HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Ps.-LONGIN, Le Traité du sublime

ἐπὶ



Texte grec :

[19] Τῆς δὲ αὐτῆς ἰδέας καὶ τὰ ὑπερβατὰ θετέον. ἔστι δὲ λέξεων ἢ νοήσεων ἐκ τοῦ κατ´ ἀκολουθίαν κεκινημένη τάξις καὶ οἱονεὶ - - - χαρακτὴρ ἐναγωνίου πάθους ἀληθέστατος. ὡς γὰρ οἱ τῷ ὄντι ὀργιζόμενοι ἢ φοβούμενοι ἢ ἀγανακτοῦντες ἢ ὑπὸ ζηλοτυπίας ἢ ὑπὸ ἄλλου τινὸς (πολλὰ γὰρ καὶ ἀναρίθμητα πάθη καὶ οὐδ´ ἂν εἰπεῖν τις ὁπόσα δύναιτο) ἑκάστοτε παραπίπτοντες ἄλλα προθέμενοι πολλάκις ἐπ´ ἄλλα μεταπηδῶσι, μέσα τινὰ παρεμβάλλοντες ἀλόγως, εἶτ´ αὖθις ἐπὶ τὰ πρῶτα ἀνακυκλοῦντες καὶ πάντη πρὸς τῆς ἀγωνίας, ὡς ὑπ´ ἀστάτου πνεύματος, τῇδε κἀκεῖσε ἀγχιστρόφως ἀντισπώμενοι τὰς λέξεις τὰς νοήσεις τὴν ἐκ τοῦ κατὰ φύσιν εἱρμοῦ παντοίως πρὸς μυρίας τροπὰς ἐναλλάττουσι τάξιν, οὕτως παρὰ τοῖς ἀρίστοις συγγραφεῦσι διὰ τῶν ὑπερβατῶν ἡ μίμησις ἐπὶ τὰ τῆς φύσεως ἔργα φέρεται. τότε γὰρ ἡ τέχνη τέλειος ἡνίκ´ ἂν φύσις εἶναι δοκῇ, ἡ δ´ αὖ φύσις ἐπιτυχὴς ὅταν λανθάνουσαν περιέχῃ τὴν τέχνην. ὥσπερ λέγει ὁ Φωκαεὺς Διονύσιος παρὰ τῷ Ἡροδότῳ· "ἐπὶ ξυροῦ γὰρ ἀκμῆς ἔχεται ἡμῖν τὰ πράγματα, ἄνδρες Ἴωνες, εἶναι ἐλευθέροις ἢ δούλοις, καὶ τούτοις ὡς δραπέτῃσι. νῦν ὦν ὑμεῖς ἢν μὲν βούλησθε ταλαιπωρίας ἐνδέχεσθαι, παραχρῆμα μὲν πόνος ὑμῖν, οἷοί τε δὲ ἔσεσθε ὑπερβαλέσθαι τοὺς πολεμίους." ἐνταῦθ´ ἦν τὸ κατὰ τάξιν· "ὦ ἄνδρες Ἴωνες, νῦν καιρός ἐστιν ὑμῖν πόνους ἐπιδέχεσθαι· ἐπὶ ξυροῦ γὰρ ἀκμῆς ἔχεται ἡμῖν τὰ πράγματα." ὁ δὲ τὸ μὲν "ἄνδρες Ἴωνες" ὑπερεβίβασε· προεισέβαλε γὰρ εὐθὺς ἀπὸ τοῦ φόβου, ὡς μηδ´ ἀρχὴν φθάνων πρὸς τὸ ἐφεστὼς δέος προσαγορεῦσαι τοὺς ἀκούοντας· ἔπειτα δὲ τὴν τῶν νοημάτων ἀπέστρεψε τάξιν. πρὸ γὰρ τοῦ φῆσαι ὅτι αὐτοὺς δεῖ πονεῖν (τοῦτο γάρ ἐστιν ὃ παρακελεύεται) ἔμπροσθεν ἀποδίδωσι τὴν αἰτίαν δι´ ἣν πονεῖν δεῖ, "ἐπὶ ξυροῦ ἀκμῆς" φήσας "ἔχεται ἡμῖν τὰ πράγματα," ὡς μὴ δοκεῖν ἐσκεμμένα λέγειν, ἀλλ´ ἠναγκασμένα. ἔτι δὲ μᾶλλον ὁ Θουκυδίδης καὶ τὰ φύσει πάντως ἡνωμένα καὶ ἀδιανέμητα ὅμως ταῖς ὑπερβάσεσιν ἀπ´ ἀλλήλων ἄγειν δεινότατος. ὁ δὲ Δημοσθένης οὐχ οὕτως μὲν αὐθάδης ὥσπερ οὗτος, πάντων δ´ ἐν τῷ γένει τούτῳ κατακορέστατος καὶ πολὺ τὸ ἀγωνιστικὸν ἐκ τοῦ ὑπερβιβάζειν καὶ ἔτι νὴ Δία τὸ ἐξ ὑπογύου λέγειν συνεμφαίνων, καὶ πρὸς τούτοις εἰς τὸν κίνδυνον τῶν μακρῶν ὑπερβατῶν τοὺς ἀκούοντας συνεπισπώμενος· πολλάκις γὰρ τὸν νοῦν ὃν ὥρμησεν εἰπεῖν ἀνακρεμάσας, καὶ μεταξύ πως εἰς ἀλλόφυλον καὶ ἀπεοικυῖαν τάξιν ἄλλ´ ἐπ´ ἄλλοις διὰ μέσου καὶ ἔξωθέν ποθεν ἐπεισκυκλῶν, εἰς φόβον ἐμβαλὼν τὸν ἀκροατὴν ὡς ἐπὶ παντελεῖ τοῦ λόγου διαπτώσει, καὶ συναποκινδυνεύειν ὑπ´ ἀγωνίας τῷ λέγοντι συναναγκάσας, εἶτα παραλόγως διὰ μακροῦ τὸ πάλαι ζητούμενον εὐκαίρως ἐπὶ τέλει που προσαποδούς, αὐτῷ τῷ κατὰ τὰς ὑπερβάσεις παραβόλῳ καὶ ἀκροσφαλεῖ πολὺ μᾶλλον ἐκπλήττει. φειδὼ δὲ τῶν παραδειγμάτων ἔστω διὰ τὸ πλῆθος.

