[90] XC.
1 Καὶ ἡμᾶς οὖν, ἔφη, προβίβασον ἐκ τῶν γραφῶν, ἵνα σοι πεισθῶμεν
καὶ ἡμεῖς. Παθεῖν μὲν γὰρ καὶ ὡς πρόβατον ἀχθήσεσθαι οἴδαμεν· εἰ δὲ καὶ
σταυρωθῆναι καὶ οὕτως αἰσχρῶς καὶ ἀτίμως ἀποθανεῖν διὰ τοῦ
κεκατηραμένου ἐν τῷ νόμῳ θανάτου, ἀπόδειξον ἡμῖν· ἡμεῖς γὰρ οὐδ' εἰς
ἔννοιαν τούτου ἐλθεῖν δυνάμεθα.
2 Οἶσθα, ἔφην, ὅτι ὅσα εἶπον καὶ ἐποίησαν οἱ προφῆται, ὡς καὶ
ὡμολογήθη ὑμῖν, παραβολαῖς καὶ τύποις ἀπεκάλυψαν, ὡς μὴ ῥᾳδίως τὰ
πλεῖστα ὑπὸ πάντων νοηθῆναι, κρύπτοντες τὴν ἐν αὐτοῖς ἀλήθειαν, ὡς καὶ
πονέσαι τοὺς ζητοῦντας εὑρεῖν καὶ μαθεῖν.
Οἱ δὲ ἔφησαν· Καὶ ὡμολογήθη ἡμῖν.
3 Ἀκούοις ἂν οὖν, φημί, τὸ μετὰ τοῦτο. Μωυσῆς γὰρ πρῶτος
ἐξέφανεν αὐτοῦ ταύτην τὴν δοκοῦσαν κατάραν δι' ὧν ἐποίησε σημείων.
Τίνων τούτων, ἔφη, λέγεις;
4 Ὅτε ὁ λαός, φημί, ἐπολέμει τῷ Ἀμαλὴκ καὶ ὁ τοῦ Ναυῆ υἱός, ὁ
ἐπονομασθεὶς τῷ Ἰησοῦ ὀνόματι, τῆς μάχης ἦρχεν, αὐτὸς Μωυσῆς ηὔχετο
τῷ θεῷ τὰς χεῖρας ἑκατέρως ἐκπετάσας, Ὣρ δὲ καὶ Ἀαρὼν ὑπεβάσταζον
αὐτὰς πανῆμαρ, ἵνα μὴ κοπωθέντος αὐτοῦ χαλασθῶσιν. Εἰ γὰρ ἐνεδεδώκει
τι τοῦ σχήματος τούτου τοῦ τὸν σταυρὸν μιμουμένου, ὡς γέγραπται ἐν ταῖς
Μωυσέως γραφαῖς· ὁ λαὸς ἡττᾶτο· εἰ δὲ ἐν τῇ τάξει ἔμενε ταύτῃ, Ἀμαλὴκ
ἐνικᾶτο τοσοῦτον, καὶ ἰσχύων διὰ τοῦ σταυροῦ ἴσχυεν. 5 Οὐ γάρ, ὅτι οὕτως
ηὔχετο Μωυσῆς, διὰ τοῦτο κρείσσων ὁ λαὸς ἐγίνετο, ἀλλ' ὅτι, ἐν ἀρχῇ τῆς
μάχης τοῦ ὀνόματος τοῦ Ἰησοῦ ὄντος, αὐτὸς τὸ σημεῖον τοῦ σταυροῦ
ἐποίει. Τίς γὰρ οὐκ ἐπίσταται ὑμῶν, ὅτι μάλιστα μὲν ἡ μετὰ οἴκτου καὶ
δακρύων εὐχὴ μειλίσσεται τὸν θεὸν καὶ ἡ ἐν πρηνεῖ κατακλίσει καὶ ἐν
γόνασιν ὀκλάσαντός τινος; Τοῦτον δὲ τὸν τρόπον ἐπὶ λίθου καθεζόμενος
οὔτε αὐτὸς ηὔξατο οὔτε ἄλλος ὕστερον. Ἔχει δὲ καὶ ὁ λίθος σύμβολον, ὡς
ἀπέδειξα, πρὸς τὸν Χριστόν.
| [90] XC.
1 — Eh bien ! me dit Tryphon, prouvez-nous le directement, d'après
les Écritures, si vous voulez que nous partagions votre conviction. Oui,
nous savons que le Christ doit souffrir, qu'il sera conduit à la mort comme
une brebis; mais doit-il être crucifié, peut-il subir une mort aussi honteuse,
aussi infâme, puisqu'elle est maudite par la loi? Tâchez de nous le
prouver; pour nous, la seule idée d'une pareille mort nous révolte.
2 — Vous savez, lui répondis-je, et vous convenez avec moi, que les
prophètes ont enveloppé d'images et de figures la plupart des choses
qu'ils ont dites ou faites, de sorte qu'elles étaient presque
incompréhensibles pour le plus grand nombre, et que ce n'était pas sans
peine que la vérité cachée sous ces voiles apparaissait à ceux qui la
recherchaient et voulaient s'en instruire.
— Oui, me dirent-ils tous ensemble, nous en convenons avec vous.
3 - Écoutez donc la suite, leur répondis-je. Cette croix si détestée en
apparence, Moïse l'a représentée par les différents signes qu'il a
exprimés.
— Quels sont ces signes ? me demanda Tryphon.
4 — Dans la guerre du peuple hébreu contre Amalec, tandis que le
fils de Nave, nommé Jésus, était à la tête de l'armée, Moïse priait les bras
étendus; Or et Aaron les soutinrent dans cette position pendant tout le
jour, de peur qu'ils ne vinssent à tomber de lassitude. Si la position de
Moïse gardait quelque chose de la forme d'une croix, le peuple était
vaincu, ainsi que nous l'apprenons des livres mêmes de ce saint prophète
; mais tant qu'il persévérait dans cette attitude, Amalec perdait l'avantage
: ainsi la victoire se trouvait du côté de la croix. 5 Mais ce n'est pas tant
cette position de Moïse, pendant sa prière, qui faisait triompher le peuple
hébreu, que le nom de Jésus qui se trouvait à la tête de l'armée, lorsque
Moïse représentait sa croix sur la montagne. Qui ne sait que la prière la
plus efficace est celle qui se fait avec larmes et gémissements, le genou
en terre et le corps incliné ! Dans la suite, ni Moïse, ni aucun autre, ne prit
sur la pierre cette attitude en forme de croix pendant sa prière! Et la pierre
ici n'est-elle pas encore un signe qui représente le Christ et ne convient qu'à lui ?
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