὐκ ἐπιδευεῖς,
Ὀδυσσεὺς ὁπότε τὴν ἐπεσταλμένην πρεσβείαν
αὐτῷ ἐρρητόρευεν. καὶ ἤδη ἀπιόντες παρ´ ἀλλήλων,
ὡς τό
χαίρετ´, ἐγὼ δ´ ὔμμιν θεὸς ἄμβροτος, οὐκέτι θνητός.
ἴδιος δὲ καιρὸς οὐδεὶς ἀπενενέμητο τῇ προσρήσει,
οὐδὲ ὡς νῦν μόνος ὁ ἑωθινός, ὅπου γε καὶ ἐπὶ τῶν
ἀπαισίων καὶ ἀπευκτοτάτων ὅμως ἐχρῶντο αὐτῇ,
ὡς ὁ τοῦ Εὐριπίδου Πολυνείκης ἤδη τελευτῶν τὸν βίον,
καὶ χαίρετ´, ἤδη γάρ με περιβάλλει σκότος.
καὶ οὐ μόνον φιλοφροσύνης αὐτοῖς ἦν τοῦτο
σύμβολον, ἀλλὰ καὶ ἀπεχθείας καὶ τοῦ μηκέτι
χρήσεσθαι ἀλλήλοις. τὸ γοῦν μακρὰ χαίρειν
φράσαι τὸ μηκέτι φροντιεῖν δηλοῖ.
| [2] En commençant ce traité, je m'attendais à y trouver un
problème insoluble ; mais, à mesure que je suis allé en
avant, les mots sont arrivés d’eux-mêmes sous ma
plume. Toutefois, je n'entrerai pas en matière sans dire
quelque chose de ces trois formules : g-chairein (se réjouir,
être joyeux), g-euprattein (bien faire, avoir bonne chance),
g-hygiainein (dire en bonne santé). g-Chairein était le salut
ordinaire des anciens. Ils s'en servaient non seulement le
matin et à la première rencontre, mais ceux mêmes qui
ne s'étaient jamais vus l'employaient, comme dans ce vers :
"Sois joyeux, souverain du pays de Tirynthe" !
On s'en servait après le repas, quand la conversation
était animée par le vin. Exemple :
"Sois joyeux, ton repas est fort brillant, Achille" !
dit Ulysse, quand il s'acquitte de l'ambassade qui lui a
été confiée. En se quittant, on se saluait de la même manière :
"Soyez joyeux, la mort va me rendre immortel".
On n'avait point encore assigné un temps particulier
pour cette salutation, et elle n'était pas, comme à présent,
réservée au matin. Elle était même usitée dans les
circonstances les plus funestes et les plus maudites ; ainsi
Euripide fait dire à Polynice, qui va mourir :
"Soyez joyeux, déjà la nuit sombre m'entoure".
Et ce n'était pas seulement un témoignage d'amitié,
c'était aussi une expression de haine, un adieu fait à la
société. Dire à quelqu'un : g-makra g-chairein (bien de la
joie), cela signifie qu'on ne se soucie pas d'être avec lui.
| [3] Πρῶτος δ´ αὐτὸ Φιλιππίδης ὁ ἡμεροδρομήσας
λέγεται ἀπὸ Μαραθῶνος ἀγγέλλων τὴν νίκην
εἰπεῖν πρὸς τοὺς ἄρχοντας καθημένους καὶ πεφροντικότας
ὑπὲρ τοῦ τέλους τῆς μάχης, Χαίρετε,
νικῶμεν, καὶ τοῦτο εἰπὼν συναποθανεῖν τῇ ἀγγελίᾳ
καὶ τῷ χαίρειν συνεκπνεῦσαι. ἐν ἐπιστολῆς δὲ
ἀρχῇ Κλέων ὁ Ἀθηναῖος δημαγωγὸς ἀπὸ Σφακτηρίας
πρῶτον χαίρειν προὔθηκεν εὐαγγελιζόμενος
τὴν νίκην τὴν ἐκεῖθεν καὶ τὴν τῶν Σπαρτιατῶν
ἅλωσιν. καὶ ὅμως γε μετ´ ἐκεῖνον ὁ Νικίας ἀπὸ
Σικελίας ἐπιστέλλων ἐν τῷ ἀρχαίῳ τῶν ἐπιστολῶν
διέμεινεν ἀπ´ αὐτῶν ἀρξάμενος τῶν πραγμάτων.
| [3] Le premier, dit-on, qui employa cette formule, fut le
coureur Philippide, qui, venant annoncer la victoire
de Marathon, cria aux archontes assis sur leurs sièges et
inquiets de l'issue du combat : "Réjouissez-.vous, nous
sommes vainqueurs !" et, en disant le mot g-chairete, il
expira.
Cléon, démagogue des Athéniens, écrivit le premier
g-chairein au commencement de la lettre qu'il adressa de
Sphactérie, et dans laquelle il annonçait l'heureuse
nouvelle de la victoire et de la prise des Spartiates.
Après lui Nicias, envoyant des lettres de Sicile, se
conforma à cet ancien usage pour annoncer ses succès.
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