HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Julien l'Apostat, IIe Panégyrique de Constance

Chapitre 25

  Chapitre 25

[25] Θαρροῦντες οὖν ἤδη πλούσιον καλῶμεν τὸν ταύτην ἔχοντα, οἶμαι δὲ ἐγὼ καὶ εὐγενῆ καὶ βασιλέα μόνον τῶν ἁπάντων, εἴ τῳ ξυνδοκεῖ. Κρείττων μὲν εὐγένεια φαυλότητος γένους, κρείττων δὲ ἀρετὴ διαθέσεως οὐ πάντη σπουδαίας. Καὶ μή τις οἰέσθω τὸν λόγον δύσεριν καὶ βίαιον, εἰς τὴν συνήθειαν ἀφορῶν τῶν ὀνομάτων. Φασὶ γὰρ οἱ πολλοὶ τοὺς ἐκ πάλαι πλουσίων εὐγενεῖς· καίτοι πῶς οὐκ ἄτοπον μάγειρον μὲν σκυτέα καὶ ναὶ μὰ Δία κεραμέα τινὰ χρήματα ἐκ τῆς τέχνης καὶ ἄλλοθέν ποθεν ἀθροίσαντα μὴ δοκεῖν εὐγενῆ μηδὲ ὑπὸ τῶν πολλῶν ἐπονομάζεσθαι τοῦτο τὸ ὄνομα, εἰ δὲ τούτου παῖς διαδεξάμενος τὸν κλῆρον εἰς τοὺς ἐκγόνους διαπορθμεύσειε, τούτους δὲ ἤδη μέγα φρονεῖν καὶ τοῖς Πελοπίδαις τοῖς Ἡρακλείδαις ὑπὲρ τῆς εὐγενείας ἁμιλλᾶσθαι; Ἀλλ´ οὐδὲ ὅστις προγόνων ἀγαθῶν ἔφυ, αὐτὸς δὲ ἐπὶ τὴν ἐναντίαν τοῦ βίου ῥοπὴν κατηνέχθη, δικαίως ἂν μεταποιοῖτο τῆς πρὸς ἐκείνους ξυγγενείας, μηδὲ ἐς τοὺς Πελοπίδας ἐξῆν ἐγγράφεσθαι τοὺς μὴ φέροντας ἐπὶ τῶν ὤμων τοῦ γένους τὰ γνωρίσματα, λόγχη δὲ λέγεται περὶ τὴν Βοιωτίαν τοῖς Σπαρτοῖς ἐντυπωθῆναι παρὰ τῆς τεκούσης καὶ θρεψαμένης αὐτοὺς βώλου, καὶ τὸ ἐντεῦθεν ἐπὶ πολὺ διασωθῆναι τοῦτο τῷ γένει σύμβολον· ἐπὶ δὲ τῶν ψυχῶν οὐδὲν οἰόμεθα δεῖν ἐγκεχαράχθαι τοιοῦτον, τοὺς πατέρας ἡμῖν ἀκριβῶς κατερεῖ καὶ ἀπελέγξει τὸν τόκον γνήσιον; Ὑπάρχειν δέ φασι καὶ Κελτοῖς ποταμὸν ἀδέκαστον κριτὴν τῶν ἐγγόνων, καὶ οὐ πείθουσιν αὐτὸν οὔτε αἱ μητέρες ὀδυρόμεναι συγκαλύπτειν αὐτὰ καὶ ἀποκρύπτειν τὴν ἁμαρτάδα οὔτε οἱ πατέρες ὑπὲρ τῶν γαμετῶν καὶ τῶν ἐγγόνων ἐπὶ τῇ κρίσει δειμαίνοντες, ἀτρεκὴς δέ ἐστι καὶ ἀψευδὴς κριτής· ἡμᾶς δὲ δεκάζει μὲν πλοῦτος, δεκάζει δὲ ἰσχὺς καὶ ὥρα σώματος καὶ δυναστεία προγόνων ἔξωθεν ἐπισκιάζουσα, καὶ οὐκ ἐπιτρέπει διορᾶν οὐδὲ ἀποβλέπειν ἐς τὴν ψυχήν· ᾗπερ δὴ τῶν ἄλλων ζῴων διαφέροντες, εἰκότως ἂν κατ´ αὐτὸ τὴν ὑπὲρ τῆς εὐγενείας ποιοίμεθα κρίσιν. Καί μοι δοκοῦσιν εὐστοχίᾳ φύσεως οἱ πάλαι θαυμαστῇ χρώμενοι, καὶ οὐκ ἐπίκτητον ὥσπερ ἡμεῖς ἔχοντες τὸ φρονεῖν, οὔτι πλαστῶς, ἀλλ´ αὐτοφυῶς φιλοσοφοῦντες, τοῦτο κατανοῆσαι, καὶ τὸν Ἡρακλέα τοῦ Διὸς ἀνειπεῖν ἔγγονον καὶ τὼ τῆς Λήδας υἱέε, Μίνω τε οἶμαι τὸν νομοθέτην καὶ Ῥαδάμανθυν τὸν Κνώσιον τῆς αὐτῆς ἀξιῶσαι φήμης· καὶ ἄλλους δὲ ἄλλων ἐκγόνους ἀνεκήρυττον πολλοὺς διαφέροντας τῶν φύσει πατέρων. Ἔβλεπον γὰρ ἐς τὴν ψυχὴν αὐτὴν καὶ τὰς πράξεις, ἀλλ´ οὐκ ἐς πλοῦτον βαθὺν καὶ χρόνῳ πολιόν, οὐδὲ δυναστείαν ἐκ πάππων τινῶν καὶ ἐπιπάππων ἐς αὐτοὺς ἥκουσαν· καίτοι γε ὑπῆρχέ τισιν οὐ παντάπασιν ἀδόξων γενέσθαι πατέρων· ἀλλὰ διὰ τὴν ὑπερβολὴν ἧς