[3,9] θʹ. Καὶ τί δεῖ φιλοσοφίας. φησὶ, καὶ πολιτείας ἀκριβοῦς
τοῖς ἡμετέροις παισί; Τοῦτο γάρ ἐστι, τοῦτο ὅπερ πάντα
ἀπολώλεκεν, ὅτι πρᾶγμα οὕτως ἀναγκαῖον, καὶ τὴν
ἡμετέραν συνέχον ζωὴν, περιττὸν εἶναι καὶ πάρεργον
δοκεῖ. Καὶ περὶ σῶμα μὲν κάμνοντα τὸν υἱόν τις ἰδὼν
οὐκ ἂν εἴποι· Τί δὲ αὐτῷ καθαρᾶς ὑγιείας δεῖ καὶ
ἀκριβοῦς; ἀλλὰ πάντα ἂν πραγματεύσαιτο ὑπὲρ τοῦ
τοσαύτην ἐγγενέσθαι τὴν εὐεξίαν, ὡς μηκέτι τὴν νόσον
ἐπανελθεῖν· τῆς δὲ ψυχῆς ἀῤῥωστούσης, οὐδὲν δεῖν αὐτοῖς
θεραπείας φασὶ, καὶ τολμῶσι μετὰ τὰ ῥήματα ταῦτα πατέρας
καλεῖν ἑαυτούς. Τί οὖν; φιλοσοφήσομεν πάντες,
φησὶ, καὶ τὰ τοῦ βίου οἰχήσεται; Οὐ τὸ φιλοσοφεῖν, ὦ
βέλτιστε, ἀλλὰ τὸ μὴ τοῦτο ποιεῖν πάντα ἀπώλεσε καὶ
διέφθειρε. Τίνες γὰρ, εἰπέ μοι, τῇ παρούσῃ καταστάσει
λυμαίνονται, οἱ μετρίως ζῶντες καὶ ἐπιεικῶς, ἢ οἱ
καινοὺς καὶ παρανόμους ἐπινοοῦντες τροφῆς τρόπους;
οἱ τὰ πάντων περιβαλέσθαι σπουδάζοντες, ἢ οἱ τοῖς οὖσιν
ἀρκούμενοι; οἱ φάλαγγας οἰκετῶν ἔχοντες, καὶ σμήνη
κολάκων περιάγοντες, ἢ οἱ μόνον οἰκέτην ἕνα ἀποχρῇν
αὐτοῖς νομίζοντες (οὔπω γὰρ τὴν ἄκραν τίθημι φιλοσοφίαν,
ἀλλὰ τὴν πολλοῖς ἐφικτήν); οἱ φιλάνθρωποι καὶ
ἥμεροι καὶ μὴ δεόμενοι τῆς παρὰ τῶν πολλῶν τιμῆς,
ἢ οἱ παντὸς ὀφλήματος μᾶλλον ταύτην παρὰ τῶν ὁμοφύλων ἀπαιτοῦντες, καὶ μυρίας ἐργαζόμενοι συμφορὰς,
ἐπειδὴ μὴ ὑπανέστη, μηδὲ προσεῖπεν ὁ δεῖνα πρότερος,
μηδὲ ὑπέκυψε, μηδὲ τὰ τῶν ἀνδραπόδων ἐπεδείξατο;
οἱ μελετῶντες ἄρχεσθαι, ἢ οἱ δυναστειῶν ἐρῶντες καὶ
ἀρχῶν, καὶ πάντα ὑπὲρ τούτου καὶ ποιῆσαι καὶ παθεῖν
ἀνεχόμενοι; οἱ πάντων βελτίους εἶναι λέγοντες, καὶ διὰ
τοῦτο πάντα καὶ λέγειν καὶ πράττειν ἑαυτοῖς ἐξεῖναι
νομίζοντες, ἢ οἱ μετὰ τῶν ἐσχάτων ἀριθμοῦντες ἑαυτοὺς,
καὶ ταύτῃ τὴν ἄλογον ἐξουσίαν τῶν παθῶν κολάζοντες;
οἱ τὰς λαμπρὰς οἰκοδομούμενοι οἰκίας, καὶ τὰς
πολυτελεῖς παρατιθέμενοι τραπέζας, ἢ οἱ μηδὲν πλέον
(p. 364) καὶ τροφῆς καὶ οἰκήσεως τῆς ἀναγκαίας ζητοῦντες; οἱ
