HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Lucien, Apologie

Paragraphes 10-12

  Paragraphes 10-12

[10] Τί οὖν ἄλλο, εἰ μήτε ταῦτα μήτε ἐκεῖνα λέγειν δοκεῖ, ὑπόλοιπόν ἐστιν ὁμολογεῖν μηδὲ ἓν ὑγιὲς εἰπεῖν ἔχειν; μία μοι ἴσως ἐκείνη ἄγκυρα ἔτι ἄβροχος, ὀδύρεσθαι τὸ γῆρας καὶ τὴν νόσον καὶ μετὰ τούτων τὴν πενίαν πάντα ποιεῖν καὶ πάσχειν ἀναπείθουσαν ὡς ἐκφύγοι τις αὐτήν. καὶ ἐν τῷ τοιούτῳ οὐκ ἄκαιρον ἴσως καὶ τὴν τοῦ Εὐριπίδου Μήδειαν παρακαλέσαι παρελθοῦσαν εἰπεῖν ὑπὲρ ἐμοῦ ἐκεῖνα τὰ ἰαμβεῖα μικρὸν αὐτὰ παρῳδήσασαν· καὶ μανθάνω μὲν οἷα δρᾶν μέλλω κακά, πενία δὲ κρείσσων τῶν ἐμῶν βουλευμάτων. τὸ μὲν γὰρ τοῦ Θεόγνιδος κἂν ἐγὼ μὴ λέγω, τίς οὐκ οἶδεν, οὐκ ἀπαξιοῦντος καὶ ἐς βαθυκήτεα πόντον σφᾶς αὐτοὺς ῥιπτεῖν καὶ κατὰ κρημνῶν ἠλιβάτων, εἴ γε μέλλει τις οὕτως ἀποδράσεσθαι τὴν πενίαν; [10] Mais si je ne veux alléguer ni ce motif, ni les autres, que me reste-t-il, sinon d'avouer sans détour que je ne puis donner de prétexte valable ? Il me reste cependant encore une ancre de salut. Je puis déplorer les infirmités de ma vieillesse, et avec elles la pauvreté, qui nous engage à tout faire et à tout souffrir pour notre délivrance. En ce cas, il ne serait point hors de propos d'appeler à mon aide la Médée d'Euripide, et de citer, en les parodiant un peu, ces iambes : "Je connais mes forfaits et ma scélératesse, Mais la voix du besoin fait taire ma sagesse". Et, quand je ne citerais pas l'autorité de Théognis, qui ne sait que ce poète permet que l'on puisse "Se jeter dans les mers, en haleines fécondes, Et du haut d'un rocher s'élancer dans les ondes, afin d'échapper à la pauvreté" ?
[11] Ταῦτα μὲν εἶναι δοκεῖ τις ἂν ὡς ἐν τοιούτῳ ἀπολογήσασθαι ἔχοι, οὐ πάνυ εὐπρόσωπον ἕκαστον αὐτῶν. σὺ δέ μοι θάρρει, ἑταῖρε, ὡς οὐδενὶ τούτων ἐμοῦ χρησομένου. μὴ γὰρ τοσοῦτός ποτε λιμὸς καταλάβοι τὸ Ἄργος ὡς τὴν Κυλλάραβιν σπείρειν ἐπιχειρεῖν· οὐδ´ ἡμεῖς οὕτω πένητες εὐλόγου ἀπολογίας ὡς ὑπὸ ἀπορίας τὰ τοιαῦτα κρησφύγετα πρὸς τὴν κατηγορίαν ζητεῖν. ἀλλά μοι ἐκεῖνο ἐννόησον, ὡς πάμπολυ διαφέρει, ἐς οἰκίαν τινὸς πλουσίου ὑπόμισθον παρελθόντα δουλεύειν καὶ ἀνέχεσθαι ὅσα μοί φησιν τὸ βιβλίον, δημοσίᾳ πράττοντά τι τῶν κοινῶν καὶ ἐς δύναμιν πολιτευόμενον ἐπὶ τούτῳ παρὰ βασιλέως μισθοφορεῖν. διελθὼν δὴ καὶ ἰδίᾳ καταθεὶς ἑκάτερον σκόπει· εὑρήσεις γὰρ τὸ τῶν μουσικῶν δὴ τοῦτο, δὶς διὰ πασῶν τὸ πρᾶγμα, καὶ τοσοῦτον ἐοικότας ἀλλήλοις τοὺς βίους, ὅσον μόλυβδος ἀργύρῳ καὶ χαλκὸς χρυσῷ καὶ ἀνεμώνη ῥόδῳ καὶ ἀνθρώπῳ πίθηκος. μισθὸς μὲν γὰρ κἀκεῖ κἀνταῦθα καὶ τὸ ὑπ´ ἄλλῳ τάττεσθαι, τὸ δὲ πρᾶγμα παμπόλλην ἔχει τὴν διαφωνίαν. ἐκεῖ μὲν γὰρ δουλεία σαφὴς καὶ οὐ πολὺ τῶν ἀργυρωνήτων καὶ οἰκοτρίβων διαφέρουσιν οἱ ἐπὶ τῷ τοιούτῳ εἰσιόντες, οἱ δὲ τὰ κοινὰ διὰ χειρὸς ἔχοντες καὶ πόλεσι καὶ ἔθνεσιν ὅλοις σφᾶς αὐτοὺς χρησίμους παρέχοντες οὐκ ἂν εἰκότως ἐκ μόνου τοῦ μισθοῦ διαβάλλοιντο καὶ ἐς ὁμοιότητα καὶ κοινωνίαν τῆς κατηγορίας καθέλκοιντο· ἐπεὶ οὐκ ἂν φθάνοι τις ἁπάσας ἀναιρῶν τὰς τοιαύτας προστασίας, καὶ οὔτε οἱ τοσαῦτα ἔθνη ἐπιτροπεύοντες οὔθ´ οἱ τὰς πόλεις ἁρμόττοντες οὔθ´ οἱ τὰς φάλαγγας στρατόπεδα ὅλα ἐγχειριζόμενοι ὀρθῶς ποιήσουσιν ἐπεὶ καὶ μισθὸς αὐτῶν τῷ ἔργῳ πρόσεστιν. ἀλλ´ οὐκ ἀφ´ ἑνός, οἶμαι, χρὴ ἀνατρέπειν τὰ πάντα οὐδ´ ἰσοτιμίαν τῶν μισθοφορούντων καθιστάναι. [11] Voilà, ce me semble, ce que je pourrais dire pour ma justification. Mais aucune de ces raisons n'est vraiment spécieuse. Aussi, rassure-toi, cher ami, je n'en userai pas. Les Argiens ne sont pas tellement pressés par la faim, qu'ils soient contraints d'ensemencer Cyllarabis. De même, je ne me vois pas forcé, par la disette d'excuses légitimes, de recourir à de pareils subterfuges pour échapper à l'accusation. Fais seulement réflexion à la différence extrême qui existe entre le mercenaire consentant à vivre dans la maison d'un riche, à devenir son esclave, à passer par toutes les épreuves consignées dans mon livre, et l'homme public chargé d'une partie de l'administration, exerçant l'autorité qu'on lui a confiée, et recevant à ce titre un salaire de l'empereur. Examine ces deux conditions, considère-les isolément, et tu verras qu'elles sont aussi éloignées l'une de l'autre, pour parler la langue des musiciens, de plus de deux octaves. Elles se ressemblent à peu près comme le plomb à l'argent, le cuivre à l'or, l'anémone à la rose, et le singe à l'homme. Dans l'une et l'autre, il est vrai, on touche un salaire, on reçoit des ordres. Mais quelle différence ! Ici, la servitude est manifeste, et ceux qui la subissent sont de vrais esclaves achetés à prix d'argent. Là, ce sont des hommes qui ont en main l'intérêt public, qui se rendent à chaque instant utiles à des villes, à des nations entières. On ne peut raisonnablement leur faire un crime du salaire qu'ils reçoivent ni les confondre dans une accusation commune avec les autres. On avilirait ainsi toutes les fonctions de la même importance, et, dès lors, les gouverneurs des provinces, les préfets des villes, les commandants des légions, les généraux des armées ne pourraient plus continuer leurs services, puisqu'ils sont tous payés. Il ne faut donc pas, je crois, tout abattre d'un seul coup, et placer sur la même ligne tous ceux qui reçoivent un traitement.
