HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Lucien, De l'ambre et des cygnes

Pagagraphes 4-6

  Pagagraphes 4-6

[4] ἐκεῖνο δὲ καὶ πάνυ ἀληθὲς ᾤμην εὑρήσειν παρ´ αὐτοῖς, κύκνους πολλοὺς ᾄδοντας ἐπὶ ταῖς ὄχθαις τοῦ ποταμοῦ. καὶ αὖθις ἠρώτων τοὺς ναύταςἀνεπλέομεν γὰρ ἔτιἈλλ´ οἵ γε κύκνοι πηνίκα ὑμῖν τὸ λιγυρὸν ἐκεῖνο ᾄδουσιν ἐφεστῶτες τῷ ποταμῷ ἔνθεν καὶ ἔνθεν; φασὶ γοῦν Ἀπόλλωνος παρέδρους αὐτοὺς ὄντας, ᾠδικοὺς ἀνθρώπους, ἐνταῦθά που ἐς τὰ ὄρνεα μεταπεσεῖν καὶ διὰ τοῦτο ᾄδειν ἔτι οὐκ ἐκλαθομένους τῆς μουσικῆς. [4] Je croyais du moins trouver en ce pays plus de vérité dans ce qu'on nous dit des cygnes, qui se rassemblent en grand nombre et chantent sur les rives du fleuve. J'interrogeai donc de nouveau mes bateliers, pendant que nous remontions encore : "Mais en quel temps, leur dis-je, les cygnes placés sur l'une et l'autre rive de ce fleuve vous font-ils entendre leur chant mélodieux ? On dit, en effet, que ces favoris d'Apollon étaient jadis des hommes habiles dans l'art de chanter, qu'ils ont été transformés en oiseaux et qu'ils chantent encore à présent, pour montrer qu'ils n'ont pas oublié la musique."
[5] οἱ δὲ σὺν γέλωτι, Σύ, ἔφησαν, ἄνθρωπε, οὐ παύσῃ τήμερον καταψευδόμενος τῆς χώρας ἡμῶν καὶ τοῦ ποταμοῦ; ἡμεῖς δὲ ἀεὶ πλέοντες καὶ ἐκ παίδων σχεδὸν ἐργαζόμενοι ἐν τῷ Ἠριδανῷ ὀλίγους μὲν κύκνους ἐνίοτε ὁρῶμεν ἐν τοῖς ἕλεσι τοῦ ποταμοῦ, καὶ κρώζουσιν οὗτοι πάνυ ἄμουσον καὶ ἀσθενές, ὡς τοὺς κόρακας τοὺς κολοιοὺς Σειρῆνας εἶναι πρὸς αὐτούς, ᾀδόντων δὲ ἡδὺ καὶ οἷον σὺ φὴς οὐδὲ ὄναρ ἀκηκόαμεν· ὥστε θαυμάζομεν πόθεν ταῦτα εἰς ὑμᾶς ἀφίκετο περὶ ἡμῶν. [5] Mes bateliers éclatant de rire : "Ne cesserez-vous donc pas, excellent homme, me dirent-ils, de calomnier par vos mensonges notre pays et notre fleuve ? Nous qui le suivons sans cesse, et qui, depuis notre enfance, travaillons sur l'Éridan, nous voyons bien quelquefois, il est vrai, des cygnes s'abattre dans les marais, mais ils font entendre un croassement si discordant et si confus, que les corbeaux et les geais sont des Sirènes au prix. Quant à ces chanteurs agréables, dont vous parlez, nous ne les avons jamais entendus, pas même en songe, et nous nous demandons avec étonnement d'où vous sont venus tous ces contes sur notre pays."
