[84] LXXXIV.
1 Καὶ τὸ Ἰδοὺ ἡ παρθένος ἐν γαστρὶ λήψεται καὶ τέξεται υἱὸν εἰς τοῦτον
προείρητο. Εἰ γὰρ μὴ ἐκ παρθένου οὗτος, περὶ οὗ Ἠσαίας ἔλεγεν, ἔμελλε
γεννᾶσθαι, εἰς ὃν τὸ ἅγιον πνεῦμα ἐβόα·
«Ἰδοὺ κύριος αὐτὸς ἡμῖν δώσει σημεῖον· ἰδοὺ ἡ παρθένος ἐν γαστρὶ
λήψεται καὶ τέξεται υἱόν;»
Εἰ γὰρ ὁμοίως τοῖς ἄλλοις ἅπασι πρωτοτόκοις καὶ οὗτος γεννᾶσθαι ἐκ
συνουσίας ἔμελλε, τί καὶ ὁ θεὸς σημεῖον, ὃ μὴ πᾶσι τοῖς πρωτοτόκοις
κοινόν ἐστιν, ἔλεγε ποιεῖν; 2 Ἀλλ' ὅπερ ἐστὶν ἀληθῶς σημεῖον καὶ πιστὸν τῷ
γένει τῶν ἀνθρώπων ἔμελλε γίνεσθαι, τοῦτ' ἔστι διὰ παρθενικῆς μήτρας τὸν
πρωτότοκον τῶν πάντων ποιημάτων σαρκοποιηθέντα ἀληθῶς παιδίον
γενέσθαι, προλαβὼν αὐτὸ διὰ τοῦ προφητικοῦ πνεύματος κατὰ ἄλλον καὶ
ἄλλον τρόπον, ἀνιστόρησα ὑμῖν, προεκήρυξεν, ἵνα ὅταν γένηται δυνάμει
καὶ βουλῇ τοῦ τῶν ὅλων ποιητοῦ γενόμενον γνωσθῇ· ὡς καὶ ἀπὸ πλευρᾶς
μιᾶς τοῦ Ἀδὰμ ἡ Εὔα γέγονε, καὶ ὥσπερ τἄλλα πάντα ζῶα λόγῳ θεοῦ τὴν
ἀρχὴν ἐγεννήθη. 3 Ὑμεῖς δὲ καὶ ἐν τούτοις παραγράφειν τὰς ἐξηγήσεις, ἃς
ἐξηγήσαντο οἱ πρεσβύτεροι ὑμῶν παρὰ Πτολεμαίῳ τῷ τῶν Αἰγυπτίων
βασιλεῖ γενομένῳ, τολμᾶτε, λέγοντες μὴ ἔχειν τὴν γραφὴν ὡς ἐκεῖνοι
ἐξηγήσαντο, ἀλλ'
«Ἰδού, φησίν, ἡ νεᾶνις ἐν γαστρὶ ἕξει,»
ὡς μεγάλων πραγμάτων σημαινομένων, εἰ γυνὴ ἀπὸ συνουσίας
τίκτειν ἔμελλεν, ὅπερ πᾶσαι αἱ νεάνιδες γυναῖκες ποιοῦσι πλὴν τῶν
στειρῶν, ἃς καὶ αὐτὰς βουληθεὶς ὁ θεὸς γεννᾶν ποιῆσαι δυνατός. 4 Ἡ
μήτηρ γὰρ τοῦ Σαμουὴλ μὴ τίκτουσα διὰ βουλὴν θεοῦ τέτοκε, καὶ ἡ γυνὴ
τοῦ ἁγίου πατριάρχου Ἀβραάμ, καὶ Ἐλισάβετ ἡ τὸν βαπτιστὴν Ἰωάννην
τεκοῦσα, καὶ ἄλλαι τινὲς ὁμοίως. Ὥστε οὐκ ἀδύνατον ὑπολαμβάνειν δεῖ
ὑμᾶς πάντα δύνασθαι τὸν θεὸν ὅσα βούλεται.
Καὶ μάλιστα, ἐπειδὴ ἐπεπροφήτευτο μέλλειν γίνεσθαι, μὴ
παραγράφειν ἢ παρεξηγεῖσθαι τολμᾶτε τὰς προφητείας, ἐπεὶ ἑαυτοὺς
μόνους ἀδικήσετε, τὸν δὲ θεὸν οὐ βλάψετε.
| [84] LXXXIV.
1 Et c'est encore lui que regarde cette autre prophétie: « Voici qu'une
vierge concevra et enfantera un fils. » Car si le personnage dont parle
Isaïe ne devait pas naître d'une vierge, je demande quel est celui que
l'Esprit saint pouvait avoir en vue, quand il s'écriait :
« Voici que le Seigneur nous donnera un signe : une vierge concevra
dans son sein et enfantera un fils. »
Car si ce fils devait naître comme naissent tous les premiers-nés,
c'est-à-dire d'une fille encore vierge, quelle merveille se trouvait dans le
signe que Dieu voulait donner ? 2 Pourquoi dit-il que ce signe n'aura rien
de commun avec ce qui arrive dans la génération des premiers-nés? Mais
ce qui était un signe vraiment extraordinaire, ce qui devait être un signe
certain pour tous les hommes, c'est que celui qui existe avant toutes
choses, et qu'on appelle le premier-né, prit chair et naquit véritablement
d'un sein resté vierge. Aussi Dieu le donna-t-il d'avance, ce signe
merveilleux, l'annonçant par son Esprit saint de différentes manières,
comme je vous l'ai déjà montré, afin que l'événement arrivé, on y reconnût
la même puissance, la même volonté que le Créateur de toutes choses
signala, quand il fit naître Ève d'une côte d'Adam, quand d'une seule
parole il donna l'être à tout ce qui existe. Mais vous autres, que faites-vous ?
3 Vous osez réformer la version des soixante dix vieillards ; vous
prétendez qu'ils ont mal traduit le passage qui nous occupe, et qu'il faut dire :
« Voici qu'une jeune fille enfantera, etc. »
Quelle grande merveille serait donc annoncée, s'il s'agissait d'une
femme ici qui dût concevoir comme il arrive à toutes celles qui sont
encore jeunes, à moins qu'elles ne soient stériles ? Et même celles-ci,
« Dieu ne peut-il pas les rendre fécondes, s'il le veut ? »
n'est-ce pas le prodige qu'il opéra en faveur de la mère de Samuel,
de la femme du saint patriarche Abraham, d'Elisabeth, mère de saint
Jean, et d'autres encore? Vous ne devez donc pas douter que Dieu ne
puisse le faire s'il veut.
Et lorsqu'il a annoncé qu'il réaliserait dans la suite sa volonté par un
fait, comment osez-vous altérer la prophétie ou lui donner une fausse
interprétation qui la détourne de son véritable sens ? Songez-y, vous ne
faites ici de tort qu'à vous seuls, vous ne pouvez nuire à Dieu.
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