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[8,0] ΑΜΠΕΛΙΣ ΚΑΙ ΧΡΥΣΙΣ.
| [8,0] AMPÉLIS ET CHRYSIS.
| [8,1] ΑΜΠΕΛΙΣ.
Ὅστις δέ, ὦ Χρυσί, μήτε ζηλοτυπεῖ μήτε
ὀργίζεται μήτε ἐρράπισέ ποτε ἢ περιέκειρεν ἢ τὰ
ἱμάτια περιέσχισεν, ἔτι ἐραστὴς ἐκεῖνός ἐστιν;
ΧΡΥΣΙΣ.
Οὐκοῦν ταῦτα μόνα ἐρῶντος, ὦ Ἀμπελί, δείγματα;
ΑΜΠΕΛΙΣ.
Ναί, ταῦτ´ ἀνδρὸς θερμοῦ· ἐπεὶ τἆλλα, φιλήματα
καὶ δάκρυα καὶ ὅρκοι καὶ τὸ πολλάκις ἥκειν ἀρχομένου
ἔρωτος σημεῖον καὶ φυομένου ἔτι· τὸ δὲ
πῦρ ὅλον ἐκ τῆς ζηλοτυπίας ἐστίν. ὥστε εἰ καὶ σέ,
ὡς φῄς, ὁ Γοργίας ῥαπίζει καὶ ζηλοτυπεῖ, χρηστὰ
ἔλπιζε καὶ εὔχου ἀεὶ τὰ αὐτὰ ποιεῖν.
ΧΡΥΣΙΣ.
Τὰ αὐτά; τί λέγεις; ἀεὶ ῥαπίζειν με;
ΑΜΠΕΛΙΣ.
Οὐχί, ἀλλ´ ἀνιᾶσθαι, εἰ μὴ πρὸς μόνον αὐτὸν
βλέποις, ἐπεὶ εἰ μὴ ἐρᾷ γε, τί ἂν ὀργίζοιτο, εἰ σύ τινα
ἕτερον ἐραστὴν ἔχεις;
ΧΡΥΣΙΣ.
Ἀλλ´ οὐδὲ ἔχω ἔγωγε· ὁ δὲ μάτην ὑπέλαβε τὸν
πλούσιόν μου ἐρᾶν, διότι ἄλλως ἐμνημόνευσά ποτε
αὐτοῦ.
| [8,1] AMPÉLIS. Celui qui n'est pas jaloux, Chrysis, qui ne se met pas en colère, ne donne pas de
soufflets, n'arrache pas de cheveux et ne déchire pas de robes, celui-là n'est pas amoureux.
CHRYSIS. Comment, Ampélis, ce sont là les seules preuves de tendresses ?
AMPÉLIS. Oui, ma chère. C'est l'indice d'un cœur vraiment épris. Tout le reste,
baisers, larmes, serments, visites fréquentes, sont les marques d'un amour qui naît
et qui débute, mais le véritable feu éclate dans la jalousie. Si donc ton Gorgias
t'a souffletée, comme tu dis, s'il est jaloux, aie bon espoir et souhaite qu'il agisse
toujours de même.
CHRYSIS. Toujours de même ! Que dis-tu là? Tu veux qu'il me soufflette toujours ?
AMPÉLIS. Non, mais qu'il soit fâché, lorsque tu ne le regardes pas exclusivement.
En effet, s'il n'était pas amoureux, il ne se mettrait pas en colère en te voyant un
autre amant.
CHRYSIS. Mais je n'en ai pas d'autre. C'est sans motif qu'il me soupçonne d'aimer
ce richard, dont je lui ai parlé étourdiment l'autre jour.
| [8,2] ΑΜΠΕΛΙΣ.
Καὶ τοῦτο ἡδὺ τὸ ὑπὸ πλουσίων οἴεσθαι σπουδάζεσθαί
σε· οὕτω γὰρ ἀνιάσεται μᾶλλον καὶ φιλοτιμήσεται,
ὡς μὴ ὑπερβάλοιντο αὐτὸν οἱ ἀντερασταί.
ΧΡΥΣΙΣ.
Καὶ μὴν οὗτός γε μόνον ὀργίζεται καὶ ῥαπίζει,
δίδωσι δὲ οὐδέν.
ΑΜΠΕΛΙΣ.
Ἀλλὰ δώσει—ζηλοτυπεῖ γάρ—καὶ μάλιστα ἢν
λυπῇς αὐτόν.
ΧΡΥΣΙΣ.
Οὐκ οἶδ´ ὅπως ῥαπίσματα λαμβάνειν βούλει με,
ὦ Ἀμπελίδιον.
ΑΜΠΕΛΙΣ.
