HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Lucien, Qu'il ne faut pas croire d'une manière enfantine

Paragraphes 1-2

  Paragraphes 1-2

[0] ΠΕΡΙ ΤΟΥ ΜΗ ΡΑΙΔΙKΩΣ ΠΙΣΤΕΥΕΙΝ. [0] Qu'il ne faut pas croire d'une manière enfantine.
[1] (ΔΙΑΒΟΛΗΙ) Δεινόν γε ἄγνοια καὶ πολλῶν κακῶν ἀνθρώποις αἰτία, ὥσπερ ἀχλύν τινα καταχέουσα τῶν πραγμάτων καὶ τὴν ἀλήθειαν ἀμαυροῦσα καὶ τὸν ἑκάστου βίον ἐπηλυγάζουσα. ἐν σκότῳ γοῦν πλανωμένοις πάντες ἐοίκαμεν, μᾶλλον δὲ τυφλοῖς ὅμοια πεπόνθαμεν, τῷ μὲν προσπταίοντες ἀλόγως, τὸ δὲ ὑπερβαίνοντες, οὐδὲν δέον, καὶ τὸ μὲν πλησίον καὶ παρὰ πόδας οὐχ ὁρῶντες, τὸ δὲ πόρρω καὶ πάμπολυ διεστηκὸς ὡς ἐνοχλοῦν δεδιότες· καὶ ὅλως ἐφ´ ἑκάστου τῶν πραττομένων οὐ διαλείπομεν τὰ πολλὰ ὀλισθαίνοντες. τοιγάρτοι μυρίας ἤδη τοῖς τραγῳδοδιδασκάλοις ἀφορμὰς εἰς τὰ δράματα τὸ τοιοῦτο παρέσχηται, τοὺς Λαβδακίδας καὶ τοὺς Πελοπίδας καὶ τὰ τούτοις παραπλήσια· σχεδὸν γὰρ τὰ πλεῖστα τῶν ἐν τῇ σκηνῇ ἀναβαινόντων κακῶν εὕροι τις ἂν ὑπὸ τῆς ἀγνοίας καθάπερ ὑπὸ τραγικοῦ τινος δαίμονος κεχορηγημένα. Λέγω δὲ καὶ ἐς τὰ ἄλλα μὲν ἀποβλέπων, μάλιστα δὲ ἐς τὰς οὐκ ἀληθεῖς κατὰ τῶν συνήθων καὶ φίλων διαβολάς, ὑφ´ ὧν ἤδη καὶ οἶκοι ἀνάστατοι γεγόνασι καὶ πόλεις ἄρδην ἀπολώλασι, πατέρες τε κατὰ παίδων ἐξεμάνησαν καὶ ἀδελφοὶ κατὰ τῶν ὁμογενῶν καὶ παῖδες κατὰ τῶν γειναμένων καὶ ἐρασταὶ κατὰ τῶν ἐρωμένων· πολλαὶ δὲ καὶ φιλίαι συνεκόπησαν καὶ ὅρκοι συνεχύθησαν ὑπὸ τῆς κατὰ τὰς διαβολὰς πιθανότητος. [1] C'est une chose terrible que l'ignorance; c'est pour les hommes une source de maux sans nombre. Elle répand une sorte de brouillard sur nos actions, elle obscurcit la vérité et couvre d'ombre la vie de chaque homme. Et en effet nous ressemblons tous à des gens qui errent au milieu des ténèbres, ou plutôt nous faisons comme les aveugles : nous nous heurtons au hasard contre un objet, nous en franchissons un autre mal à propos; nous ne voyons pas ce qui est près de nous et à nos pieds et nous craignons ce qui est loin, à une distance immense, comme s'il nous faisait obstacle. Bref, en tout ce que nous faisons, nous glissons presque toujours dans l'erreur. C'est dans ces effets de l'ignorance que les auteurs tragiques ont trouvé tant de sujets pour leurs drames, les Labdacides, les Pélopides, et d'autres semblables. Il est en effet assez aisé de s'apercevoir que la plupart des malheurs que l'on porte sur la scène sont amenés par l'ignorance, comme par une sorte de démon tragique. En disant cela, je