HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Julien l'Apostat, Consolation à Salluste

Chapitre 2

  Chapitre 2

[2] Ἐγώ τοι καὶ αὐτὸς πεῖραν ἐμαυτοῦ λαμβάνων ὅπως πρὸς τὴν σὴν πορείαν ἔχω τε καὶ ἕξω, τοσοῦτον μὲν ὠδυνήθην, ὅσον ὅτε πρῶτον τὸν ἐμαυτοῦ καθηγεμόνα κατέλιπον οἴκοι· πάντων γὰρ ἀθρόως εἰσῄει με μνήμη, τῆς τῶν πόνων κοινωνίας, ὧν ἀλλήλοις συνδιηνέγκαμεν, τῆς ἀπλάστου καὶ καθαρᾶς ἐντεύξεως, τῆς ἀδόλου καὶ δικαίας ὁμιλίας, τῆς ἐν ἅπασι τοῖς καλοῖς κοινοπραγίας, τῆς πρὸς τοὺς πονηροὺς ἰσορρόπου τε καὶ ἀμεταμελήτου προθυμίας τε καὶ ῥώμης, ὡς μετ´ ἀλλήλων ἔστημεν πολλάκις ἶσον θυμὸν ἔχοντες, ὁμότροποι καὶ ποθεινοὶ φίλοι. Πρὸς δὲ αὖ τούτοις εἰσῄει με μνήμη τοῦ "Οἰώθη δὲ Ὀδυσεύς". Εἰμὶ γὰρ ἐγὼ νῦν ἐκείνῳ παραπλήσιος, ἐπεὶ σὲ μὲν κατὰ τὸν Ἕκτορα θεὸς ἐξήγαγεν ἔξω βελῶν, ὧν οἱ συκοφάνται πολλάκις ἀφῆκαν ἐπὶ σέ, μᾶλλον δὲ εἰς ἐμέ, διὰ σοῦ τρῶσαι βουλόμενοι, ταύτῃ με μόνον ἁλώσιμον ὑπολαμβάνοντες, εἰ τοῦ πιστοῦ φίλου καὶ συνασπιστοῦ προθύμου καὶ πρὸς τοὺς κινδύνους ἀπροφασίστου κοινωνοῦ τῆς συνουσίας στερήσειαν. Οὐ μὴν ἔλαττον οἶμαί σε διὰ τοῦτο ἀλγεῖν ἐγὼ νῦν, ὅτι σοι τῶν πόνων καὶ τῶν κινδύνων ἔλαττον μέτεστιν, ἀλλὰ καὶ πλέον ὑπὲρ ἐμοῦ δεδιέναι καὶ τῆς ἐμῆς κεφαλῆς, μή τι πάθῃ. Καὶ γάρ τοι καὶ αὐτὸς οὐκ ἐν δευτέρῳ τῶν ἐμῶν ἐθέμην τὰ σά, καὶ σοῦ δὲ ὁμοίως ἔχοντος πρὸς ἡμᾶς ᾐσθόμην· ὅθεν εἰκότως καὶ μάλα δάκνομαι ὅτι σοι, τῶν ἄλλων ἕνεκα λέγειν δυναμένῳ "Οὐθὲν μέλει μοι, τἀμὰ γὰρ καλῶς ἔχει", μόνος εἰμὶ λύπης αἴτιος καὶ φροντίδος. Ἀλλὰ τούτου μὲν ἐξ ἴσης, ὡς ἔοικε, κοινωνοῦμεν, σὺ μὲν ὑπὲρ ἡμῶν ἀλγῶν μόνον, ἐγὼ δὲ ἀεὶ ποθῶν τὴν σὴν συνουσίαν καὶ τῆς φιλίας μεμνημένος, ἣν ἐκ τῆς ἀρετῆς μὲν μάλιστα καὶ προηγουμένως, ἔπειτα καὶ διὰ τὴν χρείαν, ἣν οὐκ ἐγὼ μὲν σοί, σὺ δὲ ἐμοὶ συνεχῶς παρέσχες, ἀνακραθέντες ἀλλήλοις ὡμολογήσαμεν, οὐχ ὅρκοις οὐδὲ τοιαύταις ἀνάγκαις ταῦτα πιστούμενοι, ὥσπερ Θησεὺς καὶ Πειρίθους, ἀλλ´ ἐξ ὧν ἀεὶ ταὐτὰ νοοῦντες καὶ προαιρούμενοι, κακὸν μὲν δοῦναι τῶν πολιτῶν τινι τοσοῦτον δέω λέγειν ἀπέσχομεν, ὥστε οὐδὲ ἐβουλευσάμεθά ποτε μετὰ ἀλλήλων, χρηστὸν δὲ εἴ τι γέγονεν βεβούλευται κοινῇ παρ´ ἡμῶν, τοῦτο ἄλλοις εἰπεῖν μελήσει. [2] Pour moi, quand je fais un retour sur moi-même afin de voir comment je prends et prendrai ton départ, je sens ma douleur égale à celle que j'éprouvai en laissant pour la première fois à la maison le guide de mon enfance. Mon souvenir, en effet, me retrace vivement et coup sur coup la communauté des peines que nous avons endurées ensemble, nos relations simples et pures, nos entretiens pleins de franchise et de loyauté, nos communs efforts dans la pratique du bien, notre répugnance invariable et notre courage inflexible à l'égard des méchants, goûts qui nous rapprochaient sans cesse, n'ayant qu'un cœur, les mêmes habitudes, inséparables amis. Et puis encore je me rappelle l'hémistiche : "Ulysse resta seul...." et je lui ressemble, depuis qu'un dieu t'a retiré, comme Hector, loin de la grêle de traits que les sycophantes ont lancés sur toi, ou plutôt sur moi, qu'ils voulaient percer en te blessant; persuadés que c'était mon côté vulnérable, quand ils m'auraient privé d'un ami fidèle, d'un défenseur dévoué, toujours prêt à partager mes dangers, sans calculer les siens. Je ne crois pas en effet que ta douleur soit moins vive que la mienne, de ce que tu auras une moindre part dans mes travaux et dans mes périls; mais je pense que tu crains davantage pour moi, et que tu redoutes les maux qui peuvent fondre sur ma tête. Car, comme je n'ai jamais mis mes intérêts avant les tiens, ainsi je suis certain que tu agis à mon égard. D'où vient que je sens une morsure cruelle de ce que, quand tu pourrais dire pour tout le reste : "Je n'ai point de soucis, car tout va bien pour moi", seul je suis la cause de ta douleur et de ton inquiétude. Cependant, crois-le bien, nous en souffrons également tous les deux, toi parce que mon infortune te touche; moi, parce que je regrette ta présence et que je ne puis oublier notre amitié, fondée d'abord sur la vertu, et que nous nous sommes ensuite jurée l'un à l'autre, grâce aux bons offices que je ne dirai point t'avoir rendus, mais que j'ai constamment reçus de toi. Ni serments, ni liens de la nécessité ne nous ont contrariés comme Thésée et Pirithoüs; mais voulant ensemble les mêmes choses, nous avons été si loin de méditer le moindre mal contre tel ou tel citoyen, que jamais nous n'en avons délibéré ensemble, tandis que, s'il s'agissait de faire le bien ou d'aviser aux moyens de le faire, nous nous empressions d'y songer en commun.


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Dernière mise à jour : 9/05/2007