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[13] Εἶθ´ ἡ μήτηρ ἢ καὶ νὴ Δία ὁ πατὴρ ἐκ μέσων
τῶν συγγενῶν προελθὼν καὶ περιχυθεὶς αὐτῷ—
προκείσθω γάρ τις νέος καὶ καλός, ἵνα καὶ
ἀκμαιότερον τὸ ἐπ´ αὐτῷ δρᾶμα ᾖ—φωνὰς ἀλλοκότους
καὶ ματαίας ἀφίησι, πρὸς ἃς ὁ νεκρὸς
αὐτὸς ἀποκρίναιτ´ ἄν, εἰ λάβοι φωνήν· φήσει γὰρ
ὁ πατὴρ γοερόν τι φθεγγόμενος καὶ παρατείνων
ἕκαστον τῶν ὀνομάτων, "Τέκνον ἥδιστον, οἴχῃ
μοι καὶ τέθνηκας καὶ πρὸ ὥρας ἀνηρπάσθης,
μόνον ἐμὲ τὸν ἄθλιον καταλιπών, οὐ γαμήσας,
οὐ παιδοποιησάμενος, οὐ στρατευσάμενος, οὐ
γεωργήσας, οὐκ εἰς γῆρας ἐλθών· οὐ κωμάσῃ
πάλιν οὐδὲ ἐρασθήσῃ, τέκνον, οὐδὲ ἐν συμποσίοις
μετὰ τῶν ἡλικιωτῶν μεθυσθήσῃ."
| [13] Bientôt la mère, et le père aussi, ma foi, s'avançant du milieu des parents vont embrasser le
défunt (supposons que c'est un jeune homme, le drame n'en sera que plus pathétique) et se
répandent en discours ridicules, insensés, auxquels le mort saurait bien que répondre, s'il recouvrait la
parole. Le père vient donc, et, d'une voix lugubre, en accentuant longuement chacun de ses mots :
"Mon fils bien-aimé, dit-il, tu es perdu pour moi ; tu es mort, tu as été ravi avant l'âge ; tu me laisses
tout seul, infortuné que je suis, avant d'avoir goûté les douceurs du mariage, sans laisser de postérité,
sans avoir porté les armes ni cultivé nos champs, sans être arrivé à la vieillesse. Hélas ! mon fils, tu
ne feras plus la débauche ni l'amour, tu ne t'enivreras plus dans un festin avec les jeunes gens de ton
âge."
| [14] Ταῦτα δὲ καὶ τὰ τοιαῦτα φήσει οἰόμενος τὸν
υἱὸν δεῖσθαι μὲν ἔτι τούτων καὶ ἐπιθυμεῖν καὶ
μετὰ τὴν τελευτήν, οὐ δύνασθαι δὲ μετέχειν
αὐτῶν. καίτοι τί ταῦτα φημί; πόσοι γὰρ καὶ
ἵππους καὶ παλλακίδας, οἱ δὲ καὶ οἰνοχόους
ἐπικατέσφαξαν καὶ ἐσθῆτα καὶ τὸν ἄλλον κόσμον
συγκατέφλεξαν ἢ συγκατώρυξαν ὡς χρησομένοις
ἐκεῖ καὶ ἀπολαύσουσιν αὐτῶν κάτω;
| [14] Tels sont les discours de ce père, qui s'imagine que son fils a encore besoin de tout cela, et qu'il
éprouvera après sa mort des délices qu'il ne pourra satisfaire. Mais que dis-je ? Combien n'ont pas
été jusqu'à immoler sur des tombeaux des chevaux, des concubines, des échansons ! Que de
vêtements et de parures n'a-t-on pas brûlés ou enterrés avec les morts ; comme s'ils devaient en user
et en jouir dans le séjour infernal !
| [15] Ὁ δ´ οὖν πρεσβύτης ὁ πενθῶν οὑτωσὶ ταῦτα
πάντα ὁπόσα εἴρηκα καὶ ἔτι τούτων πλείονα
οὔτε τοῦ παιδὸς ἕνεκα τραγῳδεῖν ἔοικεν—οἶδε γὰρ
οὐκ ἀκουσόμενον οὐδ´ ἂν μεῖζον ἐμβοήσῃ τοῦ
Στέντορος—οὔτε μὴν αὑτοῦ· φρονεῖν γὰρ οὕτω
καὶ γιγνώσκειν ἱκανὸν ἦν καὶ ἄνευ τῆς βοῆς·
οὐδεὶς γὰρ δὴ πρὸς ἑαυτὸν δεῖται βοᾶν. λοιπὸν
οὖν ἐστιν αὐτὸν τῶν παρόντων ἕνεκα ταῦτα
ληρεῖν οὔθ´ ὅ τι πέπονθεν αὐτῷ ὁ παῖς εἰδότα
οὔθ´ ὅποι κεχώρηκε, μᾶλλον δὲ οὐδὲ τὸν βίον
αὐτὸν ἐξετάσαντα ὁποῖός ἐστιν· οὐ γὰρ ἂν τὴν ἐξ
αὐτοῦ μετάστασιν ὥς τι τῶν δεινῶν ἐδυσχέραινεν.
| [15] Or, ne croyez pas que ce vieillard se lamente ainsi et tienne ce discours, avec beaucoup d'autres,
pour ce fils en l'honneur duquel il joue cette tragédie. Il sait bien que le défunt ne l'entend pas, quand il crierait d'une voix de stentor. Ce n'est pas non plus pour lui-même ; on peut éprouver cette douleur,
être pénétré de ces sentiments, sans avoir besoin de crier de la sorte ; personne ne s'amuse jamais à
crier pour son plaisir. C'est donc pour les assistants qu'il débite ses inepties, sans comprendre ni ce
qui est arrivé à son fils, ni où il est allé, ou plutôt sans avoir songé à ce qu'était cette vie qu'il a quittée
: autrement il ne se plaindrait pas de ce changement comme du plus grand des malheurs.
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