[3,2] βʹ. Καὶ γὰρ τῶν δοκούντων εἶναι μικρῶν νῦν, τότε φοβερὰς
ὑφέξομεν τὰς εὐθύνας· οὕτως ὁ κριτὴς μετὰ τῆς αὐτῆς
ἀκριβείας τήν τε ἡμετέραν καὶ τὴν τῶν πλησίον ἡμᾶς
ἀπαιτεῖ σωτηρίαν. Διὰ τοῦτο ὁ Παῦλος πανταχοῦ παραινεῖ
μὴ τὸ ἑαυτοῦ ζητεῖν, ἀλλὰ τὸ τοῦ πλησίον ἕκαστον· διὰ
τοῦτο καὶ Κορινθίοις σφόδρα ἐπιτιμᾷ, ὅτι μὴ προενόησαν,
μηδὲ ἐπεμελήσαντο τοῦ πεπορνευκότος ἀλλ´ ὑπερεῖδον
αὐτοῦ τὸ τραῦμα ἐπιτριβόμενον, καὶ Γαλάταις δὲ ἐπιστέλλων
ἔλεγεν· Ἀδελφοὶ, ἐὰν καὶ προληφθῇ ἄνθρωπος
ἔν τινι παραπτώματι, ὑμεῖς οἱ πνευματικοὶ καταρτίζετε τὸν
τοιοῦτον. Καὶ Θεσσαλονικεῦσι δὲ πρὸ τούτων
τὰ αὐτὰ ταῦτα παραινεῖ λέγων· Ὥστε παρακαλεῖτε
εἰς τὸν ἕνα, καθὼς καὶ ποιεῖτε· καὶ πάλιν· Νουθετεῖτε
τοὺς ἀτάκτους, παραμυθεῖσθε τοὺς ὀλιγοψύχους,
ἀντέχεσθε τῶν ἀσθενῶν. Ἵνα γὰρ μή τις λέγῃ· Τί μοι
καὶ τῆς τῶν ἄλλων προνοίας; ὁ ἀπολλύμενος ἀπολλύσθω,
καὶ ὁ σωζόμενος σωζέσθω· οὐδὲν τούτων πρὸς ἐμὲ, τὰ
ἐμαυτοῦ σκοπεῖν ἐπιτέταγμαι· ἵνα μή τις ταῦτα λέγῃ,
τὴν θηριώδη ταύτην καὶ ἀπάνθρωπον ἔννοιαν ἀναιρῶν,
ἐπετείχισεν αὐτῇ τούτους τοὺς νόμους, πολλὰ τῶν οἰκείων
κελεύων παρορᾷν, ὥστε τὰ τῶν πλησίον ἱστᾷν, καὶ
βίου ταύτην ἀκρίβειαν πανταχοῦ εἶναι διορίζεται. Καὶ
Ῥωμαίοις δὲ γράφων, πολλὴν τοῦ μέρους τούτου κελεύει
ποιεῖσθαι πρόνοιαν, τοὺς ἰσχυροὺς τοῖς ἀσθενέσιν ὥσπερ
πατέρας ἐφιστὰς, καὶ μεριμνᾷν ἀναπείθων τὴν σωτηρίαν
αὐτῶν. Ἀλλ´ ἐνταῦθα μὲν ἐν παραινέσεως τάξει καὶ
συμβουλῆς ταῦτά φησιν· ἑτέρωθι δὲ καὶ μετὰ πολλῆς τῆς
σφοδρότητος τὰς τῶν ἀκουόντων κατασείει ψυχάς· τοὺς
γὰρ ἀμελοῦντας τῆς τῶν ἀδελφῶν σωτηρίας, εἰς αὐτὸν