μυρία πλέθρα ἀποτεμνόμενοι γῆς, ἢ οἱ μηδὲ βῶλον μίαν
ἀναγκαίαν αὐτοῖς πρὸς κτῆσιν εἶναι νομίζοντες; οἱ τόκους
ἐπὶ τόκους συλλέγοντες, καὶ πάσης ἐμπορίας κινοῦντες
ὁδὸν ἄδικον, ἢ οἱ τὰς ἀδίκους ταύτας διασπῶντες συγγραφὰς,
καὶ ἐκ τῶν ἐνόντων τοῖς δεομένοις ἐπικουροῦντες; οἱ τὸ εὐτελὲς
τῆς ἀνθρωπίνης ἐπεσκεμμένοι φύσεως, ἢ οἱ μηδὲ
τοῦτο αὐτὸ εἰδέναι θέλοντες, ἀλλ´
ὑπὸ τῆς ἄγαν ἀλαζονείας καὶ τὸ ἀνθρώπους αὐτοὺς
νομίζειν ἀπολωλεκότες; οἱ πόρνας τρέφοντες, καὶ τοῖς
ἀλλοτρίοις λυμαινόμενοι γάμοις, ἢ οἱ καὶ τῆς ἑαυτῶν
ἀπεχόμενοι γυναικός; Οὐχ οἱ μὲν, ὥσπερ οἰδήματα σώματι
καὶ πνεύματα ἄγρια θαλάττῃ, τῇ πολιτείᾳ τῆς
οἰκουμένης ἐπιφύονται, καὶ τοὺς καθ´ ἑαυτοὺς σώζεσθαι
δυναμένους χειμάζοντες διὰ τὴν ἀκρασίαν τὴν αὐτῶν·
οἱ δὲ ὥσπερ ἐν σκότῳ βαθεῖ λαμπτῆρες φαιδροὶ τοὺς
ἐν μέσῳ ναυαγοῦντας πρὸς τὴν οἰκείαν καλοῦσιν ἀσφάλειαν,
καὶ τὰς τῆς φιλοσοφίας λαμπάδας ἀφ´ ὑψηλοῦ
πόῤῥωθεν ἅψαντες, οὕτω τοὺς βουλομένους ἐπὶ τὸν τῆς
ἀπραγμοσύνης χειραγωγοῦσι λιμένα; Οὐ δι´ ἐκείνους
στάσεις καὶ πόλεμοι καὶ μάχαι, καὶ πόλεων κατασκαφαὶ,
καὶ ἀνδραποδισμοὶ, καὶ δουλεῖαι, καὶ αἰχμαλωσίαι, καὶ φόνοι,
καὶ τὰ μυρία ἐν τῷ βίῳ κακά; οὐ τὰ παρὰ ἀνθρώπων
ἀνθρώποις ἐπαγόμενα μόνον, ἀλλὰ καὶ
τὰ ἐκ τοῦ οὐρανοῦ πάντα, οἷον αὐχμοὶ, καὶ ἐπομβρίοι,
καὶ σεισμοὶ, καὶ καταπτώσεις, καὶ πόλεων καταποντισμοὶ,
καὶ λιμοὶ, καὶ λοιμοὶ, καὶ τὰ ἄλλα πάντα, ὅσα
ἡμῖν ἐκεῖθεν ἐπάγεται;
| [3,9] Mais quel besoin, direz-vous, ont nos enfants de cette sagesse, de cette vie parfaite que
vous vantez tant? — Voilà précisément la cause de tous nos maux, elle se révèle dans cette
objection qui considère comme oiseuse et superflue la chose, la seule nécessaire, celle qui
résume toute notre vie. Quel père, voyant son fils malade de corps, demanderait s’il a besoin
d’une bonne santé? Il n’y en a pas un au contraire qui ne fût prêt à tout pour le guérir à jamais.
