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[22] Χώματα μὲν γὰρ καὶ πυραμίδες καὶ στῆλαι
καὶ ἐπιγράμματα πρὸς ὀλίγον διαρκοῦντα πῶς οὐ
περιττὰ καὶ παιδιαῖς προσεοικότα;
| [22] Pour ce qui est des tombeaux, des pyramides, des colonnes, des inscriptions, leur peu de durée
ne les rend-il pas inutiles et semblables à des jouets d'enfants ?
| [23] καίτοι καὶ
ἀγῶνας ἔνιοι διέθεσαν καὶ λόγους ἐπιταφίους
εἶπον ἐπὶ τῶν μνημάτων ὥσπερ συναγορεύοντες
ἢ μαρτυροῦντες παρὰ τοῖς κάτω δικασταῖς τῷ νεκρῷ.
| [23] Cependant quelques peuples ont institué des jeux funèbres, dans lesquels on prononce l'éloge
des défunts sur leur tombeau. Il semble qu'on veuille les défendre et rendre témoignage de leurs
vertus auprès des juges infernaux.
| [24] Ἐπὶ πᾶσι τούτοις τὸ περίδειπνον, καὶ πάρεισιν
οἱ προσήκοντες καὶ τοὺς γονέας παραμυθοῦνται
τοῦ τετελευτηκότος καὶ πείθουσι γεύσασθαι, οὐκ
ἀηδῶς μὰ Δία οὐδ´ αὐτοὺς ἀναγκαζομένους, ἀλλὰ
ἤδη ὑπὸ λιμοῦ τριῶν ἑξῆς ἡμερῶν ἀπηυδηκότας.
καί, "Μέχρι μὲν τίνος, ὦ οὗτος, ὀδυρόμεθα;
ἔασον ἀναπαύσασθαι τοὺς τοῦ μακαρίτου δαίμονας·
εἰ δὲ καὶ τὸ παράπαν κλάειν διέγνωκας,
αὐτοῦ γε τούτου ἕνεκα χρὴ μὴ ἀπόσιτον εἶναι,
ἵνα καὶ διαρκέσῃς πρὸς τοῦ πένθους τὸ μέγεθος."
τότε δὴ τότε ῥαψωδοῦνται πρὸς ἁπάντων δύο τοῦ
Ὁμήρου στίχοι·
καὶ γάρ τ´ ἠΰκομος Νιόβη ἐμνήσατο σίτου·
καὶ
γαστέρι δ´ οὔπως ἐστὶ νέκυν πενθῆσαι Ἀχαιούς.
οἱ δὲ ἅπτονται μέν, αἰσχυνόμενοι δὲ τὰ πρῶτα
καὶ δεδιότες εἰ φανοῦνται μετὰ τὴν τελευτὴν τῶν
φιλτάτων τοῖς ἀνθρωπίνοις πάθεσιν ἐμμένοντες.
Ταῦτα καὶ πολὺ τούτων γελοιότερα εὕροι τις
ἂν ἐπιτηρῶν ἐν τοῖς πένθεσι γιγνόμενα διὰ τὸ
τοὺς πολλοὺς τὸ μέγιστον τῶν κακῶν τὸν θάνατον
οἴεσθαι.
| [24] Pour couronner la cérémonie, vient enfin le festin des funérailles. Les parents y assistent, pour
consoler le père et la mère de celui qui n'est plus. Ils les engagent à manger un peu, et ils n'ont pas
grand mal, ma foi, à les y contraindre : fatigués de leur jeûne de trois jours, ils ne pourraient pas
souffrir la faim davantage. "Jusques à quand, mon ami, leur dit-on, vous abandonnerez-vous aux
larmes ? Laissez reposer en paix les mânes de votre bienheureux fils. Si vous avez résolu de le
pleurer sans cesse, c'est une raison de plus pour prendre de la nourriture, afin d'avoir les forces
nécessaires pour soutenir la violence de votre affliction. "Alors tous les convives entonnent, comme un chant de rhapsodes, les deux vers d'Homère :
"La belle Niobé prit quelque nourriture",
et
"Le ventre chez les Grecs ne pleure pas les morts".
Les parents touchent donc aux mets, quoique avec un peu de réserve, et en craignant de paraître
soumis aux nécessités de la vie humaine après la perte de ceux qui leur étaient si chers. Voilà, avec
quelques autres plus ridicules encore, les coutumes de deuil qui frapperont l'œil de l'observateur, et
qui viennent toutes de ce que le vulgaire regarde la mort comme le plus grand des maux.
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