[6] Πολλὰ τοιαῦτα ἐξαπατηθῆναι ἔστι πιστεύοντας τοῖς πρὸς τὸ μεῖζον ἕκαστα ἐξηγουμένοις. ὥστε κἀγὼ νῦν δέδια ὑπὲρ ἐμαυτοῦ μὴ ὑμεῖς ἄρτι ἀφιγμένοι, καὶ τοῦτο πρῶτον ἀκροασόμενοι ἡμῶν, ἤλεκτρά τινα καὶ κύκνους ἐλπίσαντες εὑρήσειν παρ´ ἡμῖν, ἔπειτα μετ´ ὀλίγον ἀπέλθητε καταγελῶντες τῶν ὑποσχομένων ὑμῖν τοιαῦτα πολλὰ κειμήλια ἐνεῖναι τοῖς λόγοις. ἀλλὰ μαρτύρομαι, ὡς ἐμοῦ τοιαῦτα μεγαλαυχουμένου περὶ τῶν ἐμῶν οὔτε ὑμεῖς οὔτε ἄλλος πω ἀκήκοεν, οὐδ´ ἂν ἀκούσειέν ποτε. ἄλλοις μὲν γὰρ οὐκ ὀλίγοις ἐντύχοις ἂν Ἠριδανοῖς τισι καὶ οἷς οὐκ ἤλεκτρον, ἀλλὰ χρυσὸς αὐτὸς ἀποστάζει τῶν λόγων, πολὺ τῶν κύκνων τῶν ποιητικῶν λιγυρωτέροις· τὸ δὲ ἐμὸν ὁρᾶτε ἤδη ὁποῖον ἁπλοϊκὸν καὶ ἄμυθον, οὐδέ τις ᾠδὴ πρόσεστιν. ὥστε ὅρα μὴ τοιοῦτό τι πάθῃς μείζω περὶ ἡμῶν ἐλπίσας, οἷόν τι πάσχουσιν οἱ τὰ ἐν τῷ ὕδατι ὁρῶντες· οἰόμενοι γὰρ τηλικαῦτα εἶναι αὐτὰ οἷα διεφαίνετο αὐτοῖς ἄνωθεν, εὐρυνομένης τῆς σκιᾶς πρὸς τὴν αὐγήν, ἐπειδὰν ἀνασπάσωσι, πολλῷ μικρότερα εὑρίσκοντες ἀνιῶνται. ἤδη οὖν σοι προλέγω, ἐκχέας τὸ ὕδωρ καὶ ἀποκαλύψας τἀμὰ μηδὲν μέγα προσδοκήσῃς ἀνιμήσεσθαι, σαυτὸν αἰτιάσῃ τῆς ἐλπίδος. [6] Rien n'est plus facile que d'être dupe en mille circonstances, quand on croit au récit de ceux qui se plaisent à tout exagérer. J'ai donc pour moi semblable crainte. J'ai peur qu'en venant ici m'entendre pour la première fois, vous n'espériez trouver de l'ambre et des cygnes, et qu'en sortant vous ne vous moquiez de promesses indiscrètes, qui vous ont assuré que vous trouveriez ainsi de rares trésors dans mes discours. Mais, je vous l'atteste, ni vous ni personne ne m'a entendu parler de moi en termes si magnifiques, et personne ne m'entendra jamais. Vous rencontrerez assez d'autres Éridans dont les discours ne distillent pas seulement de l'ambre, mais de l'or, et dont la voix est plus mélodieuse que celle des cygnes de la fable. Mais moi, vous voyez quelle est la simplicité de mes paroles, nues, sans ornements littéraires, sans aucun chant qui les accompagne. Prenez donc garde, en concevant de moi de trop grandes espérances, de ressembler aux gens qui, voyant un objet plongé dans l'eau, s'imaginent qu'il est en effet tel qu'il leur paraît d'en haut, parce que l'image se trouve grossie par la lumière : ils le retirent et, le trouvant beaucoup plus petit, ils en éprouvent du chagrin. Je vous en avertis, versez l'eau où je plonge, considérez-moi à découvert, et ne vous attendez pas à retirer là quelque chose d'important. Autrement, ne vous en prenez qu'à vous de votre déception.


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Dernière mise à jour : 18/05/2009