Et quand l’âme est malade, on prétend que l’âme n’a pas besoin de guérison, et après de tels
propos, on se dit père! — On insiste et l’on dit : Faut-il que tout le monde se fasse moine, et
déserte la vie ordinaire? Que deviendrait la société si l’on vous écoutait? —Ah! mon cher
ami, ce n’est pas l’observation des préceptes et des conseils de Jésus-Christ qui met la société
en péril.
Quels sont ceux qui troublent le monde et renversent l’ordre? Sont-ce les hommes qui
vivent sagement et régulièrement; ou bien ceux qui imaginent des moyens nouveaux et inouïs
de flatter leur gourmandise et leur sensualité ? Sont-ce les hommes qui ont à coeur de protéger
les intérêts de tous, ou bien ceux qui se contentent de faire leurs propres affaires? ceux qui ont
des troupes d’esclaves, qui traînent après eux des essaims de flatteurs, ou bien ceux qui
croient pouvoir se contenter d’un seul serviteur? je ne parle pas ici de la plus haute perfection;
je me borne à celle qui est à la portée de tous. Sont-ce les hommes charitables et doux, peu
soucieux des applaudissements populaires, ou ceux qui exigent les hommages de leurs frères
plus rigoureusement qu’une dette, et qui exerceront toute sorte de vengeances sur quiconque
ne se sera pas levé en leur présence ne les aura pas salués le premier, ne se sera pas incliné
devant eux et ne leur aura pas rendu tous les devoirs des esclaves? ceux qui aiment à obéir, ou
bien ceux qui désirent des places et des charges, et qui, pour cela, ne reculent devant aucun
travail ni aucune peine? ceux qui se croient meilleurs que tous les autres, et qui pour cette
raison se croient toute parole et toute action permise, ou bien ceux qui se comptent parmi les
derniers et répriment par ce moyen les tyranniques exigences des passions? ceux qui se
bâtissent de somptueuses demeures, se font servir des tables splendides, ou bien ceux qui ne
désirent rien au delà de la nourriture et du logement nécessaires ? ceux qui cultivent mille
arpents, ou ceux qui ne croient pas même nécessaire de posséder une motte de terre? ceux qui
amassent intérêts sur intérêts, qui prennent pour arriver à la richesse les voies les plus injustes,
ou bien ceux qui prennent sur leur bien pour soulager l’indigence? ceux qui confessent la
pauvreté de la nature humaine et leur propre faiblesse, ou bien ceux qui ne veulent pas même
la reconnaître, et qui dans leur excessive présomption finissent par ne plus se croire des
hommes? ceux qui entretiennent des concubines et souillent la couche d’autrui, ou bien ceux
qui gardent la continence même avec leurs épouses?
De ces deux classes d’hommes, les uns sont les fléaux de la société; je les compare
aux tumeurs qui gâtent la beauté du corps, aux vents furieux qui agitent la mer et causent des
naufrages. Les autres, au contraire, comme des phares qui brillent dans la nuit, appellent de
tous côtés dans les abris sûrs et tranquilles les malheureux navigateurs ballotés par les vagues,
et à deux doigts de leur perte. Allumant sur les hauteurs les flambeaux de la sagesse, ils
amènent comme par la main les hommes de bonne volonté dans le port du salut et de la paix.
N’est-ce pas par les premiers qu’arrivent les révolutions, les guerres et les combats, le sac des
villes, les chaînes, l’esclavage, les captivités, les meurtres et les mille maux de cette vie? Ne
sont-ils pas les auteurs non seulement des maux que les hommes causent aux hommes, mais
de tous ceux qui fondent du ciel sur l’humanité, les sécheresses, les inondations, les
tremblements de terre, la ruine et l’engloutissement des villes, les famines, les pestes, tout ce
que le ciel enfin déchaîne contre nous de fléaux.
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