pense à tous les méfaits de l'ignorance, mais en particulier aux dénonciations calomnieuses contre des familiers et des amis, par lesquelles on a vu des maisons renversées, des villes détruites de fond en comble, des pères enragés contre leurs enfants, des frères contre leurs frères, des enfants contre leurs parents, des samants contre l'objet de leur amour. Beaucoup d'amitiés ont été rompues, beaucoup de serments violés par la croyance aux calomnies.
[2] ἵν´ οὖν ὡς ἥκιστα περιπίπτωμεν αὐταῖς, ὑποδεῖξαι βούλομαι τῷ λόγῳ καθάπερ ἐπί τινος γραφῆς ὁποῖόν τί ἐστιν διαβολὴ καὶ πόθεν ἄρχεται καὶ ὁποῖα ἐργάζεται. Μᾶλλον δὲ Ἀπελλῆς Ἐφέσιος πάλαι ταύτην προὔλαβε τὴν εἰκόνα· καὶ γὰρ αὖ καὶ οὗτος διαβληθεὶς πρὸς τὸν Πτολεμαῖον ὡς μετεσχηκὼς Θεοδότᾳ τῆς συνωμοσίας ἐν Τύρῳ, — δὲ Ἀπελλῆς οὐχ ἑωράκει ποτὲ τὴν Τύρον οὐδὲ τὸν Θεοδόταν, ὅστις ἦν, ἐγίνωσκεν, καθ´ ὅσον ἤκουε Πτολεμαίου τινὰ ὕπαρχον εἶναι τὰ κατὰ τὴν Φοινίκην ἐπιτετραμμένον. ἀλλ´ ὅμως τῶν ἀντιτέχνων τις Ἀντίφιλος τοὔνομα ὑπὸ φθόνου τῆς παρὰ βασιλεῖ τιμῆς καὶ ὑπὸ τῆς κατὰ τὴν τέχνην ζηλοτυπίας κατεῖπεν αὐτοῦ πρὸς τὸν Πτολεμαῖον ὡς εἴη κεκοινωνηκὼς τῶν ὅλων καὶ ὡς θεάσαιτό τις αὐτὸν ἐν Φοινίκῃ συνεστιώμενον Θεοδότᾳ καὶ παρ´ ὅλον τὸ δεῖπνον πρὸς τὸ οὖς αὐτῷ κοινολογούμενον, καὶ τέλος ἀπέφηνε τὴν Τύρου ἀπόστασιν καὶ Πηλουσίου κατάληψιν ἐκ τῆς Ἀπελλοῦ συμβουλῆς γεγονέναι. [2] En conséquence, pour nous garder autant que possible de tomber dans les pièges de la calomnie, je veux faire voir dans ce traité, comme sur un tableau, ce qu'elle est, comment elle commence et quels effets elle produit. Auparavant je dois dire qu'Apelle d'Éphèse a dessiné cette image longtemps avant moi. Car il fut lui-même dénoncé à Ptolémée comme ayant pris part avec Théodotas à la conjuration de Tyr. Or Apelle n'avait jamais vu Tyr et il ne connaissait pas Théodotas; il avait seulement entendu dire que c'était un lieutenant de Ptolémée, à qui ce prince avait confié le gouvernement de la Phénicie. Néanmoins un de ses rivaux nommé Antiphilos, jaloux de sa faveur auprès du roi et envieux de son talent, le dénonça à Ptolémée comme ayant pris part à toute l'entreprise. On l'avait vu, disait-il, en Phénicie à la table de Théodotas, auquel il avait parlé à l'oreille pendant tout le repas. A la fin, il déclara que la révolte de Tyr et la prise de Péluse étaient dues aux conseils d'Apelle.


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Dernière mise à jour : 22/11/2007