[3] γʹ. Εἰ δὲ καὶ τῆς νυκτὸς τὸν χρόνον ἐξετάζειν βουληθείημεν,
τὸν μοναχὸν μὲν ὀψόμεθα τῇ τοῦ Θεοῦ λατρείᾳ
καὶ ταῖς εὐχαῖς κοσμούμενον, πολὺ πρότερον ᾄδοντα τῶν
ὀρνίθων, ἀγγέλοις συμβιοτεύοντα, Θεῷ συλλαλοῦντα, τῶν
οὐρανίων ἀγαθῶν ἀπολαύοντα· τὸν δὲ πολλοῖς ἔθνεσιν
ἐφεστηκότα καὶ δήμοις καὶ στρατοπέδοις, καὶ πολλῆς μὲν
γῆς, πολλῆς δὲ ἄρχοντα θαλάττης, ἐπὶ τῆς κλίνης ἀνατεταμένον
καὶ ῥέγχοντα. Καὶ ἐκεῖνος μὲν γὰρ τοσούτοις
τρέφεται σιτίοις, ὅσα οὐκ ἂν ἀπαιτήσειε τὸν μοναχὸν
ὕπνον βαθύν· τὸν δὲ ἡ τρυφὴ κατακοιμίζει καὶ ὁ πότος
μέχρις ἡμέρας αὐτῆς ἐν τῇ κλίνῃ κατέχων. Ἔστι τοίνυν
τῷ μὲν μοναχῷ καὶ ἀμπεχόνη καὶ τράπεζα μετρία, καὶ σύσσιτοι
τῆς αὐτῆς ἀρετῆς ἀθληταί· τὸν βασιλέα δὲ λίθοις τε
(p. 390) ἀνάγκη καὶ χρυσῷ καλλωπίζεσθαι, τράπεζάν τε παρατίθεσθαι
λαμπρὰν, καὶ χρῆσθαι συσσίτοις, εἰ μὲν ἄφρων
εἴη, τῆς ἑαυτοῦ κακίας ἀξίοις, εἰ δὲ νοῦν ἔχοι καὶ σωφρονοίη,
χρηστοῖς ἴσως καὶ δικαίοις, πολὺ δὲ λειπομένοις
τῆς ἐκείνων ἀρετῆς. Οὕτω κἂν φιλοσοφῇ βασιλεὺς, οὐδὲ
κατὰ μικρὸν ἐγγὺς ἐλθεῖν τῆς τοῦ μονάζοντος καλοκαγαθίας δυνήσεται.
Καὶ γὰρ ἐν ὁδοιπορίαις βαρύς ἐστι τοῖς
ὑπηκόοις, καὶ πόλιν οἰκῶν, καὶ εἰρήνης ἀπολαύων, καὶ
πολέμων ἁπτόμενος, φόρους τε εἰσπραττόμενος,
καὶ στρατεύματα συγκροτῶν, καὶ αἰχμαλώτους ἄγων,
καὶ νικῶν, καὶ ἡττώμενος· ἡττώμενος μὲν γὰρ τῶν οἰκείων κακῶν
ἀναπίμπλησι τοὺς ἀρχομένους, νικῶν δὲ
ἀφόρητος γίνεται, καλλωπιζόμενός τε τοῖς τροπαίοις,
καὶ μέγα φρονῶν, καὶ τοῖς στρατιώταις παρέχων ἄδειαν
ἁρπάζειν, συλᾷν, τοὺς ὁδοιπόρους ἀδικεῖν, τὰς πόλεις ἐν
τῇ καθέδρᾳ πολιορκεῖν, τὰς τῶν πενήτων πορθεῖν οἰκίας,
τοὺς ὑποδεξαμένους εἰσπράττεσθαι καθ´ ἑκάστην ἡμέραν
ἃ μηδεὶς ἐπιτρέπει νόμος, ἐπὶ προφάσει τινὸς ἔθους ἀρχαίου
παρανόμου τε καὶ ἀδίκου. Καὶ τὸν μὲν πλούσιον
ἔβλαψεν οὐδὲν ὁ βασιλεὺς τοῖς τοιούτοις κακοῖς, τὴν πενίαν
δὲ ἐκάκωσεν, ὥσπερ ὡς ἀληθῶς αἰσχυνόμενος τοὺς
εὐπόρους. Οὐ μὴν ὅ γε μοναχὸς οὕτως, ἀλλ´ ἅμα τε ὤφθη,
καὶ πλουσίων καὶ πενήτων χάριν τινὰ κομίζων ἦλθε καὶ
τούτοις κἀκείνοις ὁμοίως, ἱματίῳ μὲν ἑνὶ δι´ ἔτους χρώμενος,
ὕδωρ δὲ πίνων ἥδιον, ἢ θαυμαστὸν οἶνον ἕτεροι·
ὑπὲρ ἑαυτοῦ μὲν οὐδεμίαν, οὔτε μικρὰν, οὔτε μείζω χάριν
παρὰ τῶν πλουσίων αἰτῶν, ὑπὲρ δὲ τῶν ἐν ἐνδείᾳ
πολλάς τε καὶ συνεχεῖς, ἀμφοτέροις λυσιτελούσας, τοῖς
τε παρέχουσι, καὶ τοῖς κομίζεσθαι μέλλουσιν. Οὕτω κοινός ἐστιν
ἰατρὸς καὶ πλουσίων καὶ πενήτων ὁμοίως, τοὺς
μὲν ἁμαρτημάτων ἐλευθερῶν διὰ τῆς ἀγαθῆς νουθεσίας,
τοῖς δὲ λύων τὴν ἔνδειαν.