ἐτίμων τε καὶ ἐθεράπευον ἀρετῆς αὐτῶν ἐνομίζοντο τῶν θεῶν παῖδες. Δῆλον δὲ ἐνθένδε· ἄλλων γὰρ οὐδὲ εἰδότες τοὺς φύσει γονέας ἐς τὸ δαιμόνιον ἀνῆπτον τὴν φήμην, τῇ περὶ αὐτοὺς ἀρετῇ χαριζόμενοι. Καὶ οὐ πειστέον τοῖς λέγουσιν ὡς ἄρα ἐκεῖνοι ὑπὸ ἀμαθίας ἐξαπατώμενοι ταῦτα τῶν θεῶν κατεψεύδοντο· εἰ γὰρ δὴ καὶ ἐπὶ τῶν ἄλλων εἰκὸς ἦν ἐξαπατηθῆναι θεῶν δαιμόνων, σχήματα περιτιθέντας ἀνθρώπινα καὶ μορφὰς τοιαύτας, ἀφανῆ μὲν αἰσθήσει καὶ ἀνέφικτον κεκτημένων αὐτῶν φύσιν, νῷ δὲ ἀκριβεῖ διὰ ξυγγένειαν μόλις προσπίπτουσαν· οὔτι γε καὶ ἐπὶ τῶν ἐμφανῶν θεῶν τοῦτο παθεῖν εὔλογον ἐκείνους, Ἡλίου μὲν ἐπιφημίζοντας Αἰήτην υἱέα, Ἑωσφόρου δὲ ἕτερον, καὶ ἄλλους ἄλλων. Ὅπερ δὲ ἔφην, χρὴ περὶ αὐτῶν πειθομένους ἡμᾶς ταύτην ποιεῖσθαι τὴν ὑπὲρ τῆς εὐγενείας ἐξέτασιν· καὶ ὅτῳ μὲν ἂν ὦσιν ἀγαθοὶ πατέρες καὶ αὐτὸς ἐκείνοις ἐμφερής, τοῦτον ὀνομάζειν θαρρούντως εὐγενῆ· ὅτῳ δὲ τὰ μὲν τῶν πατέρων ὑπῆρξεν ἀρετῆς ἐνδεᾶ, αὐτὸς δὲ μετεποιήθη τούτου τοῦ κτήματος, τούτου δὲ νομιστέον πατέρα τὸν Δία καὶ φυτουργόν, καὶ οὐδὲν μεῖον αὐτῷ δοτέον ἐκείνων, οἳ γεγονότες πατέρων ἀγαθῶν τοὺς σφῶν τοκέας ἐζήλωσαν· ὅστις δὲ ἐξ ἀγαθῶν γέγονε μοχθηρός, τοῦτον τοῖς νόθοις ἐγγράφειν ἄξιον· τοὺς δὲ ἐκ μοχθηρῶν φῦντας καὶ προσομοίους τοῖς αὑτῶν τοκεῦσιν οὔποτε εὐγενεῖς φατέον, οὐδὲ εἰ πλουτοῖεν ταλάντοις μυρίοις, οὐδὲ εἰ ἀπαριθμοῖντο προγόνους δυνάστας ναὶ μὰ Δία τυράννους εἴκοσιν, οὐδὲ εἰ νίκας Ὀλυμπιακὰς Πυθικὰς τῶν πολεμικῶν ἀγώνων, αἳ δὴ τῷ παντὶ ´κείνων εἰσὶ λαμπρότεραι, ἀνελομένους ἔχοιεν δείκνυσθαι πλείους Καῖσαρ πρῶτος, ὀρύγματά τε τὰ Ἀσσύρια καὶ τὰ Βαβυλωνίων τείχη πυραμίδας τε ἐπ´ αὐτοῖς τὰς Αἰγυπτίων, καὶ ὅσα ἄλλα πλούτου καὶ χρημάτων καὶ τρυφῆς γέγονε σημεῖα καὶ διανοίας ὑπὸ φιλοτιμίας ἀναφλεγμαινομένης ἐς τι τῷ πλούτῳ χρήσεται, εἶτα ἐς τοῦτο τὰς τῶν χρημάτων εὐπορίας καταβαλλομένης. Εὖ γὰρ δὴ ἴστε ὡς οὔτε πλοῦτος ἀρχαῖος νεωστί ποθεν ἐπιρρέων βασιλέα ποιεῖ οὔτε ἁλουργὲς ἱμάτιον οὔτε τιάρα καὶ σκῆπτρον καὶ διάδημα καὶ θρόνος ἀρχαῖος, ἀλλ´ οὐδὲ ὁπλῖται πολλοὶ καὶ [25] Ne craignons donc pas désormais d'appeler riche quiconque la possède : je dis même appelons-le, si vous le voulez bien, seul noble et seul roi entre tous les hommes. Car si la noblesse est préférable à une naissance obscure, la vertu est préférable à toute autre disposition de l'âme qui n'est point vertueuse. Et qu'on ne croie pas que je chicane sur les mots et que je force leur signification habituelle. Le vulgaire, en effet, appelle nobles les familles enrichies depuis longtemps. Mais il est absurde qu'un cuisinier, un cordonnier, ou, ma foi! même un potier, qui s'est acquis de la richesse par son