HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Lucien, Sur la déesse syrienne

Paragraphes 16-18

  Paragraphes 16-18

[16] ἁνδάνει δέ μοι λέγουσιν τοῦ ἱροῦ πέρι τοῖς Ἕλλησι τὰ πολλὰ ὁμολογέοντες, τὴν μὲν θεὸν Ἥρην δοκέοντες, τὸ δ´ ἔργον Διονύσου τοῦ Σεμέλης ποίημα· καὶ γὰρ δὴ Διόνυσος ἐς Συρίην ἀπίκετο κείνην ὁδὸν τὴν ἦλθεν ἐς Αἰθιοπίην. καὶ ἔστι πολλὰ ἐν τῷ ἱρῷ Διονύσου ποιητέω σήματα, ἐν τοῖσι καὶ ἐσθῆτες βάρβαροι καὶ λίθοι Ἰνδοὶ καὶ ἐλεφάντων κέρεα, τὰ Διόνυσος ἐξ Αἰθιόπων ἤνεικεν, καὶ φαλλοὶ δὲ ἑστᾶσι ἐν τοῖσι προπυλαίοισι δύο κάρτα μεγάλοι, ἐπὶ τῶν ἐπίγραμμα τοιόνδε ἐπιγέγραπται, "τούσδε φαλλοὺς Διόνυσος Ἥρῃ μητρυιῇ ἀνέθηκα." τὸ ἐμοὶ μέν νυν καὶ τόδε ἀρκέει, ἐρέω δὲ καὶ ἄλλ´ τι ἐστὶν ἐν τῷ νηῷ Διονύσου ὄργιον. φαλλοὺς Ἕλληνες Διονύσῳ ἐγείρουσιν, ἐπὶ τῶν καὶ τοιόνδε τι φέρουσιν, ἄνδρας μικροὺς ἐκ ξύλου πεποιημένους, μεγάλα αἰδοῖα ἔχοντας· καλέεται δὲ τάδε νευρόσπαστα. ἔστι δὲ καὶ τόδε ἐν τῷ ἱρῷ· ἐν δεξιῇ τοῦ νηοῦ κάθηται μικρὸς ἀνὴρ χάλκεος ἔχων αἰδοῖον μέγα. [16] J'aime beaucoup ce que disent de ce temple ceux dont l'opinion concorde avec celle des Grecs, à savoir que la déesse est Junon, et l'édifice une œuvre de Bacchus, fils de Sémélé. Bacchus, en effet, vint en Syrie, dans son fameux voyage éthiopien, et l'on voit dans ce temple une foule d'objets qui indiquent que Bacchus en est le fondateur, entre autres des vêtements barbares, des pierreries des Indes et des cornes d'éléphants que Bacchus rapporta d'Éthiopie. En outre, on voit dans le vestibule deux énormes phallus avec cette inscription : « Ces phallus ont été élevés par moi, Bacchus, en l'honneur de Junon, ma belle-mère. » Cette preuve me paraît suffisante. Voici pourtant dans ce temple un autre objet consacré à Bacchus. Les Grecs lui dressent des phallus sur lesquels ils représentent de petits hommes de bois qui ont un gros membre : on les appelle névrospastes. On voit, en outre, dans l'enceinte du temple, à droite, un petit homme d'airain assis, qui a un membre énorme.