Οὔκ, ἀλλ´, ὡς οἶμαι, οὕτως οἱ μεγάλοι ἔρωτες
γίγνονται, καὶ εἰ πείθοιντο ἀμελεῖσθαι, εἰ δὲ
πιστεύσαι μόνος ἔχειν, ἀπομαραίνεταί πως ἡ
ἐπιθυμία. ταῦτα λέγω πρὸς σὲ εἴκοσιν ὅλοις ἔτεσιν
ἑταιρήσασα, σὺ δὲ ὀκτωκαιδεκαέτις, οἶμαι, ἢ
ἔλαττον οὖσα τυγχάνεις. εἰ βούλει δέ, καὶ διηγήσομαι
ἃ ἔπαθόν ποτε οὐ πάνυ πρὸ πολλῶν ἐτῶν·
ἤρα μου Δημόφαντος ὁ δανειστὴς ὁ κατόπιν
οἰκῶν τῆς Ποικίλης. οὗτος οὐδεπώποτε πλέον
πέντε δραχμῶν δέδωκε καὶ ἠξίου δεσπότης εἶναι.
ἤρα δέ, ὦ Χρυσί, ἐπιπόλαιόν τινα ἔρωτα οὔτε
ὑποστένων οὔτε δακρύων οὔτε ἀωρὶ παραγιγνόμενος
ἐπὶ τὰς θύρας, ἀλλ´ αὐτὸ μόνον συνεκάθευδέ μοι
ἐνίοτε, καὶ τοῦτο διὰ μακροῦ.
| [8,2] AMPÉLIS. Ce n'est pas désagréable pour toi qu'on te soupçonne d'être
recherchée par les riches. Ton amant en éprouvera plus de chagrin, il se piquera
d'honneur et craindra de rester en arrière de ses rivaux.
CHRYSIS. Oui, mais en attendant il ne fait que se mettre en colère et donner des
soufflets. Ce sont là ses seuls présents.
AMPÉLIS. Il en fera d'autres. Les jaloux ont l'humeur chagrine.
CHRYSIS. Je ne sais pas, ma petite Ampélis, pourquoi tu veux que je reçoive des
soufflets.
AMPÉLIS. Pas du tout, mais, je te le dis, ils deviennent fort amoureux quand ils
croient qu'on les dédaigne. Lorsque au contraire, un amant se figure qu'il est seul
favorisé, sa passion s'évanouit. Je te parle d'après une expérience de vingt ans, et
tu n'en as que dix-huit à peine. Si tu veux, je te raconterai ce qui m'est arrivé il y a
quelques années. J'avais pour amant Démophante l'usurier, qui demeure derrière
le Poecilé. Jamais il ne m'avait donné plus de cinq drachmes, et il voulait être le
maître. Il ne m'aimait, Chrysis, que d'un amour à fleur d'eau. Jamais de soupirs, de
larmes, de stations à ma porte pendant la nuit. Il couchait avec moi tout
simplement de loin en loin.
| [8,3] ἐπειδὴ δὲ ἐλθόντα ποτὲ ἀπέκλεισα—Καλλίδης γὰρ
ὁ γραφεὺς ἔνδον ἦν δέκα δραχμὰς πεπομφώς—τὸ μὲν πρῶτον
ἀπῆλθέ μοι λοιδορησάμενος· ἐπεὶ δὲ πολλαὶ μὲν
διῆλθον ἡμέραι, ἐγὼ δὲ οὐ προσέπεμπον, ὁ Καλλίδης
δὲ ἔνδον ἦν, ὑποθερμαινόμενος ἤδη τότε ὁ
Δημόφαντος καὶ αὐτὸς ἀναφλέγεται ἐς τὸ πρᾶγμα
καὶ ἐπιστάς ποτε ἀνεῳγμένην τηρήσας τὴν θύραν
ἔκλαεν, ἔτυπτεν, ἠπείλει φονεύσειν, περιερρήγνυε
τὴν ἐσθῆτα, ἅπαντα ἐποίει, καὶ τέλος τάλαντον
δοὺς μόνος εἶχεν ὀκτὼ ὅλους μῆνας. ἡ γυνὴ δὲ
αὐτοῦ πρὸς ἅπαντας ἔλεγεν ὡς ὑπὸ φαρμάκων
ἐκμήναιμι αὐτόν. τὸ δὲ ἦν ἄρα ζηλοτυπία τὸ
φάρμακον. ὥστε, Χρυσί, καὶ σὺ χρῶ ἐπὶ τὸν
Γοργίαν τῷ αὐτῷ φαρμάκῳ· πλούσιος δὲ ὁ
νεανίσκος ἔσται, ἤν τι ὁ πατὴρ αὐτοῦ πάθῃ.
| [8,3] Un jour il vient me voir. Je lui ferme la porte au nez. J'avais chez moi le peintre
Callidès, qui m'avait envoyé dix drachmes ; et Démophante s'en va pestant fort
contre moi. Quelques jours s'écoulent, je ne l'envoie pas chercher. Callidès était
encore chez moi. Démophante s'échauffe, il arrive tout bouillant de colère, voit la
porte ouverte, entre, pleure, me frappe, me menace de me tuer, déchire ma robe,
met tout en combustion et finit par me donner un talent pour lequel il m'eut toute
seule huit mois entiers. Sa femme disait à tout le monde que je l'avais affolé avec
des philtres. Mon philtre était la jalousie. Fais-en usage, Chrysis, avec ton Gorgias.
C’est un garçon qui sera riche, s'il arrive quelque chose à son père.
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