industrie ou par toute autre voie, ne passe point pour noble aux yeux de la multitude, tandis que, si son fils, qui reçoit de lui son héritage, le transmet à ses descendants, ceux-ci seront fiers de leurs titres et rivaliseront de noblesse avec les Pélopides et les Héraclides. Au contraire, si un homme, issu de parents illustres, descend à un genre de vie opposé à son origine, il n'aura plus le droit de se glorifier de sa noblesse. Eh quoi! l'on refusait d'inscrire au rang des Pélopides ceux qui ne portaient pas sur leurs épaules la marque distinctive de cette familles, et l'on dit que, dans la Béotie, la lance gravée sur les Spartes, au sortir de la motte de terre qui les avait enfantés et nourris, resta pendant longtemps le signe caractéristique de cette race. Et nous croirions qu'il n'y a point dans nos âmes quelque signe pareil, qui nous fasse connaître nos parents et qui nous réponde de la légitimité de notre naissance ! On dit qu'il existe chez les Celtes un fleuve, juge infaillible de cette légitimité, et qu'il ne se laisse fléchir ni par les cris des mères, qui veulent dissimuler leur faute et cacher leur déshonneur, ni par les pères, qui attendent, en tremblant pour leurs femmes et leurs fils, un suffrage véritable et sincère. Chez nous on ne juge que d'après la richesse, on ne juge que d'après la beauté du corps, et la noblesse des aïeux est une ombre extérieure qui empêche de voir et de regarder l'âme. Cependant, comme c'est par elle que nous différons des autres animaux, il serait tout simple de ne juger que par elle de la noblesse. Voilà ce que me paraissent avoir merveilleusement compris, par une visée naturelle et non pas factice comme la nôtre, par une philosophie née du bon sens et non pas d'un vain artifice, les anciens qui disent Hercule fils de Jupiter, et qui regardèrent comme dignes de la même gloire les deux fils de Léda, le législateur Minos, le Crétois Rhadamanthe, et d'autres encore qu'ils ont célébrés pour s'être élevés au-dessus des hommes que la nature leur avait donnés pour pères. En effet, ils considéraient en eux l'âme, les actions, et non pas leurs immenses richesses, blanchies, en quelque sorte, par le temps, ni un pouvoir transmis par leurs aïeux ou par leurs bisaïeux. Plusieurs d'entre eux, il est vrai, étaient issus de parents illustres, mais ils durent à l'excellence de leur vertu d'être entourés d'honneurs et d'hommages et regardés comme fils des dieux. Ce qui rend le fait évident, c'est que, ne connaissant pas la parenté de quelques autres, ils leur assignèrent une origine céleste