[12] Τὸ δὲ ὅλον οὐ τοὺς μισθαρνοῦντας ἅπαντας ἐγὼ φαύλῳ βίῳ συνεῖναι ἔφασκον, ἀλλὰ τοὺς ἐν ταῖς οἰκίαις ἐπὶ προφάσει παιδεύσεως δουλεύοντας ᾤκτειρον. τουτὶ δέ, ἑταῖρε, τὸ ἡμέτερον πρᾶγμα παντάπασιν ἑτεροῖόν ἐστιν, εἴ γε τὰ μὲν οἴκοι ἰσότιμα ἡμῖν, δημοσίᾳ δὲ τῆς μεγίστης ἀρχῆς κοινωνοῦμεν καὶ τὸ μέρος συνδιαπράττομεν. ἔγωγ´ οὖν, εἰ σκέψαιο, δόξαιμ´ ἄν σοι οὐ τὸ σμικρότατον τῆς Αἰγυπτίας ταύτης ἀρχῆς ἐγκεχειρίσθαι, τὰς δίκας εἰσάγειν καὶ τάξιν αὐταῖς τὴν προσήκουσαν ἐπιτιθέναι καὶ τῶν πραττομένων καὶ λεγομένων ἁπαξαπάντων ὑπομνήματα γράφεσθαι καὶ τάς τε ῥητορείας τῶν δικαιολογούντων ῥυθμίζειν καὶ τὰς τοῦ ἄρχοντος γνώσεις πρὸς τὸ σαφέστατον ἅμα καὶ ἀκριβέστατον σὺν πίστει τῇ μεγίστῃ διαφυλάττειν καὶ παραδιδόναι δημοσίᾳ πρὸς τὸν ἀεὶ χρόνον ἀποκεισομένας, καὶ μισθὸς οὐκ ἰδιωτικός, ἀλλὰ παρὰ τοῦ βασιλέως, οὐ σμικρὸς οὐδὲ οὗτος, ἀλλὰ πολυτάλαντος· καὶ τὰ μετὰ ταῦτα δὲ οὐ φαῦλαι ἐλπίδες, εἰ τὰ εἰκότα γίγνοιτο, ἀλλὰ ἔθνος ἐπιτραπῆναι τινας ἄλλας πράξεις βασιλικάς. [12] Enfin, je n'ai pas dit, dans mon ouvrage, que l'on fut malheureux parce qu'on recevait un salaire, mais j'ai plaint le sort des infortunés qui, sous le nom d'instituteurs, deviennent esclaves dans une maison. Ma position, mon cher ami, est tout autre. Dans ma vie privée, j'ai conservé ma liberté. En public, j'exerce une portion de l'autorité suprême, et j'administre de concert avec le souverain. Si donc tu veux y réfléchir, tu verras que j'ai à gouverner une partie considérable de la province d'Égypte, qu'il me faut instruire les procès, établir l'ordre dans lequel ils doivent être appelés, tenir des registres exacts de tout ce qui se dit et de tout ce qui se fait, contenir les orateurs dans les bornes de la convenance, observer, de la manière la plus précise et la plus exacte, les décrets de l'empereur dans toute leur intégrité, et veiller à la publicité et à la durée de leur exécution. Et puis, ce n'est point le salaire d'un particulier que je reçois. Je le tiens du monarque, et ce prix, loin d'être modique, monte à une somme considérable. Joins à cela que je ne me nourris pas de frivoles espérances, s'il m'arrive, comme cela peut être, que j'obtienne la préfecture tout entière ou quelque autre fonction vraiment royale.


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Dernière mise à jour : 14/05/2009