[17] Τοσάδε μὲν ἀμφὶ τῶν οἰκιστέων τοῦ ἱροῦ μυθολογέουσιν. ἤδη δὲ ἐρέω καὶ τοῦ νηοῦ πέρι θέσιός τε ὅκως ἐγένετο καὶ ὅστις μιν ἐποιήσατο. λέγουσι τὸν νηὸν τὸν νῦν ἐόντα μὴ ἔμμεναι τὸν τὴν ἀρχὴν γεγενημένον, ἀλλ´ ἐκεῖνον μὲν κατενεχθῆναι χρόνῳ ὕστερον, τὸν δὲ νῦν ἐόντα Στρατονίκης ἔμμεναι ποίημα, γυναικὸς τοῦ Ἀσσυρίων βασιλέως. Δοκέει δέ μοι Στρατονίκη ἐκείνη ἔμμεναι, τῆς πρόγονος ἠρήσατο, τὸν ἤλεγξεν τοῦ ἰητροῦ ἐπινοίη· ὡς γάρ μιν συμφορὴ κατέλαβεν, ἀμηχανέων τῷ κακῷ αἰσχρῷ δοκέοντι κατ´ ἡσυχίην ἐνόσεεν, ἔκειτο δὲ ἀλγέων οὐδέν, καί οἱ τε χροιὴ πάμπαν ἐτρέπετο καὶ τὸ σῶμα δι´ ἡμέρης ἐμαραίνετο. δὲ ἰητρὸς ὡς εἶδέ μιν ἐς οὐδὲν ἐμφανὲς ἀρρωστέοντα, ἔγνω τὴν νοῦσον ἔρωτα ἔμμεναι. ἔρωτος δὲ ἀφανέος πολλὰ σημήια, ὀφθαλμοί τε ἀσθενέες καὶ φωνὴ καὶ χροιὴ καὶ δάκρυα. μαθὼν δὲ ταῦτα ἐποίεε· χειρὶ μὲν τῇ δεξιῇ εἶχε τοῦ νεηνίσκου τὴν καρδίην, ἐκάλεε δὲ τοὺς ἀνὰ τὴν οἰκίην πάντας· δὲ τῶν μὲν ἄλλων ἐσιόντων πάντων ἐν ἠρεμίῃ μεγάλῃ ἦν, ὡς δὲ μητρυιὴ ἀπίκετο, τήν τε χροιὴν ἠλλάξατο καὶ ἱδρώειν ἄρξατο καὶ τρόμῳ εἴχετο καὶ καρδίη ἀνεπάλλετο. τὰ δὲ γιγνόμενα ἐμφανέα τῷ ἰητρῷ τὸν ἔρωτα ἐποίεεν, καί μιν ὧδε ἰήσατο. [17] Telles sont les traditions que j'ai recueillies sur les fondateurs de ce temple. Parlons maintenant du temple même et de sa fondation, comment et par qui il a été bâti. On dit que l'édifice actuel n'est pas celui qui fut originairement élevé. Celui-ci fut renversé par le temps, et l'édifice qui existe de nos jours est l'ouvrage de Stratonice, reine des Assyriens. Or, cette Stratonice me parait être la même que celle dont son beau-fils devint amoureux, passion qui fut découverte par l'adresse de son médecin. Malade et ne sachant que faire à un mal dont il rougissait, le jeune homme gardait le silence. Il était couché sans douleur apparente ; cependant son teint était changé, son corps maigrissait à vue d'œil. Le médecin, voyant qu'aucune maladie ne se déclarait, devina que c'était de l'amour. L'amour secret a plusieurs symptômes : yeux languissants, voix altérée, pâleur et larmes. Éclairé par ces indices, voici ce qu'il fait : il met sa main droite sur le cœur du malade et appelle toutes les personnes de la maison ; elles entrent, et le jeune homme demeure parfaitement tranquille ; mais à l'arrivée de sa belle-mère il change de couleur, une sueur froide, un frisson s'empare de lui, son cœur palpite. Ces mouvements révèlent sa passion au médecin. Voici comment il le guérit.