Βασιλεὺς δὲ τάς τε εἰσφορὰς κουφοτέρας εἶναι κελεύων,
τοὺς πλουσίους μᾶλλον, ἢ τὴν πενίαν ὠφέλησε· καὶ τὰ ἐναντία
ποιῶν, τοὺς μικρὰ κεκτημένους ἔβλαψε. Τὸν μὲν γὰρ πλούσιον ὀλίγα
ἂν βλάψειεν ἡ χαλεπότης τῶν εἰσφορῶν, τὰς δὲ τῶν πενήτων
οἰκίας ὥσπερ χειμάῤῥους παρασύρει, οἰμωγῆς πιμπλῶσα
τὰς κώμας, καὶ οὔτε γῆρας ἐλεεινὸν τοῖς εἰσπραττομένοις
τοὺς φόρους, οὔτε χηρεία γυναικῶν, οὐκ ὀρφανία παίδων,
ἀλλὰ κωμάζουσι πάντα τὸν χρόνον, κοινοί τινες
πολέμιοι τῆς χώρας, ἅπερ οὐκ ἐξήνεγκεν ἡ γῆ, ταῦτα
τοὺς γεωργοὺς εἰσπραττόμενοι.
| [3] Pour le temps de la nuit, le moine le sanctifie encore par le service de Dieu et par la
prière; plus matinale que le chant des oiseaux, son hymne s'élève vers le Créateur : il converse
avec les anges, s'entretient avec Dieu, il se nourrit du pain céleste. Que fait, pendant ce temps,
celui dont la volonté gouverne tant de peuples, fait marcher des armées si nombreuses, et dont
l'empire s'étend si loin sur la terre et sur les mers ? Il est étendu sur une couche somptueuse et
molle ; il dort. Le léger souper du moine n'a pas besoin, pour être digéré, de ce profond
sommeil. La bonne chère et le vin plongent le roi dans cet assoupissement qui dure
jusqu'au milieu du jour. Les vêtements du solitaire sont simples, sa table est frugale, il a pour
convives ses rivaux en vertu. Un roi se croit obligé d'étaler sur ses habits beaucoup d'or et de
pierres précieuses, et d'avoir une table splendidement servie; les gens qu'il y admet sont du
même caractère que lui: sans moeurs, si lui-même est immoral; honorables par leur justice et
leur probité, si lui-même est un homme de bien, en tout cas bien inférieurs en vertu à ceux que
le solitaire admet à la sienne. Ainsi le roi, même le plus sage, restera toujours fort au-dessous
de la vertu d'un saint anachorète.
Un roi est à charge à ses sujets, soit qu'il voyage, soit qu'il reste dans sa capitale, en
temps de paix comme en temps de guerre, en exigeant l'impôt aussi bien qu'en levant des
troupes, en emmenant des prisonniers, enfin dans ses victoires non moins que dans ses
défaites. Vaincu, son désastre pèse tout entier sur son peuple; vainqueur, il devient
insupportable par son ostentation à étaler ses trophées, par un orgueil démesuré, par la licence
qu'il donne à ses soldats de voler, de ravir, d'insulter les voyageurs, de rançonner les villes, de
mettre au pillage les maisons des pauvres, de vexer les habitants qui les logent par des
exactions que toutes les lois condamnent, tout cela sous prétexte de quelque ancien usage
étrange et injuste. Tous ces maux, le roi les épargne soigneusement aux riches, il n'opprime
que les pauvres, il n'a d'égards que pour les riches. Il n'en est pas ainsi du solitaire : sa
présence est un bienfait pour les riches et pour les pauvres; aussi secourable aux uns qu'aux
autres, il a toujours quelques dons à répandre autour de lui, il se contente d'un vêtement
grossier qu'il porte toute l'année, il boit de l'eau avec plus de plaisir que d'autres le vin le plus
exquis. Il ne demande pour lui-même à l'opulence aucune faveur ni grande ni petite, mais il ne
cesse de réclamer pour les indigents des secours aussi profitables à ceux qui les accordent qu'à
ceux qui les reçoivent. Médecin de toutes les misères humaines, il guérit les riches de leurs
péchés par sa parole salutaire, il soulage les pauvres dans leurs besoins par les aumônes qu'il
verse dans leur sein.
Le monarque ne tient jamais la balance égale entre le riche et le pauvre;
s'il ordonne une réduction de l'impôt, le riche en profite plus que le pauvre; s'il décrète une
augmentation, les riches se ressentent à peine de ce surcroît de charges, tandis que les pauvres
en sont écrasés. C'est un torrent dévastateur qui renverse les maisons pauvres, d'autant plus
que ni la vieillesse, ni le veuvage des femmes, ni le délaissement des enfants orphelins, rien
enfin ne peut attendrir les collecteurs d'impôts, hommes durs comme la pierre, dont les
vexations ne connaissent pas de bornes, ennemis publics qui exigent des laboureurs ce que la
terre ne leur a pas donné.
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