[4] Ὅτι καὶ Ἑλλήνων ἀθλιώτεροι κατὰ τὴν παρθενίαν οἱ αἱρετικοί.
Ὦ καὶ Ἑλλήνων ὑμεῖς ἀθλιώτεροι. Ἕλληνας μὲν γὰρ
εἰ καὶ τὰ τῆς γεέννης ἐκδέχεται δεινά, ἀλλ´ ὅμως τὸ γοῦν
ἐνταῦθα καρποῦνται ἡδὺ γάμοις ὁμιλοῦντες καὶ χρημάτων
ἀπολαύοντες καὶ τῆς ἄλλης ἀνέσεως τῆς βιωτικῆς. Ὑμῖν δὲ
τὸ βασανίζεσθαι καὶ ταλαιπωρεῖσθαι ἑκατέρωθεν, ἐνταῦθα
μὲν ἑκοῦσιν, ἐκεῖ δὲ μὴ βουλομένοις. Καὶ Ἕλλησι μὲν ὑπὲρ
νηστείας καὶ παρθενίας οὔτε μισθὸν δώσει τις οὔτε κόλασις
ἀποκείσεται· ὑμεῖς δὲ ὑπὲρ ὧν μυρίους προσεδοκήσατε
ἐπαίνους, ὑπὲρ τούτων τὴν ἐσχάτην δώσετε δικήν, καὶ μετὰ
τῶν ἄλλων ἀκούσεσθε· »Ἀπέλθετε ἀπ´ ἐμοῦ εἰς τὸ πῦρ τὸ
ἡτοιμασμένον τῷ διαβόλῳ καὶ τοῖς ἀγγέλοις αὐτοῦ« ὅτι
ἐνηστεύσατε, ὅτι ἐπαρθενεύσατε. Ἡ γὰρ νηστεία καὶ ἡ
παρθενία οὔτε καλὸν καθ´ ἑαυτὸ οὔτε κακόν, ἀλλ´ ἀπὸ τῆς
τῶν μετιόντων προαιρέσεως ἑκάτερον γίνεται. Καὶ Ἕλλησι
μὲν ἄκαρπος ἡ τοιαύτη ἀρετή· ἀπέχουσι γὰρ αὑτῶν τὸν
μισθὸν ὅτι μὴ διὰ τὸν τοῦ Θεοῦ φόβον μετῆλθον αὐτήν.
Ὑμεῖς δὲ ὅτι τῷ Θεῷ μαχόμενοι καὶ διαβάλλοντες αὐτοῦ τὰ
κτίσματα οὐ μόνον οὐκ ἀπέχετε τὸν μισθὸν ὑμῶν ἀλλὰ
καὶ κολασθήσεσθε. Καὶ δογμάτων μὲν ἕνεκεν μετ´ ἐκείνων
τετάξεσθε ὅτι ὁμοίως αὐτοῖς τὸν ὄντα Θεὸν ἀθετήσαντες
πολυθεΐαν εἰσηγάγετε. Τῆς δὲ πολιτείας ἕνεκεν ἄμεινον ὑμῶν
ἐκεῖνοι πράξουσιν. Τοῖς μὲν γὰρ ἡ ζημία μέχρι τοῦ μηδὲν
λαβεῖν ἀγαθόν, ὑμῖν δὲ καὶ τοῦ κακὰ προσλαβεῖν. Καὶ τοῖς
μὲν κατὰ τὸν παρόντα βίον ἀπολαῦσαι πάντων ὑπῆρξεν,
ὑμεῖς δὲ ἀμφοτέρων στερήσεσθε. Ἆρά τίς ἐστι ταύτης
κόλασις χαλεπωτέρα πόνων καὶ ἱδρώτων τιμωρίας ἀπολαμβάνειν
τὰς ἀμοιβάς; Ὁ μοιχὸς καὶ πλεονέκτης καὶ ὁ τοῖς
ἀλλοτρίοις ἐντρυφῶν καὶ τὰ τοῦ πλησίον ἁρπάζων ἔχουσί
τινα παραμυθίαν, βραχεῖαν μέν, ἔχουσι δὲ ὅμως τὸ ὑπὲρ
τούτων κολάζεσθαι ὑπὲρ ὧν ἐνταῦθα ἀπέλαυσαν. Ὁ δὲ πενίαν
μὲν ἑκούσιον ὑποστὰς ἵνα ἐκεῖ πλουτῇ, καὶ τοὺς τῆς παρθενίας
πόνους ἵνα ἐκεῖ μετ´ ἀγγέλων χορεύῃ, εἶτα ἐξαίφνης καὶ παρὰ
πᾶσαν προσδοκίαν ὑπὲρ τούτων κολαζόμενος ὑπὲρ ὧν μυρίων
ἤλπισεν ἀπολαύσεσθαι καλῶν, οὐδὲ ἔστιν εἰπεῖν ὅσην ὑφίσταται
τὴν ἀλγηδόνα τῷ παρ´ ἐλπίδας ταῦτα παθεῖν. Ἐγὼ γὰρ
ἐξ ἴσης τοῦ πυρὸς ὑπὸ τοῦ συνείδοτος οἶμαι μαστίζεσθαι
αὐτόν, ὅταν ἐννοήσῃ τοὺς μὲν τὰ αὐτὰ αὐτῷ πεπονηκότας τῷ
Χριστῷ συνόντας, αὐτὸν δὲ ὑπὲρ ὧν ἐκεῖνοι τῶν ἀπορρήτων
ἀπολαύουσιν ἀγαθῶν, ὑπὲρ τούτων τὴν ἐσχάτην τίνοντα δίκην
καὶ τῶν ἀκολάστων καὶ λάγνων τὸν ἐν σεμνότητι διάγοντα
χαλεπώτερα πάσχοντα.
