[80] Τί τὸ εὔσχημον καὶ εὐπρόσεδρον.
Πάντα γὰρ ἐκείνοις ἦν περιττά, οὐ ταῦτα μόνον τὰ
ὄντως ὄντα περιττά, τρυφὴ καὶ πλοῦτος καὶ δυναστεία καὶ
δόξα καὶ ὁ λοιπὸς τῶν ὀνείρων τούτων ὁρμαθός, ἀλλὰ καὶ τὰ
δοκοῦντα εἶναι ἀναγκαῖα, οἰκίαι καὶ πόλεις καὶ τέχναι. Τοῦτό
ἐστιν τὸ »Εὔσχημον καὶ εὐπρόσεδρον« εἶναι, τοῦτο παρθενίας
ἀρετή. Θαυμαστὸν μὲν γὰρ καὶ πολλῶν στεφάνων ἄξιον
καὶ τὸ τῆς τῶν ἐπιθυμιῶν περιγενέσθαι λύττης καὶ μαινομένην
κατέχειν τὴν φύσιν, ἀλλὰ τότε ὄντως γίνεται θαυμαστὸν
ὅταν ὁ τοιοῦτος βίος προσῇ, αὐτὸ δὲ καθ´ ἑαυτὸ ἀσθενὲς καὶ
οὐχ ἱκανὸν σῶσαι τοὺς ἔχοντας. Καὶ μαρτυρήσειαν ἂν ἡμῖν
ὅσαι παρθενίαν μὲν ἀσκοῦσι καὶ νῦν, τοσοῦτον δὲ ἀποδέουσιν
Ἡλίου καὶ Ἑλισσαίου καὶ Ἰωάννου ὅσον ἡ γῆ τοῦ οὐρανοῦ.
Ὥσπερ γὰρ τὸ εὔσχημον καὶ εὐπρόσεδρον ἂν περιέλῃς,
αὐτὰ τὰ νεῦρα τῆς παρθενίας ἐξέκοψας, οὕτως ὅταν αὐτὴν
μετὰ πολιτείας ἔχῃς ἀρίστης, τὴν ῥίζαν καὶ τὴν ὑπόθεσιν
ἔχεις τῶν καλῶν. Καθάπερ γὰρ ῥίζαν γῆ λιπαρὰ καὶ γόνιμος,
οὕτως οἶδεν ἀρίστη πολιτεία τρέφειν τοὺς τῆς παρθενίας
καρπούς, μᾶλλον δὲ καὶ ῥίζα καὶ καρπὸς παρθενίας ὁ ἐσταυρωμένος
βίος ἐστίν. Αὕτη τοὺς γενναίους ἐκείνους πρὸς τὸν
θαυμαστὸν ἤλειψε δρόμον, πάντα μὲν αὐτῶν τὰ δεσμὰ περικόψασα,
ποσὶ δὲ εὐλύτοις καὶ κούφοις καθάπερ πτηνοὺς
ἀφεῖσα πέτεσθαι πρὸς τὸν οὐρανόν. Ὅπου γὰρ οὔτε γυναικὸς
θεραπεία οὔτε παίδων ἐπιμέλεια, πολλὴ τῆς ἀκτημοσύνης ἡ
εὐκολία, ἀκτημοσύνη δὲ ἐγγὺς εἶναι ποιεῖ τῶν οὐρανῶν, οὐ
φόβων μόνον οὐδὲ φροντίδων οὐδὲ κινδύνων ἀλλὰ καὶ τῆς
ἄλλης δυσκολίας ἡμᾶς ἀπαλλάττουσα.
| [80] Ces héros de la sainte virginité dédaignaient ces biens réellement superflus, le
plaisir et les richesses, la gloire et tous les rêves d'un bonheur terrestre; et ils méprisaient
même ces autres biens que nous estimons indispensables, les habitations, les villes et les
divers produits des arts. C'est ce que l'Apôtre entend par cette sainteté et cette ardeur
soutenue, qui sont l'apanage exclusif, de la virginité. S'il est beau et s'il est glorieux de
maîtriser les désirs des sens, et de comprimer l'effervescence des passions, il est vraiment
admirable de persévérer dans une vie de ce genre. Sans cela, la vertu demeure stérile, et ne
peut opérer le salut. Nous le voyons tous les jours dans le nombre infini de ceux qui ne sont
véritablement vierges que de nom, tant ils se rapprochent peu d'Elie, d'Elisée et de Jean-Baptiste; ils en sont plus éloignés que la terre ne l'est du ciel. Reconnaissons donc que toute
virginité qui ne s'appuie pas sur une sainteté soutenue, et une ardeur constante, s'affaiblit
bientôt et dégénère; mais avouons aussi qu'avec l'aide de ces deux vertus, elle devient le
germe et la source de tous les biens. L'arbre grandit et se développe, quand les racines
plongent dans un sol vigoureux et fertile; et de même la virginité, plantée pour ainsi dire dans
une vie vertueuse, produit des fruits admirables de sainteté. C'est à une vie pénitente et
crucifiée qu'elle demande sa force et son accroissement ; et c'est cette vie elle-même qui
imprima à ces saints prophètes un si généreux essor. Elle dégagea leurs pieds de toute entrave,
et leur donna des ailes pour s'envoler aux cieux. Combien la pauvreté devient facile et légère
quand on n'a ni une épouse à soigner, ni des enfants à élever; et combien cette même pauvreté
nous rapproche du ciel, en nous délivrant de toute crainte, de tout péril et de toute
inquiétude !
|