ἁμαρτάνειν φησὶ τὸν Χριστὸν, καὶ τοῦ Θεοῦ κατασκάπτειν
τὴν οἰκοδομήν. Καὶ ταῦτα οὐ παρ´ ἑαυτοῦ, ἀλλὰ
παρὰ τοῦ διδασκάλου μαθὼν ἔλεγε. Καὶ γὰρ ὁ τοῦ Θεοῦ
(p. 351) Μονογενὴς διδάξαι βουλόμενος, ὡς ἀναγκαῖον
τοῦτό ἐστι τὸ ὄφλημα. καὶ τοὺς μὴ βουλομένους αὐτὸ καταθεῖναι
μεγάλα ἐκδέξεται κακὰ, ἔλεγεν· Ὃς ἐὰν σκανδαλίσῃ
ἕνα τῶν μικρῶν τούτων, συμφέρει αὐτῷ ἵνα κρεμασθῇ
μύλος ὀνικὸς περὶ τὸν τράχηλον αὐτοῦ, καὶ καταποντισθῇ
ἐν τῷ πελάγει τῆς θαλάσσης. Καὶ ὁ τὸ
τάλαντον δὲ προσενεγκὼν, οὐχ ὅτι τῶν οἰκείων τι παρεῖδεν,
ἀλλ´ ὅτι τῆς τῶν πλησίον σωτηρίας ἠμέλησεν, ἐκείνῃ
τῇ τιμωρίᾳ κολάζεται. Ὥστε κἂν ἅπαντα ἡμῖν καλῶς
ᾖ διηκριβωμένα τὰ κατὰ τὸν ἡμέτερον βίον, οὐδὲν ὄφελος
ἡμῖν, ταύτης τῆς ἁμαρτίας ἱκανῆς οὔσης ἡμᾶς εἰς τὸ τῆς
γεέννης καταποντίσαι πέλαγος. Εἰ γὰρ τοὺς ἐν τοῖς σωματικοῖς
μὴ βουληθέντας βοηθεῖν τῷ πλησίον οὐδεὶς ἐξαιρήσεται λόγος,
ἀλλὰ κἂν παρθενίαν ἠσκηκότες ὦσιν,
ἔξω που ῥιφήσονται τοῦ νυμφῶνος· ὁ τὸ πολλῷ μεῖζον
ἐκλελοιπὼς (πολλῷ γὰρ μεῖζον ἡ τῆς ψυχῆς προστασία)
πῶς οὐκ εἰκότως ἅπαντα πείσεται τὰ δεινά; Τὸν γὰρ
ἄνθρωπον οὐχ ἑαυτῷ μόνον αὐταρκεῖν κατεσκεύασεν ὁ
Θεὸς, ἀλλὰ καὶ ἑτέροις πολλοῖς. Διὰ τοῦτο καὶ φωστῆρας
ὁ Παῦλος καλεῖ τοὺς πιστοὺς, ἐνδεικνύμενος ὅτι καὶ ἑτέροις
χρησίμους εἶναι δεῖ αὐτούς· ὁ γὰρ φωστὴρ, ἕως
ἂν ἑαυτὸν φωτίζῃ μόνον, οὐκ ἂν εἴη φωστήρ. Διὰ τοῦτο,
καὶ Ἑλλήνων εἶναι χείρους φησὶ τοὺς τῶν πλησίον ἀμελοῦντας,
οὑτωσὶ λέγων· Εἰ δέ τις τῶν ἰδίων, καὶ μάλιστα τῶν οἰκείων
οὐ προνοεῖ, τὴν πίστιν ἤρνηται, καὶ ἔστιν ἀπίστου χείρων.