| [4] Votre malheur surpasse même celui des païens, ô infortunées victimes de l'erreur !
Car, s'il n'est pas donné aux païens d'éviter les supplices éternels, du moins ils goûtent sur la
terre les plaisirs de la chair, les douceurs du mariage, le rassasiement des sens et l'ivresse de
l'opulence ; vous, au contraire, vous n'avez pendant la vie que des peines volontaires, et vous
ne rencontrerez au delà du tombeau que des maux involontaires. Le jeûne et la virginité ne
seront pour le païen ni un titre à la récompense céleste, ni un sujet de condamnation; mais, à
votre égard, ces deux vertus, dont vous attendiez une gloire immortelle, deviendront la cause
d'une éternelle réprobation, et Jésus-Christ vous dira : Retirez-vous de moi, et avec vos
prétendus mérites allez au feu de l'enfer, qui a été préparé pour le démon et ses anges.
(Matth. XXV, 41) Et en effet le jeûne et la virginité sont en eux-mêmes des actes indifférents,
et l'intention seule leur donne un caractère moral. C'est ainsi qu'ils sont stériles et infructueux
dans les païens, parce qu'ils ne les pratiquent point en vue de Dieu; mais vous, hérétiques, qui
ne pratiquez ces oeuvres que pour vous révolter contre Dieu et pour blasphémer ses créatures,
non seulement vous ne serez point récompensés de vos sacrifices, mais vous en serez punis
comme d'un crime. Sous le rapport du dogme, vous serez enveloppés dans la même
condamnation que les païens, puisque vous avez comme eux renié le vrai Dieu, pour inventer
des divinités mensongères. Sous le rapport de la morale, ils seront plus heureux que vous. On
ne prononcera contre eux que l'exclusion du ciel, tandis que des tourments affreux s'ajouteront
pour vous à cette même exclusion. Du moins ils auront pu, durant la vie, goûter quelques
plaisirs, et vous, vous perdez les jouissances du temps et de l'éternité. Mais est-il un sort plus
malheureux que celui de l'homme qui ne recueille pour prix de ses travaux et de ses fatigues
que d'éternels supplices ?
Au jour du jugement, l'adultère, l'adroit ravisseur du bien d'autrui, et l'opulent usurier
trouveront une certaine consolation, quelque faible qu'elle soit, dans la pensée qu'ils ne sont
punis que pour des crimes dont ils ont joui mais quelle ne sera pas la douleur de celui qui sur
la terre aura embrassé la pauvreté volontaire pour s'acquérir les richesses du ciel, et qui n'aura
point reculé devant les sacrifices de la chasteté pour s'assurer une place parmi les anges,
lorsqu'il verra ces brillantes espérances s’évanouir pour faire place à la triste réalité des peines
de l'enfer. Je n'hésite même pas à penser qu'en cette âme le remords et le désespoir seront plus
cuisants que les feux éternels, quand elle contemplera autour du divin Epoux les émules de
ses travaux et de ses combats. Hélas! ces mêmes vertus qui leur vaudront alors un
bonheur ineffable, ne lui attireront que d'affreux supplices. Qu'il sera dû d'être puni plus
sévèrement pour ses austérités que d'autres ne le seront pour leur débauche et leur libertinage.
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