HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Lucien, De l'ambre et des cygnes

Pagagraphes 1-3

  Pagagraphes 1-3

[0] ΠΕΡΙ ΤΟΥ ΗΛΕΚΤΡΟΥ Η ΤΩΝ ΚΥΚΝΩΝ [0] DE L'AMBRE ET DES CYGNES.
[1] Ἠλέκτρου πέρι καὶ ὑμᾶς δηλαδὴ μῦθος πέπεικεν, αἰγείρους ἐπὶ τῷ Ἠριδανῷ ποταμῷ δακρύειν αὐτὸ θρηνούσας τὸν Φαέθοντα, καὶ ἀδελφάς γε εἶναι τὰς αἰγείρους ἐκείνας τοῦ Φαέθοντος, εἶτα ὀδυρομένας τὸ μειράκιον ἀλλαγῆναι ἐς τὰ δένδρα, καὶ ἀποστάζειν ἔτι αὐτῶν δάκρυον δῆθεν τὸ ἤλεκτρον. τοιαῦτα γὰρ ἀμέλει καὶ αὐτὸς ἀκούων τῶν ποιητῶν ᾀδόντων ἤλπιζον, εἴ ποτε γενοίμην ἐπὶ τῷ Ἠριδανῷ, ὑπελθὼν μίαν τῶν αἰγείρων ἐκπετάσας τὸ προκόλπιον ὑποδέξεσθαι τῶν δακρύων ὀλίγα, ὡς ἤλεκτρον ἔχοιμι. [1] L'ambre, si vous en croyez la fable, provient des larmes versées par les peupliers des bords de l'Éridan, qui sont les sœurs de Phaéton, changées en arbres, à force de pleurer le malheureux jeune homme, et distillant des pleurs qui forment l'ambre. Convaincu de la vérité de ce récit des poètes, j'espérais que, si un jour je me trouvais près de l'Éridan, j'irais tendre le pan de ma robe sous l'un de ces peupliers, et que je recueillerais quelques-unes de ces larmes ambrées.
[2] καὶ δὴ οὐ πρὸ πολλοῦ κατ´ ἄλλο μέν τι χρέος, ἧκον δὲ ὅμως ἐς τὰ χωρία ἐκεῖνα, καὶἔδει γὰρ ἀναπλεῖν κατὰ τὸν Ἠριδανόνοὔτ´ αἰγείρους εἶδον πάνυ περισκοπῶν οὔτε τὸ ἤλεκτρον, ἀλλ´ οὐδὲ τοὔνομα τοῦ Φαέθοντος ᾔδεσαν οἱ ἐπιχώριοι. ἀναζητοῦντος γοῦν ἐμοῦ καὶ διαπυνθανομένου, πότε δὴ ἐπὶ τὰς αἰγείρους ἀφιξόμεθα τὰς τὸ ἤλεκτρον, ἐγέλων οἱ ναῦται καὶ ἠξίουν σαφέστερον λέγειν τι καὶ θέλοιμι· κἀγὼ τὸν μῦθον διηγούμην αὐτοῖς, Φαέθοντα γενέσθαι Ἡλίου παῖδα, καὶ τοῦτον ἐς ἡλικίαν ἐλθόντα αἰτῆσαι παρὰ τοῦ πατρὸς ἐλάσαι τὸ ἅρμα, ὡς ποιήσειε καὶ αὐτὸς μίαν ἡμέραν, τὸν δὲ δοῦναι, τὸν δὲ ἀπολέσθαι ἐκδιφρευθέντα, καὶ τὰς ἀδελφὰς αὐτοῦ πενθούσας ἐνταῦθά που, ἔφην, παρ´ ὑμῖν, ἵναπερ καὶ κατέπεσεν, ἐπὶ τῷ Ἠριδανῷ, αἰγείρους γενέσθαι καὶ δακρύειν ἔτι ἐπ´ αὐτῷ τὸ ἤλεκτρον. [2] Il n'y a donc pas longtemps, qu'obligé d'aller dans ce pays pour un tout autre objet, je me mis à remonter l'Éridan. Mais je n'aperçus ni peupliers ni ambre, quoique attentif à bien regarder autour de moi. Les habitants du pays ne connaissaient pas même le nom de Phaéton. Je m'informe, je demande quand est-ce que nous allons arriver aux peupliers qui distillent de l'ambre. Les bateliers se mettent à rire et me prient de leur expliquer nettement ce que je veux. Je leur raconte alors la fable de Phaéton : "C'était un fils du Soleil. Devenu grand, il demande à son père la permission de conduire son char lumineux, comme il le faisait lui-même chaque jour. Le père y consent, mais le jeune homme sans expérience tombe de son siège et périt. Ses sœurs lui donnent la sépulture quelque part par là où je vous disais, à l'endroit sans doute où il est tombé, près de l'Éridan. Puis elles sont changées en peupliers, et pleurent de l'ambre sur sa tombe.
[3] Τίς ταῦτά σοι, ἔφασκον, διηγήσατο ἀπατεὼν καὶ ψευδολόγος ἄνθρωπος; ἡμεῖς δὲ οὔτε ἡνίοχον τινα ἐκπίπτοντα εἴδομεν οὔτε τὰς αἰγείρους ἃς φὴς ἔχομεν. εἰ δὲ ἦν τι τοιοῦτον, οἴει ἡμᾶς δυοῖν ὀβολοῖν ἕνεκα ἐρέττειν ἂν ἕλκειν τὰ πλοῖα πρὸς ἐναντίον τὸ ὕδωρ, οἷς ἐξῆν πλουτεῖν ἀναλέγοντας τῶν αἰγείρων τὰ δάκρυα; τοῦτο λεχθὲν οὐ μετρίως μου καθίκετο, καὶ ἐσιώπησα αἰσχυνθείς, ὅτι παιδίου τινος ὡς ἀληθῶς ἔργον ἐπεπόνθειν πιστεύσας τοῖς ποιηταῖς ἀπίθανα οὕτως ψευδομένοις, ὡς μηδὲν ὑγιὲς ἀρέσκεσθαι αὐτοῖς. Μιᾶς μὲν δὴ ταύτης ἐλπίδος οὐ μικρᾶς ἐψευσμένος ἠνιώμην καθάπερ ἐκ τῶν χειρῶν τὸ ἤλεκτρον ἀπολωλεκώς, ὅς γε ἤδη ἀνέπλαττον ὅσα καὶ οἷα χρήσομαι αὐτῷ. [3] - Quel est donc le menteur, me disent-ils, quel est l'imposteur qui vous a raconté cela ? Nous n'avons jamais vu de cocher tomber ici de son siège, et nous n'avons pas les peupliers que vous dites. Croyez-vous, si cela était, que nous nous fatiguerions à ramer pour deux oboles et à remonter les bateaux contre le courant du fleuve, tandis qu'il ne tiendrait qu'à nous de nous enrichir en recueillant les larmes de ces peupliers ?" Ce discours me piqua au vif et je gardai le silence. Honteux d'avoir été, comme un enfant, la dupe de ma crédulité, en ajoutant foi aux mensonges des poètes qui ne se plaisent qu'à inventer les faits impossibles et extravagants. Je n'étais pas moins fâché de perdre ainsi une de mes plus chères espérances. Il me semblait qu'on m'eût arraché l'ambre des mains, moi qui déjà rêvais à combien de choses j'allais l'employer.


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Dernière mise à jour : 18/05/2009