Τί γὰρ βούλει τὴν πρόνοιαν
ἐνταῦθα δηλοῦσθαι; ἆρα τὴν τῶν ἀναγκαίων χορηγίαν;
Ἐγὼ μὲν γὰρ αὐτὸν οἶμαι τὴν τῆς ψυχῆς ἐπιμέλειαν
λέγειν. Εἰ δὲ φιλονεικοίης, καὶ οὕτω τὸ ἐμὸν στήσεται
μᾶλλον. Εἰ γὰρ περὶ σώματος ταῦτά φησι, καὶ τὸν μὴ
παρέχοντα τὴν ἐφήμερον ταύτην τροφὴν τοσαύτῃ κολάσει
παρέδωκε, καὶ τῶν Ἑλλήνων ἔφησεν εἶναι χείρω, ποῦ
κείσεται ὁ τὸ μεῖζον καὶ ἀναγκαιότερον παρορῶν;
| [3,2] En effet nous rendrons un compte de choses qui maintenant nous paraissent petites;
tant le juge mettra de rigueur, une rigueur égale, à nous demander raison et de notre salut et
de celui du prochain! Aussi saint Paul nous recommande-t-il partout de ne pas rechercher
notre bien, mais celui du prochain. (I Cor. X, 24) Aussi réprimande-t-il fortement les
Corinthiens de ce qu’ils n’ont montré ni prévoyance ni soin à l’égard du fornicateur, et ont
négligé sa blessure encore saignante. Et, écrivant aux Galates, il disait : Mes frères , si
quelqu’un est tombé par surprise en quelque péché, vous autres, qui êtes animés de l’esprit de
Dieu, relevez-le. (Gal. VI, 1) Et auparavant il donnait aux Thessaloniciens les mêmes
conseils, disant: Exhortez-vous les uns les autres, comme vous faites. Et encore : Redressez
ceux qui sont dans le désordre, consolez les pusillanimes et soutenez les faibles. (I Thess. V,
11 et 14.) Pour que personne ne dise : Qu’ai-je affaire de songer aux autres? que celui qui se
perd consomme sa ruine, et que celui qui se sauve soit sauvé; cela ne me regarde pas; je n’ai
reçu ordre que de m’occuper de mes affaires; pour que personne ne dise cela et pour
supprimer cette pensée sauvage et inhumaine, l’Apôtre dresse autour de nous comme une
barrière inviolable le précepte de mépriser en plusieurs circonstances nos propres intérêts
pour soigner ceux du prochain; et il prescrit de garder partout cette règle sévère de conduite.
Dans son Epître aux Romains, il leur ordonne de regarder cette prévoyance comme une
grande partie de leur devoir, recommandant aux forts de servir de pères aux faibles, et les
exhortant à veiller à leur salut. (Rom. XV, 1) Ici il leur donne ces avis sous forme
d’exhortations et de conseils; ailleurs au contraire, il ébranle avec toute la vigueur possible les
esprits des auditeurs; il dit que ceux qui négligent le salut de leurs frères pèchent contre
Jésus-Christ lui-même, et sapent l’édifice de Dieu. (I Cor. VIII, 12) Et il ne dit pas cela de
lui-même, mais pour l’avoir appris du Maître. En effet, le Fils unique de Dieu, voulant montrer
que c’est là une obligation indispensable et que les plus grands maux sont réservés à ceux qui
s’y soustraient, avait dit: Si quelqu’un scandalisait un de ces petits, il vaudrait mieux pour lui
qu’on lui suspendit au cou la meule de l’âne et qu’on le précipitât ainsi dans la mer. (Math.,
XVIII, 6) Celui qui rapporte son talent n’est pas puni pour avoir négligé son propre salut,
mais pour n’avoir pas travaillé à celui du prochain. Notre vie, à nous, aurait beau être
irréprochable, cela ne nous exempterait pas sûrement de l’enfer où nous pouvons être jetés
pour notre négligence vis-à-vis du prochain. Si aucune raison ne peut justifier ceux qui
n’auront pas voulu secourir corporellement leur prochain, et s’ils sont éloignés de la chambre
nuptiale, quand même ils auraient pratiqué la virginité; celui qui aura omis un point bien plus
important (car le soin de l’âme est de beaucoup préférable à celui du corps), comment ne
serait-il pas justement condamné aux plus terribles châtiments? Dieu n’a point créé l’homme
pour qu’il borne ses soins à lui-même, il veut qu’il les étende à tous ses frères.
Aussi saint Paul appelle-t-il les fidèles des flambeaux, montrant par là qu’ils doivent
servir aux autres. (Philipp. II, 15) Car le flambeau, s’il n’éclairait que soi, ne serait plus un
flambeau. C’est pourquoi il dit que ceux qui négligent leur prochain sont pires que des païens
: Si quelqu’un, dit-il, ne prend pas soin de ceux qui le touchent, principalement de ceux de sa
maison, il a renié la foi et il est pire qu’un infidèle. (I Tim. V, 8) Quel sens voulez-vous
donner ici à ce mot de soin? S’agit-il de fournir au prochain ce qui est nécessaire pour
soutenir sa vie corporelle? Pour moi, je crois que l’Apôtre veut parler du soin de l’âme; et si
vous me contestez ce point, mon raisonnement n’en sera que plus fort. Si saint Paul entend
cette parole du corps, et s’il voue à un tel châtiment celui qui n’aura pas fourni le pain de
chaque jour, s’il le déclare pire qu’un païen, quelle peine ne subira pas celui qui néglige un
soin plus grand et plus important?
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