Traduction française :

[19] CHAPITRE XIX. Des hyperbates. Il faut donner rang aux hyperbates. L'hyperbate n'est autre chose que la transposition des pensées ou des paroles dans l’ordre et la suite d’un discours. Et cette figure porte avec foi le caractère véritable d'une passion forte et violente. En effet, voyez tous ceux qui sont émus de colère, de frayeur, de dépit, de jalousie, ou de quelque autre passion que ce soit: car il y en a tant que l’on n'en sait pas le nombre, leur écrit est dans une agitation continuelle. À peine ont-ils formé un dessein qu'ils en conçoivent aussitôt un autre, et au milieu de celui-ci s'en proposant encore de nouveaux, où il n'y a ni raison ni rapport, ils reviennent souvent à leur première résolution. La passion en eux est comme un vent léger et inconstant qui les entraîne, et les fait tourner sans cesse de côté et d'autre : si bien que dans ce flux et ce reflux perpétuel de sentiments opposés, ils changent à tous moments de pensée et de langage, et ne gardent ni ordre, ni suite dans leurs discours. Les habiles écrivains, pour imiter ces mouvements de la nature, se servent des hyperbates. Et à dire vrai, l'art n'est jamais dans un plus haut degré de perfection, que lorsqu'il ressemble si fort à la nature, qu'on le prend pour la nature même; et au contraire la nature ne réussit jamais mieux que quand l'art est caché. Nous voyons un bel exemple de cette transposition dans Hérodote, où Denys Phocéen parle ainsi aux Ioniens. "En effet nos affaires sont réduites à la dernière extrémité, Messieurs. Il faut nécessairement que nous soyons libres ou esclaves et esclaves misérables. Si donc vous voulez éviter les malheurs qui vous menacent il faut sans différer embrasser le travail et la fatigue, et acheter votre liberté par la défaite de vos ennemis". S'il eût voulu suivre l’ordre naturel, voici comme il eût parlé. "Messieurs, il est maintenant temps d'embrasser le travail et la fatigue : Car enfin nos affaires sont réduites à la dernière extrémité", etc. Premièrement donc il transporte ce mot "Messieurs", et ne l'insère qu'immédiatement après leur avoir jeté la frayeur dans l’âme: comme si la grandeur du péril lui avait fait oublier la civilité qu’on doit à ceux à qui l'on parle, en commençant un discours. Ensuite il renverse l'ordre des pensées. Car avant que de les exhorter au travail, qui est pourtant son but, il leur donne la raison qui les y doit porter: "En effet nos affairés sont réduites à la dernière extrémité" afin qu'il ne semble pas que ce soit un discours étudié qu’il leur apporte: mais que c'est la passion qui le force de parler sur le champ. Thucydide a aussi des hyperbates fort remarquables, et s'entend admirablement à transposer les choses qui semblent unies du lien le plus naturel, et qu'on dirait ne pouvoir être séparées. Pour Démosthène, qui est d'ailleurs bien plus retenu que Thucydide, il ne l'est pas en cela, et jamais personne n'a plus aimé les hyperbates. Car dans la passion qu'il a de faire paraître que tout ce qu'il dit est dit sur le champ, il traîne sans cesse l'auditeur, par les dangereux détours de ses longues transpositions. Assez souvent donc il suspend sa première pensée comme s'il affectait tout exprès le désordre : et entremêlant au milieu de son discours plusieurs choses différentes qu'il va quelquefois chercher, même hors de son sujet, il met la frayeur dans l'âme de l'auditeur qui croit que tout ce discours va tomber, et l’intéresse malgré lui dans le péril où il pense voir l'orateur. Puis tout d'un coup et lorsqu'on ne s’y attendait plus, disant à propos ce qu'il y avait si longtemps qu'on cherchait ; par cette transposition également adroite et dangereuse, il touche bien davantage que s'il eût gardé un ordre dans ses paroles, et il y a tant d'exemples de ce que je dis que je me dispenserai d'en rapporter.





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Dernière mise à jour : 14/06/2007