par égard pour leur vertu. Il ne faut donc pas croire ceux qui disent que les anciens, séduits par l'ignorance, ont inventé ces mensonges au sujet des dieux. Car en admettant qu'ils se soient trompés sur les autres dieux ou démons, en prêtant des figures et des formes humaines à des êtres dont la nature invisible échappe à nos sens et est à peine perceptible pour l'esprit à cause de leur origine commune, il ne s'ensuit pas qu'ils aient commis la même erreur à l'égard des dieux visibles, quand ils appellent Àétès fils du Soleil; un autre, fils de l'Étoile du matin, et ainsi du reste. Comme je l'ai dit, ils veulent nous amener à nous faire une idée juste de la noblesse, et à donner hardiment le nom de noble à quiconque, né de parents vertueux, se montre leur égal; à donner Jupiter pour créateur et pour père à tout homme riche de vertus que n'eut pas celui dont il tient le jour; à ne point le placer dans un rang inférieur à ceux qui, sortis de parents vertueux, ont marché sur leurs traces ; à classer parmi les bâtards celui qui, né de parents bons, est devenu pervers, et à ne jamais appeler nobles les fils d'un père dépravé et qui lui ressemblent, fût-il riche de dix mille talents, comptât-il parmi ses aïeux des princes, et même vingt dynasties princières, eût-il à étaler des victoires aux jeux olympiques et pythiques ou bien dans les combats guerriers, les plus brillantes de toutes, et cela en plus grand nombre que n'en remporta le premier des Césars, et puis les fossés de l'Assyrie, les murailles de Babylone, les pyramides d'Égypte et tant d'autres monuments de richesse, de somptuosité et de luxe qui ne prouvent que l'ardeur ambitieuse de jeter dans ces dépenses la fortune dont on dispose. Vous n'ignorez pas, en effet, que ce n'est ni la richesse ancienne ou nouvellement acquise qui fait un empereur, ni le manteau de pourpre, ni la tiare, ni le sceptre, ni le diadème, ni le trône héréditaire, ni de nombreux hoplites, ni des milliers de cavaliers, ni tous les peuples s'unissant pour le déclarer leur souverain, parce qu'ils ne peuvent lui donner la vertu, mais seulement une puissance supposée aussi heureuse pour celui qui la reçoit que pour ceux qui la confèrent. Et de fait, l'homme élevé à cette haute dignité est dans une situation pareille à la légende tragique de Phaéthon. Inutile d'ailleurs de citer d'autres exempies à l'appui de mes paroles : la vie est remplie de semblables catastrophes et de discours qu'elles ont produits.


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Dernière mise à jour : 24/03/2006