[20] XX.
1 Καὶ γὰρ βρωμάτων τινῶν ἀπέχεσθαι προσέταξεν ὑμῖν, ἵνα καὶ ἐν τῷ
ἐσθίειν καὶ πίνειν πρὸ ὀφθαλμῶν ἔχητε τὸν θεόν, εὐκατάφοροι ὄντες καὶ
εὐχερεῖς πρὸς τὸ ἀφίστασθαι τῆς γνώσεως αὐτοῦ, ὡς καὶ Μωυσῆς φησιν·
«Ἔφαγε καὶ ἔπιεν ὁ λαὸς καὶ ἀνέστη τοῦ παίζειν.» Καὶ πάλιν· «Ἔφαγεν
Ἰακὼβ καὶ ἐνεπλήσθη, καὶ ἐλιπάνθη, καὶ ἀπελάκτισεν ὁ ἠγαπημένος·
ἐλιπάνθη, ἐπαχύνθη, ἐπλατύνθη, καὶ ἐγκατέλιπε θεὸν τὸν ποιήσαντα
αὐτόν.» Τῷ γὰρ Νῶε ὅτι συγκεχώρητο ὑπὸ τοῦ θεοῦ, δικαίῳ ὄντι, πᾶν
ἔμψυχον ἐσθίειν πλὴν κρέας ἐν αἵματι, ὅπερ ἐστὶ νεκριμαῖον, διὰ Μωυσέως
ἀνιστορήθη ὑμῖν ἐν τῇ βίβλῳ τῆς Γενέσεως. 2 Καὶ βουλομένου αὐτοῦ εἰπεῖν
Ὡς λάχανα χόρτου, προεῖπον ἐγώ· Τὸ ὡς λάχανα χόρτου τοῦ μὴ
ἀκούσεσθε ὡς εἴρηται ὑπὸ τοῦ θεοῦ, ὅτι ὡς τὰ λάχανα εἰς τροφὴν τῷ
ἀνθρώπῳ ἐπεποιήκει ὁ θεός, οὕτως καὶ τὰ ζῶα εἰς κρεωφαγίαν ἐδεδώκει;
Ἀλλ' ἐπεί τινα τῶν χόρτων οὐκ ἐσθίομεν, οὕτω καὶ διαστολὴν ἔκτοτε τῷ
Νῶε διεστάλθαι φατέ. 3 Οὐχ ὡς ἐξηγεῖσθε πιστευτέον. Πρῶτον μὲν γὰρ ὅτι
πᾶν λάχανον χόρτος ἐστὶ καὶ βιβρώσκεσθαι δυνάμενος λέγειν καὶ
κρατύνειν, οὐκ ἐν τούτῳ ἀσχοληθήσομαι. ἀλλὰ εἰ καὶ τὰ λάχανα τοῦ
χόρτου διακρίνομεν, μὴ πάντα ἐσθίοντες, οὐ διὰ τὸ εἶναι αὐτὰ κοινὰ ἢ
ἀκάθαρτα οὐκ ἐσθίομεν, ἀλλὰ ἢ διὰ τὸ πικρὰ ἢ θανάσιμα ἢ ἀκανθώδη· τῶν
δὲ γλυκέων πάντων καὶ τροφιμωτάτων καὶ καλλίστων, θαλασσίων τε καὶ
χερσαίων, ἐφιέμεθα καὶ μετέχομεν.
4 Οὕτω καὶ τῶν ἀκαθάρτων καὶ ἀδίκων καὶ παρανόμων ἀπέχεσθαι
ὑμᾶς ἐκέλευσεν ὁ θεὸς διὰ Μωυσέως, ἐπειδὴ καὶ τὸ μάννα ἐσθίοντες ἐν τῇ
ἐρήμῳ καὶ τὰ θαυμάσια πάντα ὁρῶντες ὑμῖν ὑπὸ τοῦ θεοῦ γινόμενα,
μόσχον τὸν χρύσεον ποιήσαντες προσεκυνεῖτε. Ὥστε δικαίως ἀεὶ βοᾷ· «
Υἱοὶ ἀσύνετοι, οὐκ ἔστι πίστις ἐν αὐτοῖς.»
| [20] XX.
1 S'il vous a aussi commandé de vous abstenir de certaines viandes,
c'est qu'il voulait que, même pendant vos repas, vous eussiez sa pensée
présente à l'esprit, tant vous étiez prompts à l'oublier, ainsi que le dit
Moise : « Le peuple s'est assis pour manger et pour boire, et s'est levé
pour danser. » Et ailleurs : « Le peuple bien-aimé, après s'être engraissé,
se révolta; appesanti, rassasié, enivré, il a délaissé le Dieu son créateur. »
Moïse, dans le livre de la Genèse, ne nous a-t-il pas raconté que Dieu
permit à Noé, cet homme juste, de manger de toute espèce d'animaux,
excepté de la chair qui aurait encore son sang, c'est-à-dire suffoquée? 2
Tryphon se préparait à m'objecter ces paroles : Ainsi que des plantes. Je
le prévins: Et pourquoi, lui dis-je, ne pas prendre ces mots, ainsi que des
plantes, dans le sens que Dieu y attachait? C'est-à-dire que, de même
qu'il donnait à l'homme toutes les plantes pour en faire sa nourriture, de
même il lui donnait tous les animaux pour en manger. Mais, parce qu'il est
certaines herbes dont nous nous abstenons, vous croyez que c'est parce
que Dieu aurait prescrit à Noé de faire entre elles une distinction. 3 Ce
n'est nullement dans ce sens qu'il faut entendre ce passage. Comme il est
trop facile de montrer que toute plante est une herbe, et peut être
mangée, je n'insiste pas là-dessus. Mais, si nous ne mangeons pas
indistinctement de toutes sortes de plantes, sachez que ce n'est point
parce qu'il s'en trouve parmi elles d'impures, d'immondes, mais seulement
parce qu'elles sont amères ou pleines d'épines et dangereuses. Alors,
nous mangeons de préférence celles qui sont douces, saines, agréables,
soit qu'elles viennent dans l'eau ou sur la terre.
4 Mais quand Dieu vous a ordonné, par Moïse, de vous abstenir de
certains animaux impurs, cruels, rapaces, c'était dans un sens tout
différent. C'est parce que, tandis que Dieu faisait tomber sur vous la
manne dans le désert et multipliait sous vos yeux les miracles, vous aviez
élevé un veau d'or pour l'adorer ; aussi la voix de Dieu vous crie sans
cesse, et avec raison : « Vous êtes une race insensée, des enfants
infidèles. »
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