[18] καλέσας τοῦ νεηνίσκου τὸν πατέρα κάρτα ὀρρωδέοντα, "Ἥδε νοῦσος," ἔφη, "ἣν παῖς ὅδε ἀρρωστέει, οὐ νοῦσός ἐστιν, ἀλλὰ ἀδικίη· ὅδε γάρ τοι ἀλγέει μὲν οὐδέν, ἔρως δέ μιν καὶ φρενοβλαβείη ἔχει. ἐπιθυμέει δὲ τῶν οὐδαμὰ τεύξεται, φιλέων γυναῖκα ἐμήν, τὴν ἐγὼ οὔτι μετήσομαι." μὲν ὦν τοιάδε σοφίῃ ἐψεύδετο. δὲ αὐτίκα ἐλίσσετο, "Πρός τε σοφίης καὶ ἰητρικῆς, μή μοι παῖδα ὀλέσῃς· οὐ γὰρ ἐθέλων ταύτῃ συμφορῇ ἔσχετο, ἀλλὰ οἱ νοῦσος ἀεκουσίη. τῷ σὺ μηδαμὰ ζηλοτυπέων πένθος ἐγεῖραι πάσῃ βασιληίῃ μηδὲ ἰητρὸς ἐὼν φόνον προξενέειν ἰητρικῇ." μὲν ὧδε ἀγνὼς ἐὼν ἐδέετο. δέ μιν αὖτις ἀμείβετο, "Ἀνόσια σπεύδεις γάμον ἐμὸν ἀπαιρεόμενος ἠδὲ ἰητρὸν ἄνδρα βιώμενος. σὺ δὲ κῶς ἂν αὐτὸς ἔπρηξας, εἴ τοι σὴν γυναῖκα ἐπόθεεν, ἐμεῦ τάδε δεόμενος;" δὲ πρὸς τάδε ἔλεγεν ὡς οὐδ´ αὐτὸς ἄν κοτε γυναικὸς ἐφείσατο οὐδὲ παιδὶ σωτηρίης ἐφθόνεεν, εἰ καί τι μητρυιῆς ἐπεθύμεεν· οὐ γὰρ ὁμοίην συμφορὴν ἔμμεναι γαμετὴν παῖδα ὀλέσαι. ὡς δὲ τάδε ἰητρὸς ἤκουσεν, "Τί τοι," ἔφη, "ἐμὲ λίσσεαι; καὶ γάρ τοι σὴν γυναῖκα ποθέει· τὰ δὲ ἐγὼ ἔλεγον πάντα ἔην ψεύδεα." πείθεται μὲν τουτέοισι, καὶ τῷ μὲν παιδὶ λείπει καὶ γυναῖκα καὶ βασιληίην, αὐτὸς δὲ ἐς τὴν Βαβυλωνίην χώρην ἀπίκετο καὶ πόλιν ἐπὶ τῷ Εὐφρήτῃ ἐπώνυμον ἑωυτοῦ ἐποιήσατο, ἔνθα οἱ καὶ τελευτὴ ἐγένετο. ὧδε μὲν ἰητρὸς ἔρωτα ἔγνω τε καὶ ἰήσατο. [18] Il fait venir le père du jeune homme, vivement tourmenté pour son fils. « Cette maladie, dit-il, n'est point une maladie, c'est un coupable désir. Votre fils ne ressent aucune douleur, un fol amour s'est emparé de lui. Il veut avoir un objet qu'il n'obtiendra pas : il est amoureux de ma femme, et certes je ne la lui céderai jamais. » Ces paroles n'étaient qu'une ruse prudente. Le père le supplie : « Par votre sagesse, par votre art médical s'écrie-t-il, ne laissez pas mourir mon fils ! C'est malgré lui que cette passion est entrée dans son cœur. Sa maladie est involontaire ; n'allez pas, par votre jalousie, plonger un royaume entier dans le deuil ; médecin, ne laissez pas imputer cette mort à la médecine. »Ainsi suppliait-il, ignorant la ruse. L'autre répond : « Ce que vous me demandez est injuste ; vous voulez m'enlever ma femme et me faire violence à moi, votre médecin. Eh ! que feriez-vous donc si ce jeune homme était amoureux de votre femme, vous qui me demandez ce sacrifice ? » Le père l'assure qu'il ne consentirait jamais à conserver sa femme, s'il fallait perdre son fils, celui-ci aimât-il sa belle-mère. La perte d'une épouse est-elle comparable à celle d'un fils ? A peine le médecin a-t-il entendu ces mots : « Pourquoi donc alors tant d'instances ? dit-il. C'est de votre femme que ce jeune homme est amoureux. Ce que je vous disais n'était qu'une ruse. » Le roi se laisse persuader à ce discours. Il cède à son fils sa femme et son empire, et se retire dans la Babylonie où il fonde une ville de son nom sur le bord de l'Euphrate. Il y mourut. C'est ainsi que le médecin devina et guérit l'amour du jeune prince.


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Dernière mise